Ceux qui connaissent mon addiction au LIBERTY comprendront : en France, l'originalité et le raffinement, c'est à Jouy en Josas qu'on les trouve. Et la filiation entre motifs n'est peut-être pas complètement fortuite.
Un musée où l'on découvre des collections fantastiques, et pas seulement celles dela célèbre manufacture qui rendit ce village célèbre entre 1760 et 1815, sous la houlette de Christophe-Philippe Oberkampf.
Christophe-Philippe est né en 1738 dans le sud du Würtemberg, dans une famille de teinturiers. Il travaille à Mulhouse comme graveur chez Koechlin, Scmalzer et Cie, puis vient à Paris en 1758. Il est naturalisé français en 1770, recevra ses lettres de noblesse de Louis XVI en 1787 puis la Légion d'Honneur des mains de Napoléon lors de sa visite à la Manufacture en 1806.
La manufacture débute ses fabrications en 1760. Elle reçoit les toiles déjà tissées et crée les motifs qui seront imprimés à la planche, puis à la plaque de cuivre, enfin au rouleau de cuivre. Autant de couleurs, autant de plaques ou de rouleaux. On fait sécher les lés de toiles imprimées sur le sol. En 1821, la manufacture emploie plus de 1200 ouvriers.
Les productions sont destinées aux vêtements comme à l'ameublement.
Sous l'Empire, les élégantes apprécient les petits motifs aux "bonnes herbes" sur fond très foncé. En particulier en Provence, car ce ne sont pas les motifs qui font l'originalité des costumes provençaux, mais la technique du piquage ou boutis....
Pour les tissus d'ameublement - et au XVIIIème siècle, on consomme énormément de rideaux pour se protéger des coulis de l'hiver - les motifs les plus célèbres sont "Hommage de l'Amérique à la France" vers 1783-93, "La liberté Américaine", les fables de La Fontaine : le loup et l'agneau, le meunier, son fils et l'âne (1805), les Monuments de Paris. Ou encore, les motif à la cocarde tricolore (ici à droite).
Une partie des présentations met en perspective les productions de Jouy avec les toiles de Normandie (Rouen, Elbeuf), de Nantes et d'Alsace, et certaines fabrications étrangères (hollandaises, allemandes, anglaises). On perçoit l'apport artistique supérieur des graveurs employés à Jouy.
Et si vous ne sortez pas du musée complètement séduits, passez à la boutique où vous ne pourrez résister à la fraîcheur toujours actuelle d'une nappe, d'une chemise de grand-père ou d'un plateau.
Si vous voulez aller plus loin, c'est la maison Pierre Frey avec sa marque Braquenié qui fabrique aujourd'hui les plus luxueuses toiles de Jouy. Mais on en trouve pour pas cher chez les meilleurs détaillants, la marque Toile de Jouy étant tombée dans le domaine public.
Musée de la Toile de Jouy, 54 rue Charles de Gaulle 78350 Jouy en Josas, ouvert du mardi au dimanche. 5€.