L’efficacité des traitements est évaluée par le médecin après 3 à 6 mois. S’il y a lieu, les traitements sont alors modifiés. Pour le moment, les bénéfices des traitements sont modestes et les médicaments n’empêchent pas la maladie d’évoluer30.
Médicaments
Les médicaments suivants sont délivrés sur ordonnance. On ne peut savoir a priori lequel conviendra le mieux au patient. Il faut parfois quelques mois pour trouver le traitement approprié. Selon les études, après 1 an de médication, 40 % des gens voient leur état s’améliorer, 40 % ont un état stable et 20 % ne ressentent pas d’effet.
Inhibiteurs de la cholinestérase
On les utilise principalement pour traiter les symptômes légers ou modérés. Cette famille de médicaments aide à augmenter la concentration en acétylcholine dans certaines régions du cerveau (en diminuant sa destruction). L’acétylcholine permet la transmission de l’influx nerveux entre les neurones. On a remarqué que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont de plus faibles quantités d’acétylcholine dans le cerveau, car la destruction de leurs cellules nerveuses réduit la production de ce neurotransmetteur.
Sur le marché canadien, il existe actuellement 3 inhibiteurs de la cholinestérase (l’enzyme qui détruit l’acétylcholine) :
- Le donépézil ou E2020 (Aricept®). Il est pris sous forme de comprimés. Il atténue les symptômes légers, modérés et avancés de la maladie.
- La rivastigmine (Exelon®). Depuis février 2008, celle-ci est aussi proposée sous forme de timbre cutané : le médicament est absorbé lentement par l’organisme durant 24 heures. La rivastigmine convient aux patients qui ont des symptômes légers ou modérés.
- Le bromhydrate de galantamine (Reminyl®). Il est vendu sous forme de comprimé pris 1 fois par jour dans le cas de symptômes légers ou modérés.
Ces médicaments perdent leur efficacité avec le temps, étant donné que les neurones produisent tout de même de moins en moins d’acétylcholine. Par ailleurs, ils peuvent entraîner des effets indésirables, comme des nausées et des vomissements, une perte d’appétit et des maux de ventre. Dans ce cas, il est important de revoir son médecin, qui ajustera la dose au besoin.
Aux États-Unis et en France, la tacrine (Cognex®) est utilisée comme inhibiteur de la cholinestérase. Cependant, elle peut occasionner des effets secondaires graves et n’est pas approuvée au Canada.
Antagoniste du récepteur NMDA
Depuis 2004, le chlorhydrate de mémantine (Ebixa®) est donné pour soulager les symptômes modérés ou graves de la maladie. Cette molécule agit en se fixant sur les récepteurs NMDA (N-méthyl-D-aspartate) situés sur les neurones du cerveau. Elle prend ainsi la place du glutamate qui, lorsqu’il est présent en grande quantité dans l’environnement des neurones, contribue à la maladie. Rien n’indique, cependant, que ce médicament ralentisse la dégénérescence des neurones.
Recherches en cours
Des efforts importants sont investis dans la recherche de nouveaux médicaments. Les principaux objectifs sont les suivants.
- Détruire les plaques de protéines bêta-amyloïdes, grâce à l’injection d’anticorps capables de les supprimer. Ces plaques sont, en effet, l’une des lésions cérébrales les plus importantes de la maladie. Un tel anticorps a été développé (le nom de la molécule est bapineuzumab) et est en cours d’évaluation clinique auprès de personnes atteintes de la maladie. Cette approche est nommée « vaccin thérapeutique ». Une autre solution testée serait d’activer certaines cellules du cerveau (microglies) pour qu’elles éliminent les plaques en question.
- Remplacer les neurones. La communauté scientifique fonde beaucoup d’espoir sur le remplacement, à l’aide d’une transplantation, des neurones détruits par la maladie. De nos jours, les chercheurs parviennent à créer des cellules qui ressemblent à des neurones à partir de cellules souches obtenues de la peau humaine. Cependant, la méthode n’est pas tout à fait au point. Elle ne permet pas encore de créer des neurones qui possèdent l’ensemble des propriétés des neurones « naturels ».
Exercice physique
Les médecins encouragent vivement les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer à faire de l’exercice. Il améliore la force, l’endurance, la santé cardiovasculaire, le sommeil, la circulation sanguine et l’humeur, et accroît le dynamisme et le degré d’énergie. De plus, l’exercice physique a des effets particulièrement bénéfiques pour les personnes atteintes de cette maladie :
- il aide à conserver les capacités motrices;
- il donne une impression de sens et de but;
- il exerce un effet calmant;
- il maintient le niveau d’énergie, de souplesse et d’équilibre;
- il réduit les risques de blessures sérieuses en cas de chute.
Les personnes qui prennent soin des malades peuvent faire d’une pierre deux coups en s’exerçant en même temps que leurs patients17.
Soutien social
Considéré comme une composante du traitement, le soutien social apporté aux malades est crucial. Les médecins conseillent diverses stratégies à la famille et aux aidants des patients.
