Coucher or not coucher le premier soir ? C’est une question que je pensais oubliée depuis des lustres mais qui en fait n’a jamais cessé de tarauder mes copines. Et moi-même aussi, reconnaissons-le. Bon c’était dans une autre vie, quand j’étais encore une parisienne affranchie. Même très affranchie. On ne regarde pas tous les épisodes de Sex and the City sans en garder quelques effronteries.
Alors donc comme ça mesdames, on se dit libérées ? On s’offre des sextoys au city marché du coin ? On raconte des grosses cochonneries à des inconnus sur Meetic ? On jette un œil discrétos sur youporn ? Et malgré tout ça, on se pose encore des questions. Enfin LA question : « tu couches, toi, le premier soir » ? Et oui c’est marrant parce que cette question, je pense qu’on ne se la posait pas dans les années 70. On couchait. On ne se la posait pas non plus dans les années 50. On couchait pas. Au moins les choses étaient claires. Aujourd’hui on ne sait plus trop ce qui est bien ou pas. Celles qui couchent ont peur de passer pour des salopes, des pas regardantes sur la marchandise, des filles faciles, des buveuses de café, des excitées quoi. D’un autre côté, celles qui ne couchent pas sauvent leur réputation mais s’en tapent une autre pas forcément plus enviable : des coincées, des culs froids, des frigides, des buveuses de thés, évidemment. On n’ira pas jusqu’à dire que si elles ne couchent pas c’est peut être aussi parce qu’elles ne trouvent personne pour faire le boulot en raison d’une physique légèrement ingrat, mais on le pense un peu quand même. Donc chaudasse ou laisser pour compte, il faut choisir. Ou finir bonne-sœur. En même temps rien n’empêche de passer d’un clan à l’autre, pour voir quelle situation est la plus confortable. Un jour on couche, le lendemain on ferme la porte au nez du monsieur. Et le matin on fait le bilan. « Suis-je vraiment mieux dans mon lit ce matin avec cet inconnu qui ronfle et qui a mauvaise haleine ? Mais comment s’appelle t-il déjà ? Merde, ils sont plusieurs. Faut vraiment que j’arrête le mojito , moi ». Je pense que dans ce cas de figure là, celle qui n’a pas couché risque de se réveiller dans de bien meilleures conditions : lit extra-large, bruit des oiseaux, odeur de draps propres, pas de chaussettes sales par terre. 1 point pour celle qui ne couche pas. En revanche, si on imagine la soirée de la veille, la gagnante n’est plus celle qu’on croit. Ivresse du champagne, rire de gorge, déshabillage torride, bouches qui se mangent, et youplaboum culbute thaïlandaise ! Et la gagnante est madame Chaudasse qui voit son potentiel « confiance en soi » remonter à la vitesse grand V. Je ne suis pas certaine qu’un jour cette question disparaîtra. Et tant mieux après tout. C’est certainement ce qui fait l’équilibre de notre société. On mélange nos influences judéo-chrétiennes avec un peu de Meetic, tout ça saupoudré de Mojito et voilà le résultat. Un bon cocktail de contradictions comme on les aime.