Certes, un sondage n’est pas une élection. Il n’en reste pas moins une indication. Nicolas Sarkozy sort très affaibli de cette vague de sondage qui confirme que le président hier vibrionnant est aujourd’hui bien chancelant, dépassé par une situation qu’il a lui-même engendré.
La gauche c’est une chose. Nicolas Sarkozy à merveille sait cliver, diviser, opposer pour mieux régner. Et puis le PS a en lui cette rare capacité d’autodestruction qui a toujours fait le jeu du président. Mais voilà, l’ennemi est aujourd’hui sur la même rive du Rubicon et cannibalise un l’électorat UMP déboussolé.
23 ou 24 % des intentions de vote, ça change la donne et les rapports de force. Avec une telle dote, Marine Le Pen peut aspirer au titre de faiseur de rois. Autant dire qu’il faudra désormais se montrer gentil et poli avec elle sinon…
Coopératif serait plutôt le bon terme. Nicolas Sarkozy et MLP ont sans doute en tête la situation Italienne avec un Berlusconi qui vogue de scandale en scandale mais qui est toujours en place, indéboulonnable.
A force de chasser à droite on voit mal ce qui pourrait justifier un changement de cap du président d’autant que son électorat donne le sentiment d’en redemander. L’homme de toute façon n’est pas conventionnel et pour le moins peu sensible à toute morale ou éthique. Il n’est pas en outre du genre à reconnaître qu’il s’est trompé.
A défaut de neutraliser l’adversaire FN, l’Elysée semble condamné à devoir composer avec. Car de toute façon après les présidentielles viendront les législatives et la menace de redoutables triangulaires. Or il faut rassurer coûte que coûte les parlementaires UMP pour éviter qu’ils ne soient tentés dans la perspective d’un Waterloo de se choisir un autre champion.
Composer, c’est comme en Italie réserver des postes au gouvernement pour le parti d’extrême droite. Le graal pour le FN. Un certificat de respectabilité servi sur un plateau en argent. MLP pire que Hortefeux ou Besson ? Ce n’est de toute façon pas certain. La situation aurait l’avantage de confier au FN le sale boulot et de se défausser sur la formation d’extrême droite si les résultats ne sont pas au rendez-vous.
De toute évidence, Nicolas Sarkozy veut un nouveau bail à l’Elysée et ne reculera devant rien pour l’obtenir. Ce ne sont pas les maigrelettes troupes centristes qui le traumatiseront. Au premier claquement de doigt, elles accourront pour se satisfaire d’un hochet. Si cette stratégie de corsaire abusivement appelée d’ouverture a marché avec des responsables PS, il n’y a pas de raison qu’elle ne fonctionne pas avec des centristes.
La réconciliation entre l’UMP et le FN est donc en marche car elle est incontournable. Elle est surtout rassurante pour une majorité présidentielle effrayée par un éventuel retour de la gauche qui risquerait potentiellement de se traduire par la fin des avantages fiscaux consentis aux classes les plus favorisées.
On mesure aujourd’hui pleinement l’erreur stratégique colossale qui aura consisté pour le PS à retarder le plus possible le choix de son champion. Car qu’on le veuille ou non, dans la tête des électeurs, ce n’est pas le projet qui fait émerger l’homme mais, l’homme qui fait le projet.
Il est frappant d’ailleurs de constater que si à droite les résultats des derniers sondages ont provoqué un véritable électrochoc, tel n’est pas le cas à gauche où chacun imperturbablement continue son petit bonhomme de chemin hormis François Hollande qui appelle la gauche à se rassembler dès le premier tour contre le risque d’un nouveau 21 avril.
La perspective de Marine Le Pen Jean-Luc au second tour des présidentielles a fait dire à Jean-Luc Mélenchon “tout ça est une guignolisation de la politique, absolument invraisemblable“, “une fabrication des instituts de sondages“, c’est comme si “le père Noël était en tête“. Même approche pour Noël Mamère (EELV) qui assure qu’”Il n’est pas question pour les écologistes de céder à la pression du PS qui va nous faire le coup, comme en 2002, de la candidature unique à gauche“. Dormez tranquilles braves gens, Nicolas sarkozy est à la manoeuvre.
Crédit photo : Front National (Wikimedia commons)