Exposition universelle et Trocadéro

Publié le 09 mars 2011 par Dubruel


 « Les expositions universelles...laissent des traces qu’on ne nettoie pas. Elles ont ces avantages inestimables de faire dépenser de l’argent à beaucoup de français qui en ont et d’en faire gagner à beaucoup d’autres français qui n’en ont pas, de faire entrer dans nos frontières l’or étranger, d’encourager les industries par la vente et l’émulation et d’être un gage de paix pour quelques mois.

Mais nous payons cher ces avantages. La dernière venue a déposé sur la butte du Trocadéro, une espèce de longue chenille monumentale coiffée de deux oreilles démesurées, une affreuse bâtisse qui semble conçue par un pâtissier prétentieux et rêvant de palais de dessert en biscuits et en sucre candi.

L’intérieur de cette nougatine, ayant la forme d’un tunnel, n’aurait pu servir qu’à un jeu de boules s’il eût été droit. Comme il est courbe, on y a installé un musée où on expose des Cinghalais conservé pour faire concurrence aux cingalais nature du jardin d’acclimatation.

 (Maupassant, Gil Blas 19 octobre 1886)