La réparation automobile : entre liberté de choix du consommateur et sécurité routière.
Le Comité économique et social européen, mettait en évidence dans un rapport du 6 septembre 2010 une absence de concurrence entre prestataires de services dans le domaine de la réparation automobile en cas de collision. La question est loin d’être anecdotique pour les usagers comme pour les assureurs, puisque les frais de réparation représenteraient à eux seuls 40% des coûts liés à la possession d’une voiture. D’après le CESE, les assureurs s’ils ont la possibilité de signaler à leurs assurés, les réparateurs avec lesquels ils ont des accords, mais le principe de liberté de choix du consommateur doit être réaffirmé.
L’épineuse question des pièces détachées
Elle est lourde de conséquences comme nous allons le voir : en effet les constructeurs ne produiraient eux même que moins de 20 % des pièces détachées. Le reste de leur approvisionnement leur étant procuré par des sous-traitants. Le rapport a réaffirmé la liberté de choix du consommateur vis à vis aussi de ces pièces détachées.
C’est dans cette perspective que la directive proposée par Commission prévoyait une « clause réparations » exemptant les pièces « must-match » de la protection des dessins et modèles. La proposition a été adoptée par le Parlement européen en décembre 2007, mais pas votée par le Conseil européen. On imagine que du côté des constructeurs on doit freiner des 4 fers, lobbyinguement parlant…
Un marché transfrontalier restreint par les normes
L’assurance auto serait d’après le rapport, le marché le plus en important en assurance non vie… Or et c’est là où le bât blesse fortement d’un point de vue européen, la « prestation transfrontalière » (comprendre donc la possibilité de s’assurer auprès d’un assureur d’un état membre) serait fort limitée sur le marché de l’assurance auto indivuelle. Comme en d’autres domaines c’est le manque d’uniformisation des règles entre les différents états… (une manière toujours aussi commode de limiter les effets de la dérégulation/mondialisation).
Mais les attentes des consommateurs auraient aujourd’hui évolué … On se dirigerait donc vers « une gestion intégrée des collisions comprenant le dépannage, la mise à disposition d’un véhicule de remplacement et la livraison du véhicule réparé ». Autre point épinglé semble-t-il dans le rapport : le fait que que les primes d’assurance obligatoire représenteraient 60 % de l’ensemble des primes du secteur, ce qui laisse éventuellement augurer certaines potentialités au niveau des garanties facultatives… D’après l’auteur de l’article dans CM on remarquerait par ailleurs « une très forte volatilité des assurés face au nombre d’assureurs français ». Questions de point de vue puisque j’ai lu plus ou moins le contraire sur ces questions, le taux de Churn (qui mesure la mobilité des assurés au sein de l’offre) en assurance auto (pour important qu’il soit) serait encore assez bas (ce qui n’est pas forcément plus mal soit dit en passant) : Plus il sera élevé plus la concurrence sera sauvage plus les investissements publicitaires / com seront élevés, et plus l’on verra apparaître des contrats low-cost aux exclusions de garanties multiples (enfin c’est mon point de vue…)
Asymétrie d’information
Toujours selon notre article de Cheval Mécanique, le rapport du CESE aurait d’autre part constaté une asymétrie d’information entre consommateurs profanes et carrossiers, experts et assureurs avisés (en est-on vraiment surpris). Ces derniers passant notamment des accords avec les réparateurs automobiles qui ne sont pas toujours à l’avantage des consommateurs au final quand on regarde l’incidence qu’ils peuvent avoir sur le montant des primes (lire cet article sur la question) .
Pour le rapport, les particuliers « doivent bénéficier des informations nécessaires à l’évaluation de la qualité des travaux effectués sur leur véhicule » ; belle déclaration bien sûr, le tout étant de savoir comment garantir cette « information » bien sûr… dans cette perspective « une concurrence loyale entre acteurs et la possibilité laissée au consommateur de désigner le prestataire de service de son choix » seraient des conditions préalables à des services de qualité. Argumentation qui me laisse sceptique, même si je souscrit bien sûr à la liberté de choix. J’aimerais bien qu’on m’explique en effet en quoi le recours à une concurrence plus élargie seront des « conditions préalables à des services de qualité »
Source :
Tout ceci et bien d’autres choses sont dans le numéro de décembre 2010 de Cheval mécanique (La revue de l’expert automobile)
http://www.anea.fr/IMG/pdf/Cheval_Mec54_web.pdf
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