Un fou Kadhafi? Sans doute. Mais méfions-nous. Comme dirait
l'autre: nous marchons sur le bord d'une blessure, nous devons faire
attention à l'endroit où nous posons nos mots. Si l'ONU donnait son
feu vert à une intervention militaire pour châtier Kadhafi (ou si les
Américains ou les Européens s'y risquaient de leur propre chef), cela
pourrait faire beaucoup plus de morts (sans parler de l'amplification
des haines) que n'en a jamais fait et que n'en fera jamais le fou de
Tripoli.
Tout le monde a, ou devrait avoir en mémoire les frappes
américaines sur l'Irak et ses populations civiles. Le frapadingue Bush
n'a pas fait moins de victimes que le fou Saddam. Car oui, Saddam
Hussein, comme Kadhafi était un dictateur, un assassin, mais l'ancien
président américain d'un point de vue comptable a fait dix fois mieux,
peut-être cent fois. Pour quel résultat, en plus, aujourd'hui?
Méfions-nous des fous. Chacun en cache un autre.
Un peu comme la démocratie américaine cache en son sein la
barbarie moyenâgeuse qu'est la peine de mort. Comment condamner
lapidation et loi du talion quand, au nom de semblables bondieuseries
scélérates, celles-ci judéo-chrétiennes, on exécute tous les ans par
dizaines...?
Le Corsaire