Qui pouvait douter que le dernier des otages suisses retenus en Libye avait été libéré contre rançon ? Le 17 juin 2010, trois jours après la libération de Max Göldi, j'écrivais ici :
"Dans l'affaire Kadhafi on apprend que Muammar Kadhafi, comme tout maître-chanteur, a obtenu rançon pour libérer le dernier otage suisse qu'il retenait en Libye. Je n'ai jamais douté qu'il ne laisserait pas partir Max Göldi par simple bonté d'âme. Mais je pensais naïvement que le Conseil fédéral, Micheline Calmy-Rey en tête, ne céderait finalement pas au chantage, surtout après avoir résisté aussi longtemps."
A l'époque le Département fédéral des affaires étrangères, DFAE, dirigé par Micheline Calmy-Rey avait laissé croire que le million et demi de francs promis(si le fournisseur des photos judiciaires d'Hannibal Kadhafi publiées dans La Tribune de Genève, n'était pas retrouvé) avait été versé en Allemagne sur un compte bloqué. C'était un mensonge destiné à amuser la galerie.
Dans La Tribune de Genève du 4 mars 2011 on apprend ici que "la Suisse a bel et bien payé une rançon de 1,5 million de francs pour la libération de Max Göldi" :
"Sans attendre que l'enquête genevoise aboutisse (elle est encore ouverte à ce jour), Berne a fait transférer cet argent à Hannibal Kadhafi. Et cela dès l'été dernier déjà, peu après le retour de Max Göldi. Ironie douloureuse de l'histoire, Hannibal Kadhafi est censé utiliser cet argent pour financer des "projets humanitaires"." écrit en effet Pierre Ruetschi.
La raison de cette précipitation ? Il y avait peu de chance que le responsable de la fuite de photos soit retrouvé ...alors, pourquoi attendre ? autant faire plaisir tout de suite à cet animal d'Hannibal...
Bref la Suisse représentée par Micheline Calmy-Rey s'était bel et bien aplatie devant le dictateur fou de Tripoli au bénéfice de son tendre rejeton.
Après cette révélation, suivie le même jour par une confirmation du DFAE, La Tribune de Genève précisait le 5 mars 2011, à propos du compte sur lequel le 1,5 million de francs a été versé ici :
"Le compte appartient aux Libyens, oui, mais selon nos informations, il se trouve dans un pays européen."
Autrement dit il serait récupérable :
"S'il était bloqué, un espoir existerait pour que l'argent revienne à la Confédération."
Les auteurs de l'article relevaient au passage cette curieuse déclaration faite la veille par le porte-parole du DFAE :
"A notre connaissance, quelques jours avant l'explosion des troubles actuels en Libye, l'argent était toujours sur le compte."
Du coup ils posaient les deux questions qui tuent :
"Comment la Suisse peut-elle être en mesure de le savoir ? Se pourrait-il que l'argent soit carrément dans une banque suisse ?"
L'image de Micheline Calmy-Rey a pris un coup de plus après ces révélations. Est-ce pourquoi samedi dernier elle a fait preuve d'un courage soudain et inattendu pour tenter de la redorer ? En effet elle a déclaré, rapporte AP dans 24 Heures ici [d'où provient la photo] :
"Je pourrais imaginer que l'on ouvre une procédure pénale en Suisse pour éclaircir les circonstances de l'enlèvement de Max Göldi et Rachid Hamdani à l'automne 2009 et traduire les coupables devant un tribunal."
Elle justifie cette poussée de fièvre judiciaire, qui ressemble à une gesticulation inutile et gratuite, toujours pour amuser la galerie, par le changement de situation :
"Les deux otages sont libres, l'ambassade suisse à Tripoli est fermée et ne peut plus être attaquée, comme cela s'est déjà produit. Aujourd'hui, nous sommes à nouveau libre de nos agissements."
En fait on aurait aimé qu'elle se montrât plus courageuse, sans être téméraire, quand le Führer libyen était au faîte de sa puissance...
Francis Richard