Il joue en première ligne, il ne porte ni le N.1, ni le N.3 mais il est un pilier du XV de France: à 33 ans, le talonneur William Servat connaît ses plus belles années de rugby et son expérience, sa puissance et son explosivité le rendent indispensable.
Pour la quatrième rencontre du Tournoi des six nations en Italie, samedi, on attendait du changement. Très sollicité avec son club, le Stade Toulousain, William Servat (35 sélections depuis 2004) ne fait pas partie des dispensés. Tout juste sera-t-il ménagé jusqu'à jeudi, mais il sera titulaire.
"William reste trop important pour nous", a expliqué l'entraîneur Marc Lièvremont après avoir évoqué la "solidité" de la mêlée italienne.
En quelques mots, son rôle est résumé: incontournable. Surtout en l'absence de son complément habituel, Dimitri Szarzewski (28 ans, 48 sél.), qui récupère d'une opération au tendon d'Achille. Sa doublure, le Perpignanais Guilhem Guirado (24 ans, 11 sél.), apparaît encore trop juste pour les joutes internationales quand Servat, lui, rassure et fait avancer sur toutes ses prises de balle.
Il connaît toutes les subtilités de la guerre tectonique de la mêlée. En touche, il s'acquitte avec constance du rôle-clé de lanceur. Dans le jeu courant, il est un perce-muraille incomparable.
"C'est un joueur très puissant qui a un regard très réfléchi et qui est capable d'adapter le jeu de son équipe en fonction de l'adversaire. Et un vrai leader, un gars dont la bonne humeur rejaillit sur le groupe", explique l'entraîneur des avants Didier Retière.
Cette bonhomie -comme son rôle de "papa" avec ses jeunes équipiers de première ligne Domingo, Guirado ou Ducalcon- n'est pas connue des médias qu'il n'apprécie guère et face auxquels il se contente, souvent avec ironie, du service minimum. Servat, qui a grandi aux confins de la Haute-Garonne et de l'Ariège, se confie peu ou seulement aux gens qu'il connaît.
Il incarne ce que le monde du rugby appelle "le joueur de devoir", solide, fiable, en club ou en sélection. Ces qualités lui valent d'être énormément sollicité et il a du mal à refuser.
"Aujourd'hui, on est professionnel. Je ne vais pas vous dire qu'on est de la viande, mais pas loin. (...) Notre avis est comme on dit, consultatif", expliquait-il à l'AFP en novembre, se félicitant d'avoir été laissé au repos pour le premier match de la tournée d'automne face aux Fidji après avoir joué 13 des 14 matches du Stade Toulousain (11 fois titulaire).
La saison précédente, il avait disputé 37 matches avec son club (30 titularisations) et 7 matches (7 titularisations) avec le XV de France.
Pourtant, en 2005, la question des cadences n'était pas à l'ordre du jour, ni même celle du rugby. Victime d'une hernie cervicale, il avait dû se faire opérer et faire une croix sur son sport pendant près de deux ans. A force de travail, il a développé son potentiel exceptionnel (1,80 m, 103 kg).