Cheap Satanism Records l’interview

Publié le 09 mars 2011 par Hartzine

Décidément, c’est Halloween toute l’année sur Hartzine. Après l’interview de Kyle J. Reigle et son projet glaçant Cemeteries, nous nous penchons cette fois sur le label belge éclectique diaboliquement baptisé Cheap Satanism Records représenté par Vincent Satan, à l’humour et à la lucidité imparables, qui nous offre entre autres, outre une radiographie subjective du paysage de la musique indé, des révélations sur la double vie de Céline Dion et promet une surprise subversive mais attrayante aux personnes qui contribueront au succès de son projet. À ne pas manquer : la  Zombifff Night à l’occasion du BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival) avec les groupes dudit label et Cercueil le 9 avril au Magasin 4 de Bruxelles.

Qui es-tu Vincent Satan ?

Je pense que le mieux serait plutôt de dire ce que je ne suis pas. On me demande souvent si je suis musicien ou issu du milieu. La réponse est non. C’est un emploi dans l’informatique qui paie mon loyer. Hormis peut-être une consommation boulimique de musique et un passé de webmaster ou pigiste pour certains webzines musicaux tels que Psychotonique, absolument rien ne pouvait présager que je lancerais Cheap Satanism Records.

Quel est le parcours qui t’a conduit à fonder le label Cheap Satanism Records ?

En fait, je connais bien les personnes derrière b.y_records. J’ai suivi le développement de ce label depuis ses premiers jours et j’ai trouvé cela excitant. Parallèlement, je me suis retrouvé de façon complètement accidentelle à organiser des concerts via le Bulex, une association bruxelloise qui se réappropriait des bâtiments désaffectés pour y organiser des soirées, des concerts et des expositions. J’étais derrière Psychotonique à ce moment-là et je cherchais à couvrir une actualité musicale réellement différente de celle de mes « confrères ». Organiser des concerts m’a permis d’aller à la rencontre de groupes qui étaient soit non signés, soit publiés sur des microstructures et étaient donc difficiles à découvrir autrement qu’en live. Cette expérience m’a permis de faire des rencontres humaines enrichissantes et j’ai eu vraiment envie d’aider certaines d’entre elles avec qui le courant était bien passé. Mon premier réflexe a été de m’appuyer sur b.y_records. J’ai sorti le premier album de Mrs Okkido sur ce label. C’était un des premiers groupes que j’avais invité au Bulex. J’en suis cependant rapidement arrivé à créer mon propre truc, car les sorties suivantes qui m’intéressaient ne rentraient pas dans la ligne éditoriale de b.y_records.

Quelle est la « philosophie » de ton label ?

On peut vraiment dire que Cheap Satanism Records s’est conçu de la même façon que bon nombre de films de genre des années 50. Le titre et l’affiche étaient prêts bien avant le scénario… ah, ah, ah !

En fait, un jour, j’ai reçu un message de la mailing list du groupe Keiki qui commençait par : « Bonjour les amis du satanisme à deux balles ». J’ai directement réagi par une boutade disant que « Cheap Satanism Records » ferait un très bon nom de label. J’ai ajouté que je créerais Cheap Satanism Records sur mesure pour eux si nécessaire. Je savais qu’ils cherchaient un label pour sortir leur deuxième album et la démo que j’avais entendue m’avait particulièrement enthousiasmé. C’est ainsi que six mois plus tard, je me suis retrouvé à sortir Waltham Holy Cross, le deuxième album de Keiki, sous la bannière Cheap Satanism Records…

Alors, pour donner un sens à ce nom, j’ai édicté une règle très simple : «Tous les groupes qui seront signés sur Cheap Satanism Records devront avoir un lien avec le satanisme ou ses dérivés ». Keiki proclame jouer de la « satanic pop ». La filiation est donc directe. Trike est arrivé avec une proposition d’album composé dans une maison hantée par les fantômes de Vikings enterrés dans un cimetière voisin. Joy As A Toy dit faire du « vampire rock ». Le nom Baby Fire trouve son origine dans un entretien avec l’amant cannibale d’un tueur en série. Enfin, Vitas Guerlaïtis m’a promis un morceau de 666 secondes.

