Nicole Roland était interrogée par Anouk Delcourt (Point Virgule) qui imprima à l'entretien une richesse d'analyse et de compréhension, fruit d'une lecture fine et approfondie de l'ouvrage. De ce "récit qui vient chercher le lecteur pour l'immerger dans un ailleurs radical: le Japon", Anouk Delcourt souligna le côté abouti et "la maîtrise d'une écriture qui "organise le chaos des mots". "Un récit qui nous tend un miroir de notre condition d'homme, de cette quête d'amour et de sens à la vie qui est en chacun de nous." Une analyse qui évita l'écueil de (trop) lier le récit à la vie privée de son auteur.
Moment intéressant qui vit ensuite Nicole Roland tracer la genèse de l'écriture du roman, les contacts avec l'éditeur qui, légitimant l'acte d'écrire , permirent son immédiate consécration via le Prix Première.
La discussion porta ensuite sur le code - sacré - des Samouraï, l'avènement de Mitsuko comme narratrice principale du roman, sa personnalité, l'histoire d'amour - avortée - qui la lie à Kosaburo et le fracas d'une jeunesse nipponne , sacrifiée, au nom de l'honneur, sur l'autel d'une cause perdue.
La lecture par Anouk Delcourt d'un extrait d'Ecrire , d'une Marguerite Duras, chère à l'auteur, campa la structure du récit en même temps que le moteur de la démarche : "Ecrire, c'est tenter de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait". Et Nicole Roland d'insister sur le salut que représente l'écrit dans la lutte contre l'oubli: motivée par le décès de sa fille, l'écriture de son roman se fait alors nouvelle grossesse et permet à celle-ci d'accéder à une autre forme d'existence.
Apolline Elter