Selon un nouveau guide publié par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les petites entreprises semencières sont le meilleur moyen de garantir la disponibilité et la qualité de semences non hybrides pour l'alimentation humaine et animale dans les pays en développement.
Souvent, et en particulier en Afrique, cela n'a pas été le cas car les grandes et moyennes entreprises semencières ont tendance à se concentrer sur la production et la commercialisation de semences hybrides, destinées aux cultures de haute valeur des plus grandes exploitations, et à les commercialiser dans les zones plus fertiles et plus riches. En conséquence, seulement 30% environ des petits agriculteurs de ces pays utilisent des semences de variétés améliorées de qualité variable, tandis qu'en Afrique, le pourcentage est encore plus restreint.
La grande majorité des agriculteurs dépendent de graines autofécondées ou à pollinisation libre, ou de plantes multipliées par la division des bulbes, les greffes et les boutures, qui peuvent être stockées et partagées par les cultivateurs. Toutefois, ces derniers manquent de nouvelles variétés qui
pourraient les aider à accroître la production avec une quantité équivalente d'intrants.
"La création d';une entreprise semencière n'a pas un coût proportionnellement élevé, en particulier lorsqu'elle fait intervenir les associations locales d'agriculteurs. Et pourtant, comme le montrent les
études de cas tirées de trois continents, ces entreprises peuvent être extrêmement efficaces pour améliorer la production vivrière", souligne Shivaji Pandey, Directeur de la Division de la production végétale et de la protection des plantes.
Le guide, intitulé "Promoting the Growth and Development of Smallholder Seed Enterprises for Food Security Crops", se base sur des études de cas tirées du Brésil, de l'Inde et de la Côte d'Ivoire.
Dans les trois cas, un environnement de politique favorable s'est avéré un préalable fondamental pour la mise en place de petites entreprises semencières. Citons notamment un système efficace de contrôle de la qualité et de certification, un soutien du secteur privé, une législation souple et la reconnaissance juridique des droits des agriculteurs de conserver, échanger et vendre les semences de variétés commerciales. Il est également primordial de soutenir la privatisation et la commercialisation des services agricoles ainsi que les droits des sélectionneurs.
Parmi les autres facteurs susceptibles d'aider les agriculteurs à créer des petites entreprises semencières figurent la réduction des droits d'importation de matériel de nettoyage des semences et autres équipements, fondamentaux pour la création d'une industrie semencière, comme l'a
adoptée le gouvernement de Côte d'Ivoire.
Le crédit doit aussi être accessible aux producteurs de semences; le manque de crédit s'est avéré un obstacle majeur à la création des entreprises. Il faut aider les producteurs à administrer des campagnes de commercialisation et de communication qui s'appuient notamment sur l'utilisation des réseaux de radio rurale pour promouvoir les variétés améliorées auprès des agriculteurs.
"Les organisations d'agriculteurs ont parfois les semences nécessaires mais ils ont besoin d'une aide et de conseils pour les vendre aux autres agriculteurs", explique M. Pandey.
De nombreuses petites entreprises semencières ont été créées avec le soutien de donateurs ou des ONG. Toutefois, met en garde le document de la FAO, il existe un risque de dépendance de l'aide si le développement des capacités techniques et entrepreneuriales ne vise pas l'autonomie finale.
Il est à espérer que la législation régissant les semences pour toute l'Afrique finira par être harmonisée pour faciliter le transfert d'un pays à l'autre des nouvelles variétés. Cela revêt toute son importance compte tenu des changements climatiques qui accroissent la nécessité de variétés plus résistantes. Les semences hybrides permettent d'obtenir de meilleurs rendements et offrent une meilleure résistance aux maladies. Mais elles ne peuvent pas être conservées pour la campagne suivante, car les plantes issues de semences hybrides ne donnent pas des copies conformes; il faut donc en racheter à chaque saison de semis.
Par contre, les semences de cultures autofécondées (blé et haricots, par exemple) peuvent être stockées par les agriculteurs pour la campagne successive. En règle générale, les semences achetées à des producteurs qualifiés et fiables présentent de meilleures caractéristiques de pureté, de germination et de qualité globale, qu'elles soient hybrides ou non.
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CV, le 08/03/2011