Je viens de terminer le roman graphique que beaucoup considèrent comme le chef d’œuvre de la BD, un album qui a reçu le prix Pulitzer en 1992, une œuvre qui a déjà été traduite en une vingtaine de langues et sur laquelle je n’ai pas trouvé une seule critique. . Ce titre fait l’unanimité des lecteurs.Ce qui fait son originalité et ce pour quoi je l’ai le plus appréciée à mon tour, c’est que ce soit un fils qui raconte ce récit terrible portant sur la Shoah, la persécution des juifs d’Europe par les régimes nazis, du milieu des années 30 à l’hiver 44. Le père, lui, le survivant des camps de concentration est resté silencieux sur son passé et c’est seulement à la fin de sa vie qu’il accepte de livrer ses souvenirs par petits bouts à son fils désireux d’écrire un livre sur ses parents Il s’agit donc essentiellement d’un dialogue père-fils,vécu au gré de leurs humeurs et de leurs rencontres. On pourrait s’attendre à beaucoup d’admiration de la part du fils et peut-être à une certaine dose de fierté, voire une pointe de vantardise ou d’exagération venant du père mais rien de tout cela : le père et le fils ne s’entendent pas très bien. Vladek est un vieillard aigri et grincheux qui ne pense qu’à tout économiser et à retrouver son confort auprès de sa seconde femme qui vient de le quitter. Le fils ne veut surtout pas rester en permanence avec lui, même s’il se rend compte qu’il ne peut plus vivre seul.
Je ne désire pas résumer l’histoire mais seulement évoquer le plaisir que j’ai eu à suivre ces petits dessins en noir et blanc, serrés sur chaque page dans des cases où le texte écrase les personnages qui sont des animaux en réalité, ce que j’ai vite oublié d’ailleurs. Maus signifie souris et c’est cet animal qui représente les Juifs polonais dont il est question ici. Les chats étant par conséquent les Allemands prédateurs, les Polonais sont les porcs etc. Un seul vrai visage d’homme, celui du père sur sa photo d’identité (page 294), en habit rayé de prisonnier, photo retrouvée par Anja, sa première femme, la mère du narrateur, elle-même survivante mais bientôt suicidée : une tragédie de plus dans la Tragédie. Je me devais de lire cette BD. C’est fait. J’en suis ravie
Maus de Art Spiegelman, (Flammarion, 1998, 296 p),roman graphique, Traduit de l’anglais par Judith Ertel. Un survivant raconte, I, Mon père saigne l’’histoire, II, Et c’est là que mes ennuis ont commencé
Participent aux BD du mercredi de Mango:Benjamin,Choco,Chrys,Dolly,Emmyne, Estellecalim,Hathaway,Hilde,Hérisson08,Irrégulière, Jérôme, Kikine, Lounima, Lystig, Manu, Marguerite, Mathilde, Mo'laFée, Noukette, Sandrounette, Sara, Soukee, Theoma, Valérie, Vero, Wens, Yaneck, Yoshi73, Mr ZombiJe participe aussi aux challenges BD Pal sèches de Mo', de M. Zombi et de Yaneck