Oh, ils ne sont pas contents contents du tout, les zélés élus de la République de l’Angle Arrondi ! Cela fait maintenant plusieurs mois, plusieurs années même qu’ils ronchonnent contre les méchants banquiers qui ont méchamment prêté de grosses sommes à leurs communes avec des clauses méchantes qui maintenant les asphyxie méchamment !
Tout a commencé il y a presque un an : on apprenait, finalement pas du tout surpris, que de plus en plus de départements, de communes et de collectivités locales se retrouvaient dans une situation budgétaire catastrophique à mesure que s’envolaient les taux des emprunts variables qu’ils avaient souscrits dans les habituels moments d’euphorie alcoolisée qui caractérisent les périodes pré-électorales où la construction de ponts ridicules, l’organisation de réceptions somptueuses (avec boules de choco) et les augmentations généreuses de moyens dans les services sont la normes.
Rouspétance et ronchonnements : on découvrait Claude Bartolone exprimer de son petit air vexé qu’il se retrouvait le couteau sous la gorge à ne plus pouvoir asperger de fric tous les recoins de son département.
Claude Bartolone, pour rappel, c’est ce malheureux handicapé qui n’a qu’un faible bras gauche pour diriger tout un département, son autre bras ayant été greffé à son oreille droite pour y tenir accroché un téléphone qui ne le quitte plus.
Eh bien le Claude remet ça : comme cela fait des mois que les procédures sont engagées pour ne pas payer leurs dus aux banques, il se lasse et trépigne. Et il a décidé d’utiliser son téléphone pour s’acoquiner avec d’autres larrons, afin de mieux faire entendre son message simple : ils ne paieront pas, nananère. Ces prêts, c’était une erreur, on s’est trompé, vous reprenez votre argent, on vous le rend, rendez-nous nos intérêts, on annule tout, hop, voilà, fini. Bah ouais : tout se joue ainsi à l’âge Républikool !
Dans une interview palpitante accordée à — bien sûr — Libération, le quotidien pulpeux des socialistes qui ne s’en laissent pas décompter conter, on découvre ainsi quelques admirables pépites. Le Claude, quand il se lâche, ça fait mal.
J’ai découvert stupéfait que mes prédécesseurs avaient fait de la Seine-Saint-Denis le champion du monde des emprunts toxiques, avec 97% de la dette basée sur des indices farfelus
Et les prédécesseurs, c’étaient … des communistes, dirigés par Hervé Bramy et sa clique de 2004 à 2008. Ici donc, un socialiste pur jus rouspète sur la gestion calamiteuse de communistes pur jus, dans un remake de « La Vodka reproche son degré d’alcoolisation au Cognac ».
On pourrait se dire que c’est un accident malheureux de la part d’une poignée d’irresponsables incapables de décoder le sabir financier de leurs banquiers. On pourrait s’étonner un tantinet que des départements entiers ne sont pas capables d’embaucher de bon financiers ou de consulter d’habiles cabinets pour décrypter les petites notes de bas de page des contrats qu’ils signent ensuite avec de gros établissements de crédit.
On pourrait aussi se dire que c’est bien un trait de la gauche de ne rien comprendre aux affaires.
Qu’un socialiste de droite fustige la gestion pourrie d’un précédent socialiste de droite, c’est finalement assez comique bien que parfaitement cohérent : les politiciens sont tous de grosses quiches en économie et en finance publiques.
Ils étaient probablement tous dans le même groupe de branleurs incultes qui papotaient dans le fonds d’amphis poussiéreux pendant les cours d’économie. D’ailleurs, ils sont majoritairement des lettrés et pas des ingénieurs ou des économistes, ce qui explique très bien pourquoi ils racontent à peu près n’importe quoi dès qu’il s’agit de finance, budget, dettes, déficits et produits bancaires un chouilla complexe.
Au passage, on notera aussi que de façon diamétralement opposée, ces mêmes élus sont rarement criblés de dettes à titre personnel et que leur patrimoine est généralement très bien portant. Ce qui tend à prouver que ce qu'ils s'autorisent libéralement avec l'argent des autres, ils ne le font pas pour eux-mêmes. Combien d'élus cautions personnelles des prêts toxiques qu'ils dénoncent ? Oh, aucun ! Comme c'est fortuit !
En tout cas, le Claude ne perd pas le nord : pour lui, c’est l’occasion de remettre les compteurs à zéro, exactement comme on le ferait pour une famille qui se serait trop endetté et heu ah eh bien non on ne fait pas ça pour des quidams, mais quand on est élu de la République, on peut, donc on demande. Pardon. On exige. On vitupère : les erreurs calamiteuses doivent simplement être effacées et n’en parlons plus.
Fastoche. Le mieux, c’est le but clairement affiché :
Je veux maintenant régler leur compte à ces banques qui, non contentes d’avoir pu compter sur le contribuable lorsqu’elles s’effondraient, ont multiplié les fautes professionnelles à l’égard des collectivités.
Sauf que, le Claude, tu vas un peu vite en besogne. En effet, les banques ont bien compté sur les contribuables pour se renflouer. Mais grâce à qui le contribuable, plié en deux et le bras en clé dans le dos, a-t-il payé la facture ? Mais grâce aux élus de l’état, pardi ! Grâce à des petits fanfarons comme toi, le Claude !
Car c’est bien la clique des politiciens qui a choisi, sciemment, de soutenir les banques lorsqu’elles titubaient ! Et ce sont ces mêmes politocards qui se sont dit qu’il fallait le faire sinon ce serait la cata, cata qui s’est révélée de toute façon inévitable et qu’on peut dès à présent mesurer…
Quant aux fautes professionnelles, je pouffe : si ces mêmes banques n’avaient pas eu l’assurance d’avoir de leur côté les tortionnaires et les mâtons pour tordre les bras du contribuable, elles ne se seraient certainement pas lancées dans ce genre d’entourloupes.
Mieux : l’écrasante majorité des communes, collectivités locales et départements n’ont pas souscrit à ces prêts bidons et toxiques. Et malheureusement pour toi, mon Claude, ceci tend non pas à prouver que ces communes, ces collectivités et ces départements sont dirigés par des surhommes (on les connaît, ça ne risque pas !) mais bel et bien que c’est vous, Claude et ta brochette de clowns et vos prédécesseurs, qui êtes rigoureusement incapables de tenir les cordons d’une bourse.
Vous pleurnichez maintenant d’une situation que vous avez tout fait pour mettre en place, par votre position, vos accointances, vos modes de fonctionnement, vos habitudes dépensières et surtout vos idées pourries : la responsabilité, c’est pour les autres.
Bartolone n’est ici que la pointe émergée de l’iceberg, le petit fanion s’agitant niaisement dans la foule des branquignoles qui dirigent les caisses de l’état. La Cour des Comptes l’a maintes fois dénoncé : ce pays est géré n’importe comment et cet épisode n’est qu’un nouvel exemple à la longue liste des foirades républicaines qui forment le lit des prochaines crises.