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Quel fracas fait un poète qui ferme les yeux
Voici son monde intérieur qui explose
A la face d’un monde qui l’ignorait jusqu’ici
.
La dépouille poétique encore fumante
Il n’est pas assez de discours pour l’embaumer de leur miel
.
C’est à se demander quel sens donner au silence qui précédait
*
Nous avons si peu à donner
Que ces mots tissés au secret d’une vie
.
Si peu à attendre des yeux qui se déposent
Larguent leur fard emporté par les larmes
.
Sereine la plume qui crisse sur la page jaunie
Tranquille l’âme qui boit à cette source
*
Les paupières battent dans l’aveuglement solaire
Tu clignes des yeux ne sachant le sens des ombres
Ce que tu sens va mieux que ce qui s’éclaire
Dans un soupir tu tournes les talons
Vogue vers d’autres rives où t’attendent d’autres dieux
.
Toujours tu plonges ta plume
A l’encrier de l’absence
.
Elle prend la couleur de cette pause
Qui te laisse endormi
Auprès des sources invisibles
*
De tes lèvres tu prononces l’indicible
Convoque entre deux vers
L’imprévisible et l’éphémère
.
Tu es ce frémissement à peine perceptible
Ce temps suspendu à la parole envolée
.
D’étoiles tu berces chaque aurore
N’attends rien en retour d’un monde sourd
.
Tu sais qu’il n’est d’autre récompense
Que celle d’exister en ouvrant les yeux sur de nouvelles heures
.
Ta parole franchit les mers
Rebondit aux rocs que harcèlent les vagues
.
Ta parole gronde en avalanche neigeuses
En nuées déchirées au bistouri des cimes
.
Elle retombe en lente volutes écarlates
Au crépuscule d’un jour lentement dégusté
.
Ta parole est un cri
Lancé au hasard des contrées
Vague chant qui s’élève des gouffres amers
Où tant hurlent et gémissent
*
Mots de tendresse
Mots nus dans la candeur d’un ciel
Vous êtes la houle
Où bercer nos rêves multicolores
.
Manosque, 8 février 2011
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