Bien entendu, il ne s’agit pas du camp militaire américain qui abrite les réserves d’or des Etats-Unis… Mais le siège de l’UMP, rue de La Boétie dans le VIIIe arrondissement de Paris doit être au moins aussi bien gardé… J’avais trouvé cette photo pendant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
A la même époque son local de campagne dans le XIIe arrondissement – il lui fallait alors “faire peuple” – était tout autant un camp retranché au grand dam des riverains et commerçants. De même, ses déplacements pour des meetings nécessitaient de déployer rien moins que cinq cents policiers, force véhicules et hélicoptères. Ne parlons surtout pas de l’égalité des candidats devant la loi ! Apparemment, cette débauche de moyens payés par les contribuables ne gêna nullement une partie de la population qui s’en mord les doigts jusqu’au sang aujourd’hui à la lumière de ce que nous subissons depuis bientôt quatre ans puisque les dépenses continuelles du président ainsi que ses cadeaux sonnants et trébuchants à ses amis gloutocrates, convives de l’interminable nuit du Fouquet’s frisent l’aberration la plus totale. D’utilité sociale : point !
Je ne reviendrais pas sur le feuilleton de l’Affaire Betten-court-Woerth qui nous a tenu en haleine de la mi-juin 2010 au début novembre, avec moult rebondissements quotidiens (parfois plusieurs révélations dans une même journée). Fidèle à son habitude, Nicolas Sarkozy s’est débarrassé d’Eric Woerth dès qu’il le put (entendre le vote définitif de la loi sur les retraites dont il était le grand maître d’œuvre) non sans l’avoir assuré de son soutien pendant cinq mois.
C’est une constante chez lui : je lus dernièrement dans le Canard Enchaîné (2 mars 2011) qu’à peine 72 heures avant d’exiger la démission de Michèle Alliot-Marie, Nicolas Sarkozy l’assurait encore : «Je n’ai aucune envie de te sacrifier» alors qu’elle lui disait vouloir démissionner… Ce qu’elle eût dû faire dès le départ de cette lamentable affaire. Je n’ai aucune espèce de sympathie pour elle mais cet énième exemple de coup de poignard dans le dos illustre à merveille la «méthode Sarko» : utiliser les gens et les jeter comme de vulgaires kleenex dès qu’il n’en a plus besoin ou qu’ils posent problème. Après les avoir assurés de son soutien.
Avis à tous ses fidèles partisans de l’appareil UMP, du gouvernement et autres élus: si Nicolas Sarkozy parle de vous soutenir, comptez vos abattis ! Vous êtes cuits, archi-cuits d’avance. Sauf à camper sur de solides positions qui vous permettront de l’envoyer carrément chier. Ainsi un certain nombre d’élus bien implantés contre qui l’UMP pourra toujours tenter de parachuter un candidat ou d’en faire désigner un autre : lamentable plantage garanti.
Or donc, pour en revenir à Eric Woerth, qui est poursuivi pour divers volets de l’affaire Bettencourt – ici, il n’est question que du financement des campagnes électorales – j’ai gloussé tout à l’heure en apercevant ce titre du Nouvel Obs consulté pour divers sujets Affaire Woerth : le siège de l’UMP perquisitionné.
Les trois magistrats de Bordeaux – vous vous souvenez certainement que l’affaire a été “dépaysée” - qui enquê-tent sur un éventuel «trafic d’influence et financement illégal de parti politique» ont donc perquisitionné aujour-d’hui – dès 9 heures du matin et pendant trois heures – assistés par policiers de la brigade financière, les locaux de l’UMP (sous l’œil de trois membres de l’UMP qui avaient été désignés par Jean-François Copé (chef du parti). Ils ont perquisitionné l’ancien bureau d’Eric Woerth et ensuite les archives : selon l’entourage de Copé, «Ils ont demandé à consulter nos archives et des pièces comptables qu’ils ont emportées et qui concer-naient uniquement l’affaire Woerth-Bettencourt».
Les magistrats sont repartis avec notamment la liste de tous les donateurs de l’UMP «du plus petit au plus gros»… L’UMP argue que cette liste n’est pas secrète puisqu’elle avait été communiquée à la Commission nationale des comptes de campagne et des finan-cements politiques.
Je ne sais s’il vous en souvient mais une précédente tentative de perquisitionner le siège de l’UMP avait capoté, les policiers ayant eu – si ma mémoire ne me trahit pas – ordre de n’y point participer ce qui l’eût rendue illégale (cf. une perquisition chez les Tibéri il y a de nombreuses années). Le temps de nettoyer tous les bureaux et ordinateurs ? Monsieur et Madame Toule-monde apprécierontt sans nul doute tant de sollicitude : poursuivis pour n’importe quelle affaire, il m’étonnerait qu’ils bénéficiassent de pareil passe-droit. Il reste simplement à espérer que le “ménage” n’eût pas été fait aussi à fond qu’ils pensaient. Il suffit parfois d’un tout petit détail de rien du tout…
Par ailleurs, j’apprends dans cet article que Patrick Ouart, l’ancien conseiller juridique de Nicolas Sarkozy à l’Elysée – qui a servi d’interface entre lui, Liliane Betten-court et ses divers conseils – a été interrogé comme témoin par la brigade financière… Décidément, en ce moment Nicolas Sarkozy est poursuivi par la scoumoune !