Le débat public d'hier soir dans les DNA de ce matin

Sainte-Marie-aux-Mines / Débat DNA des élections cantonales

Les valeurs du Val d’Argent

Dans le cadre des élections cantonales, les DNA ont proposé hier soir un débat avec les quatre candidats en lice au théâtre de Sainte-Marie-aux-Mines. Les principales problématiques du territoire ont été évoquées sous le feu des questions d’Anne Muller et de Philippe Girard.

Face à Christian Chaton, conseiller général sortant (UMP), les trois autres candidats en lice pour les élections cantonales du Val d’Argent, sont sans concession sur son bilan. Agnès Henrichs fustige la valse des étiquettes. « J’ai été frustrée par la gestion de son image qui rejaillit sur celle de notre canton. Il n’a pas été d’une grande efficacité. Les aides du conseil général ont été données grâce au portage de dossier menés par les élus locaux. Cet argent serait de toute façon arrivé dans le canton. » Claude Abel opine. Quant à Nadine Cosnier, elle tacle fort : « Je n’ai pas vu M. Chaton au travail, si ce n’est sur Facebook. Il a mené des actions dans n’importe quel sens, n’importe comment. »

Christian Chaton assure qu’au contraire il a réussi à se faire une place et à s’intégrer au sein de l’assemblée départementale : « Les prédictions de mise à l’écart au sein du conseil général se sont avérées fausses. J’ai participé au fruit de la concertation départementale et du projet pour le Haut-Rhin. Une antenne regroupera d’ailleurs tous les services du conseil général à Sainte-Marie-aux-Mines. »

Sur le volet de la solidarité et de l’implantation du nouveau foyer médicalisé à Fertrupt, l’ensemble des candidats est unanime pour saluer l’intérêt général. « Porteur d’emploi, générant du pouvoir d’achat » pour Claude Abel, qui revendique au passage une part de l’avancée du dossier, l’intérêt d’une mixité sociale pour plus de richesse pour Nadine Cosnier. Agnès Henrichs estime que ces structures médico-sociales « font partie du paysage de notre vallée. » Mais elle ajoute aussi que « il faut développer le tertiaire, le médicosocial, le tourisme. Et ne pas tomber dans une monoactivité. »

Christian Chaton rappelle qu’entre 20 et 25 emplois seront créés. Il ajoute que la ferme pédagogique au Roc de Faîte pourrait être éligible au pôle d’excellence rurale. Nadine Cosnier semble foncièrement hostile à un projet qui « se monte sans nous comme s’est monté le projet Tellure ». Claude Abel estime au contraire que les élus locaux sont bien informés du projet depuis 2004. Agnès Henrichs, elle, reste réservée quant à l’implantation de cette ferme. « Il ne faut pas gaspiller des terres agricoles dont nos agriculteurs ont besoin. »

Conserver une ou deux maisons de retraite ?

Concernant l’avenir des maisons de retraite à Sainte-Marie-aux-Mines et Sainte-Croix-aux-Mines, Agnès Henrichs est inquiète de la perspective de la création d’un unique site. Claude Abel la rejoint. « Je pense que les chiffres de cette étude sont orientés. Je suis certain que les maisons de retraite sont viables. Il y a peut être des services à mettre en commun. » Nadine Cosnier n’est au contraire pas hostile à la création d’un seul établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Christian Chaton indique que trois scénarios sont à l’étude et qu’aucune solution n’est privilégiée pour le moment.

Concernant les infrastructures routières, Christian Chaton est catégorique pour le maintien des tarifs du tunnel Maurice-Lemaire. Le conseiller général sortant appuie aussi pour le contournement de Châtenois. Nadine Cosnier préconise d’être plus actif au sein de l’association du massif des Vosges pour avoir une vision globale et solidaire de la problématique du trafic routier.

Claude Abel appelle aussi de tous ses voeux le contournement : « nous avons perdu dix ans sur le projet de la RN59. Nous ne voulons pas de projet au rabais. » Agnès Henrichs attend désespérement de pouvoir valoriser la zone d’activités du Danielsrain, « les gravats du tunnel Maurice-Lemaire sont stockés là. Nous avons payé les terrains et des assurances alors que cela ne nous sert à rien. Nous devons aussi avoir de meilleures moyens de communication pour les marchandises et les personnes. »

Les quatre candidats envisagent différemment la réforme territoriale avec la création d’une assemblée unique en Alsace. Mais tous rechignent à s’intégrer dans le canton de Ribeauvillé. Nadine Cosnier craint que l’Alsace n’essuie les plâtres : « j’ai peur que notre région soit l’otage du ministre Richert. Dans le Val d’Argent, nous sommes très en retard. Il faudrait plutôt renforcer l’intercommunalité ».

Dans le cas où le Val d’Argent devait s’ouvrir à d’autres territoires, la représentante d’Europe-Ecologie les Verts estime qu’il faudrait aller vers le bassin de vie sur Sélestat et Villé. Agnès Henrichs est aussi sceptique sur la fonction des conseillers territoriaux. « On risque de se retrouver avec une sorte de super député. Alors que le conseil général est proche des bassins de vie. Sa disparition sera certainement une perte. J’ai aussi une crainte sur la parité de l’assemblée. » Claude Abel préférerait garder l’entité du Val d’Argent. « Il y a une cohérence dans notre territoire. Nous sommes 12 000 habitants. Ce n’est pas rien ! »

Quant à Christian Chaton, il préconise un rapprochement avec le Centre-Alsace.

