Paris Match. Pouvez-vous définir ce qu’on appelle communément une migraine?
Pr Dominique Valade. Il s’agit d’une maladie d’origine génétique, induite par les chromosomes 19, 1 et 2. Elle touche en France 8 millions de personnes. Pour pouvoir poser le juste diagnostic, il faut s’assurer que le patient a souffert au moins cinq fois d’une crise allant de quatre à soixante-douze heures. Une caractéristique : le mal de tête commence d’un seul côté de la tête puis s’étend à l’ensemble du crâne. Dans la majorité des cas, la migraine s’accompagne de nausées ou de vomissements ainsi que d’une gêne à la lumière et au bruit.
Existe-t-il plusieurs types de migraine ?
Il y en a deux principaux. 1. Les migraines “sans aura”, les plus fréquentes (80 % des migraineux), s’installent rapidement et sans symptôme précurseur. 2. Les migraines “avec aura” sont précédées de signes neurologiques tels des troubles visuels (avec points lumineux), de la parole... La moitié des migraineux ont plus d’une crise par mois, ce qui est très handicapant pour leur vie professionnelle, familiale et sociale.
Quels sont les traitements couramment administrés?
Il y en a deux catégories. 1. Les médicaments à prendre en cas de crise. 2. Un traitement de fond. Certaines molécules de la famille des triptans sont efficaces à condition d’être prises précocement, dès le début de la migraine, lorsque la céphalée est encore d’intensité légère. Des anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent également être administrés. Les traitements de fond, eux, constituent une approche préventive : ils sont destinés à diminuer le nombre, l’intensité et la durée des crises (selon le patient : des bêtabloquants, des antidépresseurs, des antisérotonine, des antiépileptiques...).
Comment agissent ces médicaments ?
En cas de crise, le traitement soulage en moins de deux heures 20 à 30 % des patients, ce qui peut paraître long quand on souffre. Chez les autres, le médicament prend plus de temps. Comme la migraine survient brutalement, les malades n’ont pas toujours un verre d’eau à proximité pour avaler leur comprimé ; ils le prennent souvent trop tard pour pouvoir être soulagés rapidement. Les anti-inflammatoires ont l’inconvénient d’entraîner un trouble digestif. La mauvaise efficacité des triptans quand ils sont pris alors que la migraine est déjà sévère explique pourquoi de nombreux patients se désintéressent de leur traitement. La non-observance est actuellement très importante, de l’ordre de 70 %.
Pour quelles raisons le rizatriptan est-il particulièrement efficace?
Cette molécule appartient aussi à la classe des triptans, mais elle est commercialisée sous une forme médicamenteuse qui se dissout sous la langue en deux ou trois secondes. Elle doit être prise au plus tôt alors que le mal de tête est encore léger.
Quelles études ont été conduites avec cette molécule?
Une étude a été réalisée sur 188 patients. Ses résultats ont permis d’observer que 24% des sujets avaient été soulagés dans les trente minutes et que, chez un très grand nombre (66%), la douleur avait disparu en moins de deux heures. Autre constatation : chez 63 % des patients, les vomissements associés avaient aussi rapidement disparu.
1. Dans n’importe quelle circonstance, sans verre d’eau, il suffit d’avoir un comprimé sur soi pour très vite arrêter une migraine, ce qui améliore considérablement la qualité de vie. 2. Comparativement aux traitements courants, ce médicament exerce une action rapide sur un plus grand nombre de migraineux. 3. Le rizatriptan démontre une bonne efficacité sur les symptômes associés.