Il y a également un dénominateur commun totalement subjectif entre tous ces groupes. Si tu les rencontres, tu te rendras compte qu’il y a un petit côté « poil à gratter » dans leurs personnalités. Ils ne se prennent pas trop au sérieux. J’ai toujours été assez horripilé par ces groupes qui se sentent obliger d’adopter l’attitude associée au genre qu’ils jouent. Par exemple, l’autisme pour le post-rock ou le gore premier degré pour le métal. Ce n’est pas parce qu’un groupe ne joue que des morceaux déprimants qu’il doit s’empêcher de sourire entre deux morceaux ! Nick Cave l’a bien compris !

Enfin, il se fait que je suis également un passionné de séries B ou Z. Le nom « Cheap Satanism Records » me permettait donc de faire un gros clin d’œil à l’esprit grand guignol que j’affectionne dans ce cinéma-là. Qui plus est, cela me laisse la possibilité d’investir ce milieu-là dans un futur lointain.

Que peux-tu proposer à un public de plus en plus exigeant ?

Je n’ai pas vraiment l’impression que le public est plus exigeant. Aujourd’hui, le public ne doit plus être sélectif. Il peut se balader avec 400 albums dans sa poche. Si ce n’est pas merveilleux ! Par contre, je pense qu’il est nettement plus volatile. Il ne va plus aussi facilement devenir un fan inconditionnel d’un groupe ou d’un courant en particulier. Je crois que l’époque des groupes de stade est définitivement révolue. Il n’y aura plus jamais de nouveau U2, Depeche Mode, Pearl Jam, Radiohead, Metallica etc. Il suffit de voir l’évolution des festivals musicaux pour s’en convaincre. La plupart des festivals proposent maintenant des affiches pléthoriques s’étalant sur plusieurs jours et une demi-dizaine de scènes, car ils n’arrivent plus à trouver de têtes d’affiche susceptibles d’attirer à elles seules des dizaines de milliers de spectateurs.

Par contre, comment faire pour que le public achète de la musique aujourd’hui, je ne le sais pas. J’ai lancé Cheap Satanism Records il n’y a même pas deux ans. Le marché de la musique était déjà en plein déclin. Je ne me suis donc pas fait trop d’illusions sur les chiffres de ventes que je pouvais espérer atteindre. Les montants que Cheap Satanism Records investit sont donc calculés en conséquence. De toute façon, je pense qu’il faut se faire une raison : on va arriver tout doucement à un moment où ce ne sera absolument plus rentable d’essayer de vendre de la musique. Le public est juste tellement habitué à pouvoir obtenir la musique gratuitement qu’il serait difficile pour lui de devoir soudainement remettre la main à la poche. C’est encore plus vrai pour le jeune de moins de 20 ans qui n’a vraisemblablement jamais déboursé quoi que ce soit pour écouter de la musique. Je pense malheureusement qu’il est trop tard pour freiner cette tendance. On est dix ans après l’explosion du phénomène MP3 et il n’existe toujours pas d’alternative légale qui offre un avantage autre que moral par rapport aux offres illicites. Les offres légales sont souvent très chères, trop restrictives et mal achalandées. On ne peut donc vraiment pas blâmer le consommateur s’il n’a pas changé son comportement.

Tu crois que le marché pourrait évoluer de quelle manière ?