Concernant la carte touristique du canton, chaque candidat a son avis bien tranché. Nadine Cosnier estime que la stratégie touristique n’est pas en place. « Nous avons un paquet de cartes en main que l’on abat sans cohérence. On passe d’un petit scandale à un autre petit scandale ». Agnès Henrichs croit, elle, profondément à l’attractivité touristique. « Nous devons organiser les états généraux du tourisme. Le conseil général doit avoir le rôle d’arbitre. » Christian Chaton constate que les efforts financiers pour lancer le parc minier Tellure ne sont pas probants. « Il nous faut un oeil averti et extérieur pour redéfinir la stratégie de Tellure. Nous pourrions avoir une analyse du comité départemental du tourisme. » Claude Abel estime qu’il est nécessaire fédérer les acteurs du tourisme.

Quant à la question de savoir quelles consignes de vote ils laisseront à leurs électeurs le soir du premier tour, chacun a ménagé le suspense ! Les électeurs ont, eux, jusqu’au 20 mars pour se forger leur opinion…

Vivien Montag

Val d’Argent / Débat DNA sur les élections cantonales

Dans le calme, quelques crocs-en-jambe

Une salle attentive, des candidats respectueux et quelques croche-pieds: ambiance, hier soir au théâtre.

Dans une salle où 200 personnes ont pris place, Jeanine est venue « se faire une idée ». Cette Sainte-Marienne dit bien connaître les quatre candidats, mais ne sait encore pour qui voter. En jetant un coup d’œil autour d’elle, Jeanine constate « qu’il n’y a pas beaucoup de jeunes ». Eh oui ! Hier, c’était la journée des femmes, pas des jeunes.

Elle lui brandit sous le nez un exemplaire d’un magazine du Haut-Rhin

Le premier candidat à entrer en action est Christian Chaton, le conseiller général sortant. Sa première réponse est ferme. L’homme paraît tout à fait à l’aise. Vient ensuite le tour de Nadine Cosnier, qui plante la première banderille : « Le temps de la politique pour les politiques est terminé ».

Il est 18 h 10. La salle est silencieuse. À peine entend-on les retardataires pénétrer dans le théâtre. Certains préfèrent d’ailleurs rester debout, bien que plusieurs chaises soient vides. Claude Abel prend la parole, d’un ton posé, voire monocorde. Agnès Henrichs, la dernière à s’exprimer, salue tout d’abord le public, évoque la journée de la femme (tiens, tiens…) en précisant que le Val d’Argent est « en avance à ce niveau » et se lance dans un exercice qu’elle affectionne : la vive critique du bilan du conseiller général sortant, en maniant l’ironie avec un plaisir non dissimulé. Les bons mots de la maire de Sainte-Croix-aux-Mines n’ont pourtant aucun effet sur la salle.

Nadine Cosnier veut prendre les commandes du débat en posant elle-même les questions au conseiller général sortant. Et quand ce dernier répond, elle lui brandit sous le nez un exemplaire du magazine du Haut-Rhin, action qui a pour effet de déclencher la réaction du sortant – « Vous pouvez me laisser tranquille ! » – et celle d’une partie du public par de petits ricanements. À tour de rôle Agnès Henrichs et Nadine Cosnier s’en prennent au bilan de Christian Chaton. Claude Abel reste, quant à lui, plus mesuré dans ses propos.

Parmi les réponses les plus longues, celles d’Agnès Henrichs, difficile à stopper quand elle est partie. Le maire de Sainte-Croix-aux-Mines doit aussi, à plusieurs reprises, se faire répéter les questions, qu’elle dit ne pas entendre.

Christian Chaton se montre lui aussi un peu plus offensif au fil des minutes. Ça fait rire Jeanine. Dans la salle en revanche, hormis quelques toussotements, on reste calme.

Il est 19 h 05 lorsque la péripétie de la soirée se produit : la banderole DNA, fixée à la table où sont assis les quatre candidats, commence à se détacher, dévoilant une partie des jambes de Christian chaton, qu’il a d’ailleurs croisées. Deux minutes plus tard, les jambes de Nadine Cosnier, plus fines, apparaissent à leur tour. La candidate soutenue par le PS et Europe-Ecologie Les Verts choisit ce moment pour lancer à ses adversaires l’idée d’une visite commune de Tellure.

Il est à présent 19 h 15. La fin du débat se rapproche. La banderole, elle, continue de se détacher, offrant à l’œil du public les guiboles (moins féminines, il faut le reconnaître) de Claude Abel. Plus que quelques minutes et, c’est sûr, les jambes d’Agnès Henrichs seront visibles. Claude Abel, justement, prend lui aussi de l’assurance. C’est dommage, il ne reste que dix minutes de débat.

C’est alors que le projet du plan d’eau à Musloch, soulevé il y a quelques semaines par Agnès Henrichs, est évoqué. Le public se réveille et rigole. Dommage, le débat se termine.

Florent Estivals