J'ai mis mon coeur encore sauvage,
Dans tant de faux pas sages,
Qu'il en est presque hors d'usage.
Pour égayer les mauvais présages,
J'en ai extrait quelques semis.
Dans cette aube épine qui jaillit
Je parcoure ce champ à peine fleuri,
Pour que dans un murmure, tapie
Naisse l' ivresse d' une envie
D'embrasser un myosotis épanoui.
Puis, je deviens héliotrope alangui
Se parant d'un buisson d'orties,
Pendant que des dizaines de scolopendres
Me regardent d'un oeil bien trop tendre.
Je me sème petit à petit,
Je m'éparpille , je me multiplie,
Pour avoir une seule chance de survie.
Je m'invente en renoncule d'or
poussant au bord d'un torrent de remord,
Alors que de trop jolies chenilles
Mes racines sensuellement titillent.
J'ai beau essayer toujours et encore
de me diversifier en un temps record,
Mais l' oiseau de feu sans fin me picore.
Je me rêve en fragile coquelicot,
Frissonnant au bord du ruisseau,
Mais des papillons un peu idiots
Me prennent pour leur jumeau.
J'ai enfin trouvé un joli coteau,
Où La lune et le soleil s'alignent.
Un petit coin au bord des vignes
Où quand viendra l'heure de l'hiver
Je pourrais même admirer la mer
Se parer de milles et un teintes.
Alors pour laisser une empreinte
Je me métamorphose en digitale
Sous cette lumière vespérale