“Je ne me considère toujours pas comme un chanteur”
C’est installé dans un bar parisien du 9ème arrondissement que Budam a répondu à nos questions avec beaucoup de spontanéité et de proximité.
Chronique Musicale : Pour les personnes qui ne vous connaissent pas encore, comment décririez vous l’univers de Budam?
Budam : Les origines de Budam viennent du théâtre et de la musique. J’ai grandi dans une famille tournée vers le théâtre et la musique. Donc tout ce que je fais contient ces deux éléments.
Dans la première partie de ma vie, entre 16 et 24 ans, j’ai surtout fait de la musique. J’ai beaucoup joué de jazz, de la guitare. Puis j’ai eu un accident à la main qui m’a obligé à arrêter le jazz et la guitare. Je me suis donc tourné vers le chant. Avec le chant vient le spectacle. J’ai donc commencé à utiliser plus d’éléments du théâtre dans ma musique. J’ai aussi commencé à écrire mes propres chansons, mes propres mélodies adaptées au spectacle.
Et parce qu’en plus je fais aussi de la mise en scène et que je compose la musique de certaines pièces, je dirais que Budam est un package complet entre musique et théâtre.
Avec mon nouveau CD, un show appelé Man On Stage a été monté dans lequel la musique de l’album est mise en spectacle. Le lien entre ces deux univers est toujours présent.
Votre premier album s’appelait Stories of Devils, Angels, Lovers and Murderers, le nouveau s’appelle Man, cela signifie t-il que ce dernier est plus personnel, plus sur vous-même?
Un premier album est toujours très personnel, je pense. Mon premier album a été composé très rapidement, il est venu dans une période d’inspiration.
Alors qu’il m’a fallu 3 ans pour écrire le second. Je faisais beaucoup de chose en même temps que je l’écrivais. Je suivais des cours d’art dramatique, je faisais de la mise en scène, je composais également la musique pour une autre pièce. Ce disque est donc inspiré par beaucoup de choses. Il est plus éclectique, mais possède en même temps un son qui lui est propre.
Man est un hommage, une ode à l’homme, à la vie, à la créativité, à nos manières d’être incroyablement créatifs. On a créé des avions, on a créé la musique, on a créé les religions, on a créé la poésie. Tout dans nos vies est créativité. Même notre conversation actuellement est un moment créatif quand nous parlons. Man est une ode à la créativité.
Je dirais donc finalement que mon premier album était plus personnel.
C’est parce que je suis plus heureux. Vous devez toujours équilibrer entre le bon et le mauvais, le bonheur et le malheur.
Lorsque j’écrivais le précédent album, suite à mon problème à la main, j’étais plutôt déprimé, je n’avais pas pu jouer depuis un long moment, ma musique était donc plus joyeuse, plus drôle. Elle m’a permis de dépasser ces moments difficiles.
Alors qu’en écrivant Man, je m’étais retrouvé, j’étais plus heureux, j’ai donc écrit un album plus sombre, j’en avais la capacité.
Dans votre EP Bicycle, toutes les chansons sont en rapport avec la religion. Est-ce que la religion est une chose importante dans votre vie?
La religion est une grande partie de ma vie. Je suis fasciné par les religions. Ce que je trouve extraordinaire c’est qu’elles sont le fruit de notre créativité. Les hommes ont créé ces religions et leurs récits fantastiques : l’hindouisme, l’islam, le christianisme. Les grandes religions possèdent toutes des histoires, des personnages, des dieux fantastiques. Même la mythologie grecque, ou les religions du Nord, d’où je viens. Toutes ces religions possèdent des récits incroyables, de la poésie, de la musique. C’est pourquoi elles me fascinent.
Comment et où avez-vous enregistré Man?
Je l’ai enregistré aux Iles Féroé, d’où je viens, des iles au milieu de l’océan Atlantique, totalement isolées du reste du monde. J’ai travaillé avec le compositeur Tröndur Bogason féorïen et Jens L. Thomsen un producteur, ingénieur très connu, qui est aussi le leader d’Orka. Je ne sais pas si vous connaissez, Orka est aussi un groupe en provenance des Iles Féroé qui se produit en France.
J’ai donc travaillés avec ces deux gars, c’était un moment merveilleux et très joyeux. Nous avons enregistré la plupart des morceaux dans la maison de Jens. Il habite dans un minuscule village, entouré d’une nature impressionnante. En fait c’est la ferme de son père, car son père est un fermier. La plupart des morceaux ont été créés là bas l’été dernier, sous un temps magnifique, autour d’excellents repas. C’était que du bon temps, faire la fête, composer et en même temps créer une musique grave, c’était un bon équilibre.
Qui sont les autres chanteurs qui interviennent sur votre album?
Il y a deux chanteuses. Ása Vrá qui tourne beaucoup avec moi. Elle a une voix fantastique. Il y a Eivør (nldr : Eivør Pálsdóttir), la célèbre chanteuse féroïenne, qui a 5 ou 6 albums à son actif. Et enfin il y a aussi Ólavur Jákupsson le chanteur d’Orka qui chante sur quelques chansons.
J’ai choisi d’avoir ces 3 voix avec moi sur cet album, car je ne me considère toujours pas comme un chanteur. Je n’ai pas une voix de chanteur. J’aime donc être accompagné de personnes avec de belles voix, ce qui rend, je trouve, la musique encore plus remarquable.
Quels sont vos projets pour cet album, des clips en vue, une tournée?
Une vidéo est planifiée cette année.
Et j’ai Man On Stage, que j’ai créé avec un scénographe installé à Londre. C’est une grosse production avec 2 acteurs, 5 musiciens. Tout est basé sur la musique de l’album. Un gros spectacle.
Nos plans sont donc de monter ce show partout en Europe et de promouvoir l’album. Ce sont deux choses intimement liées.
A noter que Budam et Orka se produiront le 28 avril 2011 au 104 (Paris).
Photos © Delphine Ghosarossian
Mots-clefs : Budam
|