Magazine Bien-être
La presqu'île de Aïn Diab, à Casablanca, abrite le mausolée d'un des saints patrons de la ville. Avec le temps, ce rocher est devenu un haut lieu de la sorcellerie, du charlatanisme, des rêves:Il paraît que la baraka du "Sayyed" a été pour quelque chose dans la fertilité des femmes, si elles y séjournent 7 jours!
Médecine et sorcellerie ont , en effet, des liens ancestraux selon le Docteur Akhmisse
Mustapha Akhmisse est un passionné, de médecine, de tradition et de culture marocaine:Depuis des années il enchante par ses récits la conversation de tablées d'amis ou le public de ses conférences :
«Croyances et médecine berbère à Tagmut » est un témoignage poignant sur un monde en pleine déliquescence.
Fruit de plusieurs séjours effectués qu'il a effectués dans le cadre de missions médico-chirurgicales dans ce petit village de l’Anti-Atlas perché à plus de 1.600 mètres d'altitude à proximité de Jbel Bani, cet ouvrage,, relate la vie de gens qui vivent au rythme des saisons, « se coupant du monde en hiver et éclatant de vie en été ». Des gens pour lesquels «la croyance est médecine et la médecine est croyance».
Des mondes minéral, animal et du végétal, ils puisent les médications qui atténuent leurs souffrances physiques et dans la magie, ils trouvent le moyen et les voies de se réconcilier avec eux-mêmes.
Pour le Dr. Akhmisse, dont les précédents livres évoquent « Les marabouts de l’oued Draâ », la « Médecine sans médecins », les « Rites et secrets guérisseurs des marabouts de Casablanca», les « Hommes et choses de Smara », l’ « Histoire de la médecine au Maroc », « Les sept dormants de Marrakech », « Tata, voyage inachevé» et « Le chirurgien de Cordoue »,. « la médecine berbère est efficace car elle utilise des drogues qui ont donné leur preuves pendant des millénaires».
Ces drogues sont toujours utilisées à des doses très diluées, sous forme essentiellement de tisanes ou de sirops, mettant ainsi le malade à l’abri des intoxications. Bref, il s’agit d’une médecine douce dont la principale faiblesse réside essentiellement dans l’intrusion de l’irrationnel.
Une attitude qui peut s’expliquer par le fait que le Tagmuti inscrit son action en harmonie avec le temps qui passe et avec les changements de saisons. D’où un imaginaire à la fois fruste et fécond.
De leur pauvreté apparente et grâce à la bienveillance de leurs comportements, ils vivent pleinement leur vie. L’ouvrage en porte le témoignage, subjectif certes, mais utile et émouvant. L’auteur en est conscient : «mon essai n’est pas totalement œuvre de sciences, il est, sans doute, œuvre d’amour car j’ai aimé les gens de Tagmut. Je les ai aimés passionnément ». Un amour contagieux puisqu’il nous le fait vite partager.
« Croyances et médecine berbères à Tagmut »,
Dr. Mustapha Akhmisse, Ed. Dar Kortoba, 2004, 192 pages