Le sexe, l’argent et la violence : 3 ingrédients pour un bon film.

Publié le 08 mars 2011 par Mdial

Post d’invité par Yendi Dial pour la Journée de la Femme 2011

Le potentiel des femmes est sous exploité. Dans les années 80 quand j’avais 20 ans, on pensait que ça changerait.

La révolution sexuelle

Boucher's Odalisque

Après tout, il y avait eu la révolution culturelle et sexuelle des années 70 : la pilule contraceptive, l’avortement, les femmes toujours plus présentes dans la vie “active”. A ce sujet, je n’aime pas dire que les femmes “travaillent” davantage, ça suppose qu’elles ne faisaient pas grand-chose avant. C’est complètement faux. Seule la petite minorité de bourgeoises ne travaillait pas, les autres (ouvrières, paysannes, commerçantes) ont toujours travaillé.  La révolution sexuelle a été au profit des hommes encore plus qu’au profit des femmes, le travail scientifique sur la sexualité masculine a été plus prolifique que celui sur la sexualité féminine. L’image de la sexualité féminine, c’est mystérieux, compliquée, intérieure, c’est même dans la tête!. On entend «  le sexe est moins important pour les femmes, c’est dans la tête », et en contradiction, on entend aussi d’une femme qu’elle est mal baisée, ce qui prouverait que le sexe est important pour les femmes aussi. C’est bien connu, la langue, les mots font notre image sexuelle. Les femmes à hommes sont des putains tandis que les hommes à femmes des séducteurs.

Ce n’est que récemment  que des études scientifiques ont été faites sur le clitoris. L’intérêt avait porté essentiellement sur la sexualité masculine parce qu’il y a plus d’hommes scientifiques que de femmes. Mais dans la vie, il n’y a pas que le cul, il y a le fric aussi.

L’argent

Alors en 2011, pourquoi les femmes restent-elles sous-payées à job égal et qualification égale? sous représentées dans les centres de décision des pouvoirs économique et politique ? À quelques exceptions près, pourquoi n’arrivent-elles pas à briser le plafond de verre?

J’ai assisté en Septembre 2010 à une conférence du MEDEF sur le projet de loi sur la parité (Parité Egalité).  C’était très intéressant de voir les deux clans de femmes, celui qui soutenait le projet de loi, et celui qui le contestait. “Seule la compétence compte” disaient-elles, “nous n’avons pas besoin de loi pour réussir”. Ces femmes gagnantes qui se sont modélisées sur les hommes se veulent comme eux: durs, conquérants, supérieurs, des mecs quoi!. (Le message étant que les mecs sont supérieurs, donc les femmes aux qualités de femme sont inférieures).

Un second groupe de femmes soutenait le projet de loi. Elles reconnaissaient que les 20 dernières années n’ont pas amené plus de femmes aux responsabilités dans l’entreprise ou dans les instances politiques. Culturellement, ça bloque. Ces femmes parlaient plus généreusement, elle avaient beaucoup de savoir et d’intelligence, et elles donnaient de l’écoute, de la compréhension. Il n’y avait pas de sentiment d’opposition, ou de compétition malsaine. Elles n’ont pas à craindre des autres. Elles sont grandes, simplement.

Entre en jeu dans l’inégalité de traitement entre femme et homme un autre élément que la compétence. La culture. Pourquoi?

Il y a sur la femme un regard diffèrent, une appréciation différente. J’écris sur l’image, la représentation de soi, de celle que l’on se fait à travers les âges de la vie. C’est la représentation culturelle des femmes qui est au coeur de leur manque de crédibilité dans les postes de pouvoir économique.

La violence

La Femme Qui Pleure de Picasso

Il n’y a pas que la question des revenus. Si j’ouvre le journal, je trouve facilement un article qui montre que les femmes dans le monde entier sont socialement inférieures. Samedi 25 Février 2011 Le Monde « les filles moins bien loties en cas de crise alimentaire » écrit par Esther Degbe et «  Santé, éducation, violences les adolescentes perdent sur tous les tableaux » de Catherine Vincent. Les femmes ont moins de nourriture, moins d’éducation, moins de droits. Elles subissent plus de violences, viols, agressions sexuelles et conjugales, mariage forcé et précoce, excisions, etc.… .

Les exemples d’inégalité de traitement foisonnent.

Sur France info, Fawzia Koofi qui vient de publier un livre – “Lettres à mes filles” est en train de dire qu’à sa naissance, elle a été rejetée littéralement, la laissant mourir car sa mère voulait un fils (bien sûr), que la valeur d’une chèvre est plus grande que celle d’une femme. Mais aujourd’hui, elle est candidate à la présidence de l’Afghanistan. Courageuse et belle, (j’ai été éblouie par la beauté des Afghans que j’ai rencontrés au Moyen Orient).

Cette mentalité n’est pas que dans l’Islam. Certes, dans les pays riches depuis qu’elles ont accès aux soins, elles vivent plus longtemps que les hommes, mais avec moins d’argent. Certes dans les pays riches, elles ont accès à l’éducation, et sont de très bonnes élèves ; pourtant, elles gagnent moins d’argent. C’est partout dans le monde. Les femmes sont plus ou moins inférieures.

Le sexe toujours le sexe

Parfois, en dehors des périodes chaudes de copulation, un singe prend une guenon, plus ou moins avec son consentement, elle ne ressent pas l’acte comme une humiliation, mais notre espèce représente tout, au présent, au passé et au futur. Notre vécu, notre sexualité est aussi ce que nous en faisons avec le pouvoir fantastique du cerveau, ses images, ses mots.

Parce que nous sommes aussi des animaux, je reviens sur notre nature. Il y a dans la nature des femmes un élément qui les fragilise: leur sexe. Et il y a dans la culture humaine un élément qui les fragilise: leur sexe.

Par nature, avec un corps moins robuste, pénétrées sexuellement, porteuses de vie donc garantes de la survie de l’espèce, elles se doivent d’être plus prudentes. Culturellement, les femmes sont dominées, elles sont devenues un produit à vendre, échanger, acheter (la prostitution étant l’un des aspects du produit). Nature et culture s’influencent réciproquement et se justifient mutuellement de cette infériorité ressentie. Certes la maternité sublime la femme, mais la sexualité plus courante est autre, elle cherche le plaisir. Il est plus difficile pour une femme d’atteindre l’orgasme (avec un partenaire) que pour un homme. Certes, la femme peut jouir seule, beaucoup de fois successives, alors que l’homme ne peut pas, épuisé par l’acte. Cependant, la femme jouira seule. Ce n’est pas pareil. En cela, oui, nous n’avons pas cette chance de l’orgasme facile, sommes-nous inférieures?