Titre original : We gotta go now (“the Boys” #27 à 29) et Rodeo Fuck (“the Boys” #30)
Une série de Garth Ennis (Dynamite Entertainment 2009), dessinée par Darick Robertson & John Higgins, éditions Panini comics (2010).
Résumé : Hughie, infiltré chez les G-Wiz, s’est pris d’affection pour eux, même si son travail est officiellement terminé. Il a des doutes sur les motivations et les circonstances dans lesquelles ces gamins ont été adoptés et élevés comme des futurs super-héros par le mystérieux Godolkin.
Butcher doute aussi, c’est pourquoi il s’est chargé de voler le disque dur de l’informateur de sa patronne, la directrice de la CIA. Ce qu’il y a trouvé l’a rendu furieux.
La Crème, quant à lui , en termine avec son enquête préliminaire sur le suicide d’une des G-Men : ce qu’il va en tirer va recouper les conclusions que ne manquera pas de faire Hughie. Et, dans l’ombre, Vought American prépare une opération de grande envergure : ils savent que les P’tits Gars sont sur leurs traces.
Une chronique de Vance
Suite de l’intrigue amorcée dans l’opus précédent. Tous les nœuds sont censés se dénouer, et on se doute que ce sera violent. Ennis s’emploie à tout faire converger, de manière assez habile (et ne donne plus vraiment cette fois cette sensation de noyer le poisson), afin de parvenir à la conclusion de cette triple enquête en faisant monter la tension par l’irruption de révélations savamment distillées. Néanmoins, il s’efforce de maintenir une certaine dose de flou, tant sur les personnages (le Français et la Fille ont droit à une séquence très courte mais lourde de sens) que sur les complots ourdis par les dirigeants (il faut se rappeler pour bien assimiler la séquence d’introduction du précédent album, où l’on voyait qu’une grosse opération militaire était en préparation, mais aussi se pencher sur les différentes entrevues entre un cadre de Vought American et le leader des Sept). Le contraste, d’ailleurs, entre l’importance des enjeux (que seul Butcher perçoit) et les pitreries auxquelles s’adonnent les G-Wiz (ces ados pré G-Men qui passent leur temps à s’amuser en attendant d’être introduits dans le grand cirque) fait toute la réussite de ces épisodes. Le finale grandiose, d’une noirceur et d’un cynisme à la hauteur des espérances, replace la série sur des rails salutaires et promet le meilleur pour les prochaines publications, avec un Hughie qui a perdu son innocence (dans tous les sens du terme) et, par son initiative, risque la vie de ses camarades, un Butcher qui passe à la vitesse supérieure, tant dans ses rapports mouvementés (et torrides) avec Susan Rayner qu’avec ses ennemis attitrés, et la grande méchante compagnie, la Vought American, qui démontre sur le terrain toute l’importance politique qu’elle a acquise.
Entre les boys et ceux qui gèrent les « super-slips », la guerre est officiellement déclarée, les manœuvres se font à visage découvert, et c’est à qui gèrera au mieux les secrets détenus sur l’adversaire.
Robertson semble l’avoir compris puisqu’il nous gratifie de graphismes plus détaillés que ses dernières planches, même s’il se trouve remplacé encore une fois par Higgins.
Un bon cru donc, qui relance l’intérêt du précédent album et redonne à la série l’importance qu’elle avait à son lancement : moins cruellement drôle, peut-être, car l’heure est grave et les travers libidineux de nos protagonistes ne font pas le poids face aux intrigues complexes des dirigeants cyniques.
Ma note : 4,1/5