Mais je suis à chaque fois un peu chamboulée quand un petit bonhomme de l'école de mon fils ou de son âge sait lire. A cet âge, l'école maternelle n'a pas encore permis cette acquisition. Dois-je devancer l'école ou attendre une première approche pour l'aider à faire seul avec un matériel plus concret? Et puis, les autres, ces petits lecteurs, ce sont des enfants très curieux des lettres et des chiffres depuis longtemps, sûrement, à n'en pas douter, et des enfants soutenus par leurs parents, encouragés voire même entrainés.
Il n'empêche ce sont ces acquisitions de base qui me culpabilisent souvent. Je ne demande pas à notre lutin d'apprendre, de maîtriser, d'être bon... ou pire d'être précoce ou surdoué... je ME demande, j'EXIGE DE MOI de lui avoir permis une sensibilisation. A lui après d'accourir ou de refuser. Alors oui, question lecture et écriture, le loupiot a quelques premières approches et je ne lui propose pas beaucoup plus en attendant son enthousiasme.
Et puis, je ne veux pas qu'il brûle les étapes. Je ne lui souhaite pas des acquisitions majeures trop rapides, je lui souhaite juste les compétences pour les assimiler à son rythme. Il n'empêche cet extrait m'a fait un bien fou... entre une sur-stimulation parentale et l'imagination de l'enfant, son choix de vie me plait: c'est une volonté personnelle, celle de l'enfant, qui apparait... sans dénigrement aucun!
"Dès ma naissance mes parents ont veillé à ce que je sois gagnant sur tous les tableaux.
A deux ans on m'emmena à New Haven. On me mit dans une pièce pour m'apprendre à taper à la machine. Si on n'apprend pas cela à deux ans, on perd son temps. Quand un enfant de deux ans qui ne sait pas taper à la machine rencontre un camarade qui sait, il se sent perdu, dépassé, et à partir de ce moment se retrouve perdant sur tous les tableaux.
A deux ans et demi on m'envoya à l'école pour jouer avec du matériel éducatif. J'excellais à râper des carottes. Je ne gaspillais pas mon temps en activités frivoles et vaines. J'appris à reconnaitre les textures et les couleurs.
A trois ans ma mère m'apprit à lire. Quand on ne sait pas lire à cet âge on perd son temps. Les enfants qui sont dans ce cas prennent du retard en classe et sont perdants.
Mes parents n'ont jamais négligé l'aspect social de mon développement. J'ai été mis sans cesse en contact avec d'autres enfants.
Après l'école j'allais dans un groupe récréatif. On ne saurait commencer assez tôt les relations indispensables avec les enfants du même âge. Si ces contacts avec ses contemporains ne sont pas assez précoces, l'enfant ne peut s'entendre avec les autres en commençant l'école. Il prend du retard, il est perdant.
J'ai commencé à étudier la rythmique à trois ans et demi. Je tapais des tambourins en sautillant comme un cabri, ce qui me paraissait peu sérieux mais cela m'apportait quelque chose et je serai gagnant en ce qui concerne le rythme.
Maintenant que j'ai quatre ans, je suis sûr de moi. Quand j'entrerai à l'automne au jardin d'enfants que j'aurai choisi, je me sentirai décidé et prêt à faire face à toutes les situations. je serai en passe de devenir celui qui réussit et qui gagne!
Quand je serai grand, je voudrais être éboueur."
(extrait de "Histoire de ma vie" de Sheila GREENWALD, tiré de "Tout se joue avant 6 ans" du Dr Fitzhug DODSON)