Le système de soins Français est dans un état catastrophique. J’en parlais pas plus tard qu’hier avec un toubib et la semaine dernière avec le patron d’un laboratoire.
Catastrophique ? Non pas qu’on soit mal soignés… mais il est sur une très mauvaise pente.
Dans la plupart des campagnes, il est impossible de voir un docteur sans prendre rendez-vous, souvent, une semaine à l’avance. Vous vous réveillez, le matin avec un petit mal de gorge et une légère fièvre. Il y a dix ans, vous passiez en coup de vente chez votre généraliste qui vous confirmait un début d’angine et vous donnait les médicaments vous permettant d’être sur pieds en deux jours. Maintenant, il faut prendre rendez-vous pour la semaine suivante…
Je ne parle pas des spécialistes : souvent il faut trois mois pour avoir un rendez-vous. Essayez donc de voir un ophtalmo à Pâques sans avoir pris rendez-vous à Noël !
Quant aux hôpitaux, la situation est ubuesque. A moins d’être mourant, vous n’avez plus aucune chance d’être soigné. Je connais trois exemples qui me laissent penser que la situation est la même en Centre Bretagne et dans les hôpitaux huppés de la Région Parisienne. Prenez mon pote, le Vieux Jacques. Il est soigné à l’hôpital Saint-Louis – excusez du peu – pour une maladie grave de la peau. Pendant les fêtes, il a fait une espèce d’œdème pulmonaire. Le voilà admis en urgence à la Pitié-Salpêtrière. Il ne se refuse rien ! De là, il s’est retrouvé transféré dans une clinique privée de Bagnolet. Un autre exemple ! Mon copain Michel avait été opéré d’un truc à l’œsophage au Mans. En vacances avant les fêtes au Kremlin-Bicêtre, il a une durit qui pète. Le voilà aux urgences au CHU de Bicêtre. Il a été abandonné 12 heures dans les couloirs… et quand il est enfin tombé sur un toubib a priori compétent, il lui a expliqué que c’est le premier hôpital qui avait fait une bévue.
J’arrête les exemples ! Tout le monde connaît la situation.
Les gouvernements successifs essaient de nous mettre tout ça sur le dos en sortant de plus en plus de réformes, des non remboursements, des augmentations de forfaits hospitaliers, des franchises médicales, … On essaie de nous faire croire que ça coûte trop cher… On est pourtant pas idiots. On sait bien que la santé coûte de plus en plus cher du fait d’une part, du vieillissement de la population et d’autre part des progrès technologiques. Néanmoins, la seule politique menée par la droite est de casser de plus en plus le système… sans penser à récupérer le pognon où il est.
Le but ? Heu… Je ne sais pas ! Probablement torpiller la sécu pour la privatiser puis privatiser l’hôpital. Je ne vois pas autre chose. Une démarche de démolition systématique.
Alors qu’à la base, le gros du problème, outre le vieillissement de la population, repose sur des erreurs de gestion qui deviennent de plus en plus caractéristiques depuis le fameux carnet de santé d’Alain Juppé.
Nos braves technocrates ont essayé de faire de la carte Vitale un instrument de lutte contre la fraude puis de suivi des dossiers médicaux… alors qu’il s’agit à la base uniquement d’un outil d’identification électronique des patients pour permettre l’automation des traitements des dossiers par la sécurité sociale. On continue à dépenser des millions pour mettre un maximum de trucs dans la puce, ce qui ne sert à rien, … tout en renforçant la concurrence entre les hôpitaux qui ne sont plus là pour soigner les gens mais pour facturer des actes à la Sécurité Sociale.
Vous tombez malade. Vous rentrez à l’hôpital. Le nombre de nuits que vous y passerez ne dépend pas de ce que vous avez mais du nombre de nuits intéressant à facturer tout en libérant la chambre au cas où un autre malade serait plus rentable du fait des examens spécifiques qui pourraient être facturés.
Oui. Je parle bien de l’hôpital public.
Un des volets les plus emblématiques de cette gestion de la sécurité sociale est la mise en œuvre des « médecins traitants ». A cause des 5% de la population qui abuse peut-être, vous devez absolument facturer une consultation chez un généraliste avant de voir votre proctologue préféré… Du coup, les généralistes sont débordés et vous n’arrivez plus à soigner une grippe !
On nous a dit que l’espérance de vie était une des plus importantes en France. Oui ! Mais c’était pour ceux qui ont vieilli avant les réformes de ces dernières années…