Je n’ai aucune idée du sens dans lequel le marché de la musique va ou doit évoluer. Certains militent pour l’idée d’une licence globale. Je n’y crois pas du tout car cela poserait la même question sans réponse que le droit d’auteur, à savoir : comment redistribuer équitablement de l’argent collecté ? Certains pensent qu’il faut trouver d’autres supports qui appuient sur le côté fétichiste des fans de musique. Cela expliquerait en partie le retour du vinyle et de la K7 audio ! D’autres préfèrent miser à fond sur le merchandising et l’organisation d’événements. En ce qui me concerne, je tombe clairement dans cette catégorie-là. Cheap Satanism Records organise ses propres soirées. J’ai également plein d’idées merchandising, mais je n’ai pas encore trouvé les moyens pour les mettre en production.

Comment choisis-tu tes artistes ? Peux-tu nous en présenter quelques-uns par la même occasion ?

Sur les six groupes actuellement signés sur Cheap Satanism Records, il y en a cinq vers lesquels je suis allé moi-même (Keiki, Trike, Joy As A Toy, The Real Brussels Sound Revolution, Baby Fire) et un qui est venu vers moi (Vitas Guerulaïtis).

Keiki est un duo bruxellois. On retrouve derrière deux vieux de la vieille des scènes alternatives belges. On peut trouver leurs traces dans des projets datant de la fin des années 80 ou du début des années 90. Keiki est un savant mélange guitare/groovebox/theremin/voix qui doit beaucoup à une certaine noisy-pop des années 90. La métaphore la plus évidente pourrait être celle d’un enfant bâtard issu d’un accouplement entre Blonde Redhead et The Kills. Le chant est assuré par Dominique Van Cappellen-Waldock, surnommée par certains « la PJ Harvey d’Anderlecht ».

Trike est un duo canadien que j’ai découvert via les concerts que j’organisais au Bulex. C’est un groupe de synthpop avec certains relents new-wave. Leur histoire est invraisemblable. Elle fait penser à une version canado-europénne de Flight Of The Conchords. Je ne sais pas si tu connais ce groupe et la série associée, mais les similitudes sont criantes. Je suis très fier de leur album. Je les ai fait travailler avec Raphaël de Keiki qui est avant tout un excellent ingénieur du son. Le résultat a largement dépassé mes espérances. Trike est aussi un groupe à voir sur scène. Il n’a pas les moyens des Flamings Lips, mais il fait exactement le même effet. C’est typiquement le groupe que tu voudrais inviter pour ta fête d’anniversaire, ce qu’il accepte de faire de temps en temps pour un cachet démocratique.

Joy As A Toy est un groupe résolument rock composé notamment du guitariste et du bassiste de Mrs Okkido. Ce sont vraiment des musiciens hors-pair. La musique du groupe peut paraître insaisissable tellement elle part dans tous les sens. Pop Matters les a comparés à Mike Patton et son projet Mr Bungle. Je pense que c’est peut-être la meilleure comparaison que j’ai lue jusqu’à présent.

Baby Fire est un nouveau projet de Dominique, la chanteuse de Keiki. Pour le coup, elle se fait surnommer Diabolita. Baby Fire est nettement plus sombre et sauvage que Keiki. L’album sortira en mars et comprendra un duo maléfique avec Eugene Robison d’Oxbow. Baby Fire est un duo batterie/guitare/voix avec lequel Dominique va à nouveau difficilement échapper à la comparaison avec la PJ Harvey de la première heure. A la batterie, on retrouve Cha!, plus connue dans le monde bruxellois comme une des personnes derrière La Filature. Je ne sais pas si tu connais. Cela a été pendant plus de deux ans un appartement-concert qui a fait beaucoup de bien au paysage musical bruxellois. Cha! est également active au sein de Lem. Cha! et Dominique se sont rencontrées à l’occasion d’une soirée au Vk que j’avais organisée avec Battant, Cercueil et Keiki. La soirée a été un flop monumental. La formation Baby Fire est donc un beau lot de consolation pour moi.

En fait, les critères de sélection sont très simples. Tout d’abord, il faut impérativement que j’apprécie la musique du groupe. Ensuite, le courant doit bien passer avec ses membres. Enfin, il faut que le projet cadre avec les deux principes que j’ai déjà cités.

