Agnès Rosse, AVEC, 2007 - Grues miniatures, bois, fil transparent - © Agnès Rosse - Photo: CR
La semaine passée j'ai vu trois expos. Dans la première, trop de monde, pas de visibilité, j'ai fui ! La seconde est une exposition d'Agnès Rosse au Syndicat Potentiel et la troisième d'Andréa Diefenbach à la galerie Apollonia. Entre ses deux dernières expositions, mon cœur a balancé un moment puis j'ai jeté mon dévolu sur l'exposition au Syndicat Potentiel. À ce choix, deux raisons : il y a eu l'envie de vous faire découvrir des œuvres qui parlent de poésie et d'humour mais aussi, plus prosaïquement, le fait que cette expo dure moins longtemps que l'autre… Je pourrai donc vous en parler une prochaine fois !
Agnès Rosse, 69, 2009 - Os de poulet - © Agnès Rosse - Photo: CR
Une vidéo montrant un lion derrière une vitre dans un jardin (un zoo ?), deux fois le mot cher (ou chercher coupé en deux) liés par un antivol accroché au mur comme un trophée, des petits squelettes (adorables !), un planche à roulette en pierre (on dirait une tête monstrueuse), des plantes poussant dans des sacs de K-Way, des grues-jouets formant un mot (avec), voici quelques unes des œuvres qui font partie de l'exposition « le bureau des échelles » d'Agnès Rosse. J'y suis allée sans avoir la moindre idée de ce que j'allais voir, comme il est bon parfois de se laisser surprendre et de ne pas avoir d'idées préconçues… Ce fut le cas ce soir-là !
Agnès Rosse, Au cinéma comme deux indiens, 2007-2011 - Cerfs en plastique, brindilles de pin, projection en biais d'un paysage du Var - © Agnès Rosse - Photo: CR
Aussi bien dans sa façon de décrire son travail que dans ses œuvres, elle a une approche poétique, je vais donc la laisser vous parler sur ce coup-là : « Depuis plusieurs années, je me constitue une banque de données personnelles : dessins, images découpées, vidéos, photographies, objets, matériaux… pour représenter les humains, les animaux, les végétaux. Je tisse des liens entre eux, les faisant tous contribuer à mes convictions poétiques du monde dans lequel je vis, qui me reçoit chez lui. J'utilise la réalité qui m'entoure pour coller au présent, adhérer au monde et l'honorer à ma manière avec l'engagement d'un artiste et d'un poète. ». Pour ce faire, elle multiplie les propositions plastiques surprenantes en réalisant des objets, petits pour beaucoup d'entre eux. Ils pourraient sembler dérisoires s'il n'y avait pas tant de dérision, de décalage, de poésie et d'humour en eux.
Agnès Rosse, L'étron déguisé en serpent, 2008 - Terre cuite, céramique, plastique - © Agnès Rosse - Photo: CR
Parfois, elle compare la taille de ses pieds à celle des pattes d'éléphant, que nous sommes petits ! À d'autres moments un serpent a un corps en forme d'étron ou plutôt c'est un étron qui s'est déguisé en serpent et là, on l'imagine serpenter un peu partout… On l'écrase ou on l'évite, à votre avis ? Elle met aussi en scène des squelettes qu'elle fabrique avec des os de poulet, l'un est un paresseux suspendu à un cintre, les deux autres, il s'agit d'un couple en plein 69, ainsi, même réduits à l'état de squelette, cette position reste-t-elle celle de l'amour ? Des jouets en forme de cerfs sont installés devant une projection, le paysage défile, qu'est-ce que cela signifie ? Il n'y a plus de nature et de sauvagerie possible, tout a-t-il été domestiqué au point que la seule nature qui ait l'air sauvage soit celle que l'on peut voir sur un écran de cinéma ?
C'est un peu comme le lion, derrière une vitre, quelqu'un écrit un message sur un ordinateur… Ce n'est pas parce qu'on n'aime pas le lion qu'il est là mais c'est bien parce qu'on l'aime. Ainsi on peut s’interroger sur notre façon d’être dans un monde dans lequel on est invité et pourquoi on cherche à toujours le modifier et à ne pas le prendre tel qu'il est… Peut-être ne l'aime-t-on pas suffisamment…?
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Du 5 au 26 mars 2011
A/ Le bureau des échelles. Une exposition personnelle de Agnès Rosse / Le singe est dans le sac, la girafe est en feu, la plante est perforée, la pierre est sur roulettes. Le monde est modifié sur le bureau des échelles… Du 05 au 17 mars 2011
B/ Laissez-les faire. Une exposition augmentée de Agnès Rosse, avec Hermine Anthoine, Laetitia Gendre, Ernst Stark, Caro Suerkemper, Olivier Nottellet, Philippe Obliger, Pierre Tilman, Mohamed El Mourid, Marie delafon, Guillaume Dégé, Alexandra Sá / Laissez-les faire est le second volet de l'exposition. Onze artistes sont invités par Agnès Rosse à augmenter sa proposition et à y répondre par leurs propres œuvres. Du 18 au 26 mars 2011 / Vernissage le vendredi 18 mars 2011 à partir de 18h
De 15h à 19h, sauf dim et lun - Entrée libre / Syndicat Potentiel / 13 rue des couples, Strasbourg / Tél. 03 88 37 08 72
Ouverture les samedi 19 et dimanche 20 mars à l'occasion du Week-end de l'art contemporain en Alsace