À circonstance exceptionnelle, démarche exceptionnelle, je m’adresse directement aux secrétaires généraux des organisations de la CGT suite à l’annonce par la direction d’un parti politique, le Front national, de son intention de porter plainte à l’encontre de la CGT au motif qu’un de ses candidats aux élections cantonales est suspendu dans l’attente d’autres décisions.
La direction du Front national revendique au travers de la tenue de ce futur procès d’en faire « un événement dans la vie politique et sociale française en faisant reconnaître le FN comme un parti politique comme les autres ». Pour eux « la liberté d’opinion est bafouée », « il faut déverrouiller l’étau syndical » et cela s’inscrit « dans la stratégie de Marine Le Pen de conquérir le champ social et le monde du travail » dixit P. Alliot, vice président du FN.
Naturellement, la CGT saura répondre devant tout tribunal de son bon droit. Les jurisprudences européenne et française sont suffisamment fournies pour qu’il n’y ait aucun doute sur l’issue juridique de cette affaire.
Ce n’est pas tant le terrain du droit qui motive le FN que la campagne que cette affaire peut alimenter.
Nous avons à faire face à une volonté délibérée d’instrumentalisation du combat syndical et donc de la CGT pour promouvoir les thèses du FN parmi les salariés.
Après que nous ayons mis en échec par voie de justice, dans les années 90, toutes les tentatives du FN de créer des pseudos syndicats qui n’étaient que des succursales de ce parti (FN-Police, FN-RATP …), nous avons également repoussé la tentative du FN de présenter ses candidats derrière la façade de la Confédération nationale des Travailleurs (CFNT) aux élections prud’homales de 2008.
Confronté à ses échecs successifs, le FN avait explicitement indiqué dès cette époque que sa stratégie consistait à s’infiltrer dans les organisations existantes. Nous savons qu’il y est parfois parvenu dans des sections syndicales d’autres confédérations peu regardantes.
Cet entrisme dans les syndicats a clairement pour objectif d’en faire des marchepieds au service d’une stratégie politique. C’est ce qu’il a réalisé dans le syndicat CGT des Territoriaux de Nilvange affilié à la fédération des Services publics et à l’union départementale de la Moselle. Comment comprendre le choix du FN de présenter aux élections cantonales un adhérent de fraiche date (4 mois) si ce n’est pour instrumentaliser sa première qualité de secrétaire général d’un syndicat CGT. Cette appartenance syndicale qui est historiquement une tare aux yeux de l’extrême droite compte tenu « de la philosophie marxiste de la CGT » devient subitement une qualité en période électorale.
Les deux organisations, union départementale et fédération concernées, travaillent en étroite relation pour faire face à la situation. Les membres de la Commission exécutive confédérale réunis le 1er mars ont apporté un soutien unanime aux procédures qu’elles ont engagées.
Nous avons également décidé d’élaborer un argumentaire détaillé pour les organisations qui reviendra sur la véritable nature du FN.J’ai clairement indiqué lors de notre discussion qu’il revenait en particulier aux secrétaires généraux des organisations de la CGT de veiller au respect des valeurs fondamentales et des statuts de la CGT dans leur organisation.
Cela nécessite de revenir sur quelques principes :
la CGT est ouverte à tous les salariés quels que soient leurs statuts social et professionnel, leur nationalité, leurs opinions politiques, philosophiques et religieuses ;