Pourquoi est-il selon toi encore pertinent de créer son label à notre époque ?

Car il y a beaucoup d’artistes qui sont meilleurs musiciens que vendeurs. Il y a d’excellents groupes qui n’en touchent tellement pas une en communication qu’ils n’auraient aucune chance de rencontrer un public sans label.

En outre, il faut savoir qu’il n’y a pas mal d’acteurs qui vivent comme s’il ne s’était rien passé ces dix dernières années. La plupart des médias ne prêteront une oreille qu’aux artistes dont les albums sont distribués physiquement et dont ils ont reçu au moins un exemplaire physique accompagné d’un communiqué de presse digne de ce nom. Dans le tas, il y en a même qui ne veulent recevoir que des exemplaires originaux. C’est la même chose au niveau des promoteurs de concert. Il y a de nombreux endroits qui ne programmeront jamais des groupes non signés, et ce, même si le fait de l’être n’offre absolument aucune garantie de qualité et encore moins de succès.

Alors, un groupe peut bien entendu s’autoproduire, mais financièrement c’est difficile d’assumer les coûts d’un pressage surtout s’il faut les additionner aux frais d’enregistrement. Cela s’est certes fort démocratisé, mais dans beaucoup de cas, cela reste un doux rêve de croire que l’on peut enregistrer un album dans sa chambre uniquement avec son ordinateur. Ensuite, le groupe se cassera les dents sur la question du distributeur. Dans le marché actuel, cela relève déjà de la mission impossible d’en trouver un lorsqu’on est un petit label qui démarre. Cela dit, quand on voit l’allure à laquelle les disquaires mettent la clé sous le paillasson, on se demande bien où les distributeurs distribuent ! Ce n’est pas étonnant donc qu’ils restreignent le nombre de titres dans leur catalogue.

Quel regard portes-tu sur la musique indépendante (ou non) en Belgique ?

Ce serait difficile pour moi de ne pas te donner deux réponses différentes car il faut bien admettre que le paysage musical néerlandophone est bien différent du francophone. Ça va faire plaisir aux nationalistes flamands ça…ah, ah, ah !

Côté francophone, j’ai souvent l’impression que le marché est légèrement phagocyté par les pouvoirs publics qui ont des mécanismes de subsides artistiques particulièrement déséquilibrés. Dans le genre, il existe un programme de subsides qui fait que la Communauté française de Belgique prend en charge une partie du cachet de certains groupes préalablement reconnus par elle lorsque ceux-ci jouent dans un événement également reconnu par elle. La bonne nouvelle est qu’il ne faut pas être politiquement correct pour être reconnu. Ce système n’est donc pas encore utilisé à des fins dictatoriales. En attendant, nombreux festivals ou centres culturels ne programmeront que les artistes pour lesquels la Communauté française prendra en charge une partie du cachet. Je te le laisse imaginer ce que ce genre de système engendre comme sentiment d’injustice ou de jalousie.

Je pourrais également pointer tout ces gros concours publics de talents non signés qui offrent des tremplins vers des festivals, des studios d’enregistrement, des coachings, des contrats d’édition ou Dieu sait quoi encore. J’ai l’impression parfois qu’il y a plus de concours que de groupes en activité, ah, ah ! Tout cela monopolise beaucoup de moyens, d’espaces scéniques ou médiatiques. Or, dans un marché rikiki comme celui de la Communauté française de Belgique, cela fait beaucoup trop d’ombre à tous ceux qui essaient d’exister en suivant les règles de l’art. Je n’ai absolument rien contre le principe. C’est juste la façon dont une partie des aides publiques est distribuée qui m’apparaît discutable.

