A l'occasion de la fête de la femme: rediffusion
"La polygamie : monstruosité polycéphale et multiforme" Par le Doyen
Les arguments usités sont un florilège d’indécence, un chapelet de mauvaise foi.
Pratiquée dans plusieurs pays, notamment dans certaines régions islamisées d’Afrique, la polygamie tire ses fondements des coutumes et des traditions très anciennes ; elle repose grosso modo sur trois piliers qui en aucun cas ne sauraient ni excuser, ni justifier et son ampleur et ses dégât. Ces piliers servent uniquement d’approche simplifiée de ce phénomène...
Pilier familial : au sein de certaines familles, quand une épouse de surcroît mère d’un ou de plusieurs enfants perd son époux, il est de coutume que le cadet ou l’aînée du défunt mari reprennent la veuve en mariage.
L’explication couramment donnée est qu’il s’agit là d’une façon de prolonger l’éducation des enfants et de maintenir les biens (champs, bétail) dans la famille Eviter la dispersion des personnes et du patrimoine, est de prime à bord l’unique raison majeur avancée .
Pilier villageois : dans certains terroirs, quand une fille tarde à trouver « un mâle demandeur de sa main, ou quand une veuve avec ou sans progéniture, reste longtemps sans être « recaser », les anciens du village, tous clans confondus, s’efforcent et s’attellent à leur procurer leur mari ; de préférence, un homme déjà marié avec ou sans enfant, parent ou allié plus ou moins proche de ces « attardée de mariage et de remariage » ;
Il faut oser le dire, cette démarche vise essentiellement à éviter que de telles filles et veuves n’aient de relations sexuelles extra conjugales. Sauver et préserver l’honneur des familles, la réputation du village, voilà la justification que reconnaissent tel ou tel ancien… en aparté bien sûr.
Pilier social, dans les centres urbains, et dans le milieux des immigrés, certaine classes aristocratiques bourgeoises, maraboutiques ou autres richissimes, hommes d’affaire ou fonctionnaires, nantis de millions et de millions détournés impunément, la notoriété que confèrent, et la naissance et l’érudition, trouvent dans la polygamie un faire-valoir d’avantage et une occasion d’étaler démesurément des fortunes souvent mal acquises.
Dès lors, c’est la recherche effrénée et sans vergogne de chair fraîche. Chaque pulsion sexuelle, (exagèré à dessein) est comblée par « un mariage » . Le choix de la victime est laissée à quelques courtisans peu scrupuleux qui se sucrent et se saucent au passage de ces millions maudits.
Les arguments usités sont un florilège d’indécence, un chapelet de mauvaise foi. Cette forme de polygamie confond dans la même barbarie sexuelle, le mariage forcée à coup de billets de banque avec la marchandisation de la femme réduite, ni plus ou moins à une denrée sexuelle.
En matière de polygamie, l’hypocrisie vient renflouer la carence des sentiments, et le mensonge renforcer l’expansion d’une sensualité Des hauts fonctionnaires véreux, des fortunés corrompus, des soi-disant de « bonne famille » ou "d’hommes de Dieu" n’hésiteront pas à qualifier leur comportement « d’œuvre de salubrité sociale », arguant qu’à travers ces unions, qu’ils déchargent certains foyers.
Aux rétrogrades et aux inconditionnels de ces mœurs, il est impératif de rappeler que ces traditions et coutumes ont assez vécu. Nous espérons que les médiats, l’école et l’éducation achèveront sous peu ces pratiques sauvages.
Au terme de ce bref séjour dans l’univers de la polygamie, comment ne pas se pencher sur le sort des enfants qui en sont issus ? Leur équilibre dépend en grande partie de la personnalité du mari, du degré de cohésion de la famille.
Il n’est pas rare que certains enfants nourrissent une haine ouverte ou un amour feint entre eux ou à l’endroit de la coépouse de leur mère. Sentiments qui peuvent éclater au décès du père. Les ressentiments et les rancoeurs vécus dans le silence explosent au grand jour à l’occasion de rivalités de tout ordre.
La femme qui a subi la polygamie est la seule à pouvoir mesurer sa souffrance. Chaque femme vit sa propre histoire qu’aucun jugement extérieur ne saurait trop saisir.
Il convient cependant de conduire progressivement chaque femme à oser dénoncer elle même son propre vécu.
Pour ce qui est des milieux d’immigrés, le choix d’interprètes avisés reste de rigueur. Car la pénétration des cultures et des traditions des pays qui pratiquent la polygamie est déjà délicate pour les ressortissants même de ces pays à plus forte raison pour les gens de l’extérieur.
Il faut de la persévérance et de l’écoute pour asseoir une confiance ; cette confiance qui supprime toute forme d’inertie ; En effet, l’illettrisme et sa consoeur l’obscurantisme puisent dans la peur, le dénuement et l’enfermement, en un mot dans l’ignorance, matière à perpétuer et à régénérer différemment la polygamie. Force est de constater que c’est à partir de ces mots que germent et prospèrent la polygamie.