En seconde résolution, je veux continuer à grandir. Finalement, j’aimais le monde enfant, je ne voulais pas grandir, surtout pas. Puis sans m’en rendre compte, je n’ai pu y échapper et cette nouvelle forme de vie, certes plus responsable mais aussi plus libre attise ma curiosité. Je veux en savoir plus, encore et toujours plus. Un monde nouveau, une étrange expérience que cette vie parmi les adultes…
J’ai tout à fait conscience que 2 résolutions, c’est trop peu. Seulement je serais tellement déçu si je ne pouvais tenir ma troisième résolution que je risquerais de perdre espoir. Alors non, je ne prendrais pas pour troisième résolution de changer de nom. C’est un souhait énorme, un besoin d’identité, alors si je m’y attache trop et qu’il se solde d’un échec, je ne m’en relèverais pas.
L’histoire de cette non résolution, est due à une crainte que j’admets totalement démesurée. Je tiens à préciser tout de suite, avant que de mauvaises langues s’empressent d’aller raconter tout et surtout n’importe quoi (quoi qu’elles le feront de toute façon, modifiant mes dires à leur sauce comme elles l’ont toujours fait) que ce n’est en AUCUN CAS dirigé contre mon père. Non, non et re non, cela n’a rien à voir avec lui. C’est mon père, je l’aime malgré nos défauts et nos mutismes, nos reproches et notre pudeur. Même si chaque fois que je le vois j’en prends plein mon grade (merde, j’ai dit grade) je sais qu’au fond de lui, il est fier de moi. Dommage que ça ne soit qu’en mon absence… Quant à moi, aussi froide que je puisse paraître à son égard, je tiens à lui, je m’inquiète, je culpabilise même parfois d’être impuissante.
Si je veux changer de nom donc, c’est pour me débarrasser d’une peur débile. Depuis toute petite, la famille de mon père ne m’a jamais acceptée telle que je suis. D’abord parce que je suis la fille de la hyène (et les premières attaques auxquelles j’ai du faire face étaient en réalité dirigées contre elle), puis parce que… En fait j’en sais rien. Je ne les ai peut être pas assez admirées, je suis peut être trop distante avec les autres, ou ma tête ne leur revient pas (ça serait bien con, j’ai la même qu’elles)… Le fait est qu’à leurs yeux, je suis la fille ratée d’une droguée, qu’elle aurait fait avec on ne sait quel clochard (car même si j’ai LA tête Sergent, ma mère m’a FORCEMENT faite avec quelqu’un d’autre. Comme quoi vraiment, je les dérange…). Je porte donc le nom de personnes me faisant clairement comprendre que je ne suis pas des leurs. Et pourtant j’ai essayé. Oh oui ça, j’ai bien essayé de m’intégrer. Gentille, voir docile, serviable (servile ?), j’ai bien souvent ravalé ma fierté, pris sur moi, considéré que tout reproche était justifié… Mais quand le bilan se résume à une paire de bottes en caoutchouc comme cadeau de noël, des après-midi en famille sans moi, des « c’est certainement pas à toi que je parle », « on l’a pas invité mais elle comprendra », « t’es pas assez bien pour que ton cousin te côtoie… », « essaie de lui piquer son job et son plan photos »… Bah je finis par me dire à quoi bon ? M’acharner ainsi ne serait-il pas du masochisme ?
Certains diront que dans un sens, la famille de mon père a gagné, que j’ai abandonné. Cette meute ne voulait pas de moi et effectivement, je jette l’éponge, je ne cherche plus à être acceptée.
Ma mère a demandé le divorce, elle va reprendre son nom de jeune fille et moi… Je vais garder le nom d’une famille qui n’est pas la mienne, le nom de personne qui nous en ont fait baver durant des années, le nom de nos bourreaux. Et mon père comprendra tout à fait ma réaction et mon souhait de me détacher totalement de ces harpies car lui aussi aurait souhaité ne plus porter ce nom. C’est bien là la seule chose qui m’aide à ne pas culpabiliser. Puis je n’ai pas besoin de porter son nom pour l’aimer et être sa fille. En revanche, j’ai besoin de ne plus porter ce nom pour les oublier vraiment.
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