Autre problème : il n’y a vraiment plus de médias culturels en Belgique francophone.  Hormis un ou deux titres gratuits, il n’y a plus que des gros tirages généralistes qui parlent de culture. A l’exception des radios universitaires et de certaines radios locales, le paysage radiophonique est tout aussi désolant. Quand tu vois que les radios publiques francophones belges, qui devraient normalement être un acteur commercialement indépendant, viennent de faire des campagnes de pub axées sur Francis Cabrel, Nicola Sirkis et Coeur de Pirate, tu te dis que ce n’est malheureusement pas près de changer.

Ces problèmes ne semblent pas trop s’appliquer à la Flandre. Je ne connais pas trop le paysage médiatique, mais à ce que j’ai entendu, le système d’aides est nettement plus sain et équilibré. Maintenant, il est vrai que la Flandre a le grand avantage de pouvoir compter sur un auditorat nettement plus homogène. En Belgique francophone, un concert qui marcherait bien à Bruxelles et à Liège, ne marchera peut-être que moyennement à Namur et pas du tout à Charleroi. Alors qu’en Flandre,  il est possible de monter une tournée qui part d’un bistrot à l’extrême-est et se termine par un club à l’extrême-ouest. Cela simplifie grandement l’établissement de politiques cohérentes.

Tout cela pour dire qu’avant de plonger dans le milieu de la musique belge, il faut savoir où on met les pieds afin d’éviter les désillusions. Jusqu’à présent, je n’ai encore rencontré personne dans le milieu qui m’avait l’air d’être un grand candide, ah ah… C’est peut-être cela qu’il faut retenir.

Cette situation te pousse à viser un développement international pour Cheap Satanism Records ?

Pas vraiment car je pense que cela introduit un effet extrêmement positif. Une partie du public et des salles évolue sans la pression d’un quelconque diktat médiatique. Il y a pas mal de lieux qui sont en roue libre dans leur programmation. C’est ainsi que j’arrive - du moins je pense - petit à petit à exister. Je m’explique. Je venais de nulle part et j’ai pourtant pu trouver des salles qui ont été partantes pour programmer des soirées « Cheap Satanism Records » mélangeant groupes du label et d’autres groupes plus porteurs, mais qui bien souvent n’évoquent strictement rien chez les programmateurs que j’ai rencontrés. En un an, j’ai organisé pas moins de six soirées qui ont permis à mes groupes de partager l’affiche avec Battant, Cercueil, Part Chimp, Joe Lally de Fugazi, Ray Bartok et cette année, des soirées avec Lydia Lunch & The Big Sexy Noise, Zombie Zombie, OvO sont déjà annoncées.

Cela n’aurait pas été possible sans le Magasin 4. C’est un luxe extraordinaire de pouvoir compter sur une salle avec une telle infrastructure et tenue par une bande de gars biberonnés à la musique punk, alternative ou carrément underground.  Je n’aurais jamais pu monter une date avec Lydia Lunch & The Big Sexy Noise si je n’avais pas pu me reposer sur le Magasin 4.

Quels labels forcent ton admiration ?

Quand j’ai travaillé sur la ligne graphique de Cheap Satanism Records, j’avais en tête le logo d’un label comme Ninja Tune, une empreinte devenue quasi plus importante que le disque sur lequel il se trouve.

Maintenant, d’un point strictement artistique, j’aurais envie de citer trois labels: In The Red, Neurot Recordings et DFA. Je crois qu’avec ces trois-là, il y a tous les types de musique que j’apprécie qui sont couverts.

Comment t’es venue l’idée de la Zombifff Night avec tous les groupes du label accompagnés entre autres par Cercueil ?

