Puisque cette année
le 8 mars c’était la journée de la femme et que l’année dernière le 8 mars
c’était déjà la journée de la femme et que rien n’a changé depuis, eh bien je
vais reprendre l’esprit de mon billet de
l’année dernière, pour tout ceux qui ne l’auraient pas lu (et ils sont
nombreux) ou oublié (ils sont beaucoup moins nombreux puisque pour l’oublier il
faut d’abord l’avoir lu) !
Tous les ans c’est la même chose, tout le monde crie au scandale, à la
discrimination des femmes qui seraient moins bien payées que les hommes,
auxquelles on interdirait tout accès aux postes de responsabilité, c’est
honteux, lamentable, c’est la faute du grand capital, que fait l’Etat et tout
le toutime !!!!
Tous les
ans dans la foulée de ce bel élan très consensuel, les politiques y vont de
leurs
suggestions afin d’essayer d’imposer par la loi, aux entreprises, une
égalité de traitement entre les hommes et les femmes, sous entendu que
celles-ci sont les véritables responsables de cette déplorable situation
!
L’année dernière, j’avais déjà réagis à une affiche placardée au cul des bus
parisiens, sur laquelle on pouvait voir un homme et une femme, côte à côte,
avec une mine pour le moins affligée et la question qui tue « Notre
travail a-t-il la même valeur ? »
D’une certaine manière, j’avais accusé cette affiche de tromperie
puisqu’elle dénonçait quasi ouvertement les entreprises et uniquement les
entreprises d’être les responsables d’une odieuse discrimination vis-à-vis des
femmes, cause de tous leur maux !
Or, cette accusation est à la fois simpliste et en grande partie
fausse.
Dans mon précédent billet, je reprenais le résultat d’une étude du Cereq sur ce sujet qui
présentait une situation beaucoup plus nuancée que cette affirmation
péremptoire.
L’étude nous disait notamment que la progression salariale des hommes et des
femmes s’opérait soit en faveur des hommes soit en faveur des femmes selon la
catégorie socioprofessionnelle et selon les tranches d’âges.
Elle nous disait également que, l’augmentation du salaire était très liée à
la mobilité professionnelle, or il est plus fréquent de voir la femme s’adapter
aux évolutions de carrière de son mari que l’inverse.
En résumé, si la situation professionnelle des femmes est souvent moins
bonne que celle des hommes, c’est avant tout du fait des caractéristiques de
leur carrière professionnelle, elle-même étant la résultante des relations
hommes/femmes !
Nous somme dans une société qui considère encore que c’est à la femme
d’assumer l’essentiel de la charge d’élever ses enfants et accessoirement les
tâches ménagères, quitte à sacrifier ou du moins à perturber sa carrière
professionnelle.
Moralité ce n’est pas n’est parce que les entreprises ne veulent pas
rémunérer les femmes à leur juste valeur que ce genre de problème existe, mais
c’est parce qu’au sein de beaucoup de couples, l’un considère que son rôle est
de travailler pour nourrir sa famille (et accessoirement son ambition
personnelle) et l’autre que le sien est d’élever les enfants et accessoirement
de faire le ménage, la cuisine, les courses, de se taper les réunions
parents/profs et d’amener le petit dernier chez le médecin …et si, en plus,
elle pouvait travailler pour ramener un peu d’argent dans le foyer, ça serait
parfait !
Cette répartition des rôles entre l’homme et la femme n’a rien
d’inéluctable, elle est, au mieux, la conséquence d’une perpétuation plus ou
moins consciente d’une sorte d’organisation familiale traditionnelle, au pire
l’affirmation volontaire de la primauté de l’homme sur la femme !
Cette mentalité machiste apparait encore plus flagrante à l’occasion d’une
séparation.
Lorsqu’il y a séparation d’un couple beaucoup de femmes se retrouvent avec
les enfants « sur les bras », soit parce que l’homme, par égoïsme, ne veut
pas s’en embarrasser et trouve toujours de bonnes raisons pour considérer
qu’ils seront mieux avec leur mère, soit parce que la Justice a décidé d’en
octroyer la garde à leur mère (heureusement moins vrai depuis que la garde
alternée est systématiquement envisagée).
Au-delà de la charge financière que cela entraine pour la mère,
théoriquement couverte par la pension alimentaire ...lorsque le père daigne et
peut la verser, élever seule ses enfants est extrêmement contraignant et
empêche la femme de se consacrer sereinement à son travail, perpétuant ainsi
l’inégalité de rémunération homme/femme.
Et je n’évoque même pas le cas des hommes qui foutent le camp purement et
simplement lorsqu’ils apprennent que la fille avec laquelle ils ont passé un
bon moment, est enceinte !
Les vrais coupables de cette situation, ce sont les hommes (avec la
complicité de certaines femmes) qui feraient mieux de balayer (ou d’aspirer)
devant et derrière leur porte (et pendant qu’ils y sont de faire la vaisselle,
étendre le linge, le repasser, faire faire les devoirs aux enfants, préparer
les repas, faire le ménage, ranger etc. etc.) avant d’accuser les entreprises
de spolier leur chère et tendre épouse des fruits de son travail (61% des
français considèrent comme mesure prioritaire l’augmentation des revenus
féminins pour que les femmes gagnent autant que les hommes)!
Ce sont les mentalités qu’il faut faire évoluer, aidé en cela par quelques
mesures afin de permettre aux femmes et aux hommes de concilier au mieux leur
vie familiale et leur vie professionnelle. La question est celle de
l’organisation au sein d’un couple, de la répartition équitable des rôles, des
tâches et des revenus.
Il est trop facile de se débarrasser du schmilblick en considérant les
entreprises comme responsables de ce qui n’est que la conséquence de nos
propres comportements !
C’est ce message que la Journée de la Femme devrait permettre d’exprimer
« vous, oui vous là, chez vous, ça se passe comment ? » et non pas
les habituelles litanies qui ne font que constater un état de fait en pointant
du doigt vainement, qui les entreprises, qui les politiques !