Les femmes du 6ème étage, un film de Philippe Le Guay
Voilà une très jolie comédie française où l’on ressort le sourire aux lèvres. Bien sûr, Philippe Le Guay n’évite pas les clichés : ceux de la
France gaulliste, ceux de la bourgeoisie parisienne, ceux de l’Espagne sous Franco, ceux de l’Espagne tout court : la paella, le flamenco, la musique… Tout y passe mais de façon
fluide et légère. On sourit. On rit. On se laisse aller…
C’est l’histoire d’une bonne espagnole qui est engagée chez des bourgeois parisiens. Fabrice Luchini et Sandrine Kiberlain forment un couple très rangé, très « comme il faut », sans aucune excentricité. Ils ont les moyens de s’offrir une bonne qui est logée au 6ème étage et qui est entièrement à leur service. Peu à peu, Monsieur va découvrir ce 6ème étage réservé aux « bonnes » avec un escalier de service. Toutes espagnoles. En fait, le film est centré sur l’Espagne. A travers ces femmes, on découvre l’ambiance espagnole, la fraternité, la gaieté, la fête, la bonne humeur et la chaleur espagnole. Un vrai régal. Presque un envoutement ! A tel point que notre pauvre agent de change devient accro au 6ème !
Dans les années 60, l'arrivée en France des Espagnol(e)s qui vont travailler comme employé(e)s de maison dans des familles bourgeoises...
L’histoire, on la devine dès le départ… Mais le jeu de Luchini, Jean-Louis Joubert, et de Natalia Verbeke, Maria, est excellent. Très naturel. Natalia est ravissante, discrète, sobre et lance des regards qui en disent long. Pour une fois, Luchini n’en rajoute pas. Il se laisse doucement prendre aux charmes espagnols, et on sent vite qu’il va succomber… Quant aux femmes espagnoles (dont Carmen Maura et Lola Duenas, qui ont joué pour Almodovar), elles sont dans leur élément, en jouant les … espagnoles pauvres mais si riches par le cœur. Quelle gaieté, quel bonheur de les voir vivre ensemble, dénuées mais heureuses, tellement vivantes ! Et à la clé, une jolie histoire d’amour…
Par contre, Sandrine Kiberlain, Suzanne Joubert, est assez désagréable, et son rôle est ingrat : celui d’une bourgeoise, froide et bête, qui n’arrête pas de se plaindre alors qu’elle ne fait rien de la journée… Quant aux enfants du couple, leur jeu est carrément à proscrire. Ca sonne faux, archi-faux ! Heureusement qu’ils n’apparaissent que de rares fois à l’écran. Une horreur !
On peut regretter de ne voir l’Espagne que durant les dernières minutes du film. Alors que c’est un si beau pays. Mais ce film lui donne quand même une place de premier choix, et d’une certaine façon une leçon à la France qui vit riche, mais bêtement emprisonnée dans ses conventions sociales des années 60, toujours vraies aujourd’hui !
source: PublikArt