C’est assez accidentel. Une des personnes du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF) a participé à un concours que j’organisais pour promouvoir une date autour de Joy As A Toy et Part Chimp. J’en ai profité pour lui faire part directement de tout le respect que j’ai pour ce festival et sous-entendre que cela me ferait énormément plaisir si Cheap Satanism Records pouvait y être associé un jour. Alors, il se faisait que le BIFFF avait déjà pensé à organiser une after-party à la Zombie Parade qu’il organise depuis cinq ans en marge du festival. Pour des raisons diverses, l’idée ne s’est jamais concrétisée. J’ai donc saisi l’opportunité et leur ai proposé de m’attaquer à ce concept. J’avais une d’autant plus belle carte à jouer que j’ai directement pensé à Zombie Zombie plays John Carpenter en tête d’affiche. Le booker de Zombie Zombie était à l’époque le même que celui de Cercueil. J’avais donc déjà travaillé plusieurs fois avec lui. On ne peut pas rêver meilleure tête d’affiche pour une soirée en after-party d’une Zombie Parade dans le cadre d’un festival du film fantastique, non ?

Une fois Zombie Zombie confirmé, j’ai rajouté Cercueil, car le nom et le visuel sont eux aussi proches de l’esprit du festival. Par la suite, tous les groupes du label se sont prêtés au jeu. Joy As A Toy se fendra même de nouveaux morceaux inspirés par la musique de Goblin et de films de Dario Argento. Enfin, Philippe Petit a accepté de compléter l’affiche pour un live et set DJ.

Que se passera-t-il d’autre en 2011 pour Cheap Satanism Records ?

Comme je l’ai dit, dans le premier semestre 2011, il y aura donc la sortie des albums de Baby Fire et Vitas Guerulatis. La ZomBIFFF Night et les dates avec Lydia Lunch & The Big Sexy Noise, OvO ainsi qu’une avec Keiki et The Boilermen au DNA. J’y mixerai également. Une date autour de la sortie de l’album Vitas Guerulaïtis devrait également avoir lieu.

Pour ce qui est du deuxième semestre, c’est aussi trop tôt pour annoncer quoi que ce soit.

Quels groupes/artistes voudrais-tu signer ?

Vu la taille microscopique de Cheap Satanism Records et les moyens limités qu’il peut mettre sur la table, ce serait présomptueux de vouloir signer des artistes en particulier.

Tout ce que je peux répondre, c’est que label « satanique » oblige, il faudrait que j’arrive à signer un jour un groupe s’approchant du Black Metal. Il fut brièvement question que je sorte le dernier album d’Ultraphallus qui contient également un duo avec Eugene Robinson. Cela m’aurait permis de devenir une résidence des duos avec lui, ah, ah ! Malheureusement pour moi et tant mieux pour eux, le label anglais Riot Season s’est montré également intéressé.

Comment vois-tu ton avenir ?

Difficile de répondre. Je fonctionne par semestre… Si Cheap Satanism Records arrive à fonctionner un jour sans que je doive injecter de l’argent personnel, ce serait déjà une énorme satisfaction. Maintenant, je pense qu’on est beaucoup de petites structures à souhaiter ça.

Dans l’immédiat, je travaille sur une présence internet beaucoup plus ambitieuse, ludique et horizontale. Jusqu’à présent, je suis vraiment dans la logique du cordonnier le plus mal chaussé. Je travaille quotidiennement sur des développements de sites de plusieurs dizaines de milliers d’euros et je ne suis pas foutu de mettre en place autre chose qu’un bête blog pour promouvoir mon label. Cela va donc changer. Je vais en profiter également pour revenir vers l’univers des webzines. Il s’avère qu’il y a pas mal de visiteurs qui tombent sur cheapsatanism.com en associant des mots clés comme par exemple « chanteuse + satanique + canadienne ». Il y aura donc un webzine qui parlera des messes noires que Céline Dion organise dans son manoir à Montréal. Le nom de code du webzine est Cheap Satazine.

Sinon, je cherche activement un distributeur hors Benelux et un agent qui voudrait bien s’occuper de certains de mes groupes. S’il y a quelqu’un qui lit cette interview jusqu’au bout et qui serait intéressé, il ne doit pas hésiter à nous contacter. On est prêt à sacrifier quelques jeunes filles vierges si nécessaire afin d’assurer le succès de notre collaboration.

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