- Faire des visites régulières aux patients pour leur offrir du soutien, selon leurs besoins.
- Leur fournir des aide-mémoires.
- Créer une structure de vie stable et calme dans la maison.
- Établir un rituel du coucher.
- S’assurer que leur environnement immédiat présente peu de danger.
- Veiller à ce qu’ils aient toujours dans leur poche une carte (ou un bracelet) avec une indication sur leur état de santé, ainsi que des numéros de téléphone au cas où ils s’égareraient.
Les associations offrent aussi du soutien sous diverses formes. Voir la section Sites d’intérêt.
Pour bien communiquer
Il est difficile d'entrer en communication avec une personne souffrant de la maladie d'Alzheimer. Voici quelques conseils76.
À faire
1. Approchez la personne de face, en la regardant dans les yeux. Présentez-vous si cela s'avère nécessaire.
2. Parlez lentement et calmement, avec une attitude sympathique.
3. Utilisez des termes simples et courts.
4. Manifestez une attitude d'écoute attentionnée.
5. Essayez de ne pas interrompre; évitez de critiquer ou d'argumenter.
6. Ne posez qu'une question à la fois et accordez assez de temps pour la réponse.
7. Formulez vos suggestions de façon positive. Au lieu de dire « N'allons pas là », par exemple, dites plutôt « Allons dans le jardin ».
8. Quand vous parlez d'une tierce personne, reprenez constamment son nom au lieu de recourir à « il » ou à « elle ».
9. Si la personne a de la difficulté à faire un choix, offrez-lui une suggestion.
10. Manifestez de l'empathie, de la patience et de la compréhension. Touchez la personne, ou serrez-la dans vos bras, si vous croyez que cela peut aider.
À ne pas faire
1. Ne parlez pas de la personne comme si elle n'était pas là.
2. Si cela peut être évité, ne la corrigez pas et ne cherchez pas à la confronter.
3. Ne la traitez pas comme un enfant.
En prévention
Plusieurs études menées sur l’animal ont montré qu’une diète enrichie en acides gras oméga-3 protégeait contre la neurodégénérescence82. Plus précisément, l’acide docosahexaénoïque, qui est un constituant majeur des neurones, semble avoir un effet protecteur. Chez l’homme, il est difficile de mettre en place des essais cliniques de longue durée pour évaluer l’effet préventif des oméga-3. Plusieurs essais sont en cours sur plus de 10 000 patients pour rassembler davantage de données84. Pour en savoir plus, consulter notre fiche Huiles de poisson.
En traitement
Dosage
Consulter la fiche Ginkgo biloba.
Une étude clinique à double insu avec placebo a été menée sur 103 sujets. Après 8 semaines, les chercheurs ont observé une amélioration significative de la mémoire, des facultés cognitives et du comportement des sujets qui utilisaient l’huperzine A par rapport à ceux qui avaient reçu un placebo36. D’autres essais vont dans le même sens39,40. Cependant, des études aléatoires de plus grande ampleur sont requises pour confirmer l’efficacité de l’huperzine A, comme le suggèrent les auteurs d’une revue parue en 200986.
Dosage
Au cours des études, dont la durée variait de 8 semaines à 12 semaines, les sujets prenaient quotidiennement 400 µg d’huperzine A, divisés en 2 doses égales.
Une autre étude clinique aléatoire avec placebo a permis de constater, après 4 semaines de TENS, une amélioration significative de la fonction cognitive et de la mémoire à court terme de patients souffrant de la maladie d’Alzheimer52. Toutefois, après 6 mois, il n’y avait plus aucune différence entre les 2 groupes. De plus, aucune étude récente n’a été effectuée pour réévaluer cette technique.
Autres approches à l’étude
Lavande (huile essentielle). La lavande a des propriétés calmantes qui pourraient contribuer à calmer l’agressivité ou l’agitation de certaines personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer67-70. Des recherches sont en cours.
Curcuma. Des études in vivo et in vitro et indiquent que certains composés du curcuma, dont la curcumine, pourraient contrer la maladie d’Alzheimer63-65. Des études cliniques sont en cours66.
Carnitine. En raison de l’action d’une supplémentation en carnitine (acétyl-L-carnitine) sur le fonctionnement du système nerveux central, les chercheurs se sont penchés sur son effet en cas de maladie d’Alzheimer. Pour l’instant, les données ne sont pas convaincantes61,62. Plusieurs des études réalisées jusqu’à présent ont été financées par une compagnie commercialisant un supplément de carnitine (ALCAR®).
Petite pervenche (Vinca minor). La vinpocétine, extraite de la petite pervenche, est traditionnellement réputée pour avoir des effets bénéfiques sur le cerveau53. En 2003, une méta-analyse regroupant 3 études et plus de 500 patients a toutefois révélé que les données scientifiques étaient insuffisantes pour conclure à un quelconque effet protecteur sur le cerveau54.