REVIEW : Grails, Deep Politics

Publié le 08 mars 2011 par Vargasama

Grails

Deep Politics

Temporary Residence (2011)

Grails… Voilà un groupe qui mérite que l’on s’attarde sur son histoire ou plutôt sur l’évolution même de son style musical. Après des débuts assez discrets avec deux premiers albums très « classiques », dans un style post-rock réussit mais peut être pas très inventif. (« The Burden Of Hope » et « Redlight », tous deux disponibles chez Neurot Recordings. C’est d’ailleurs sûrement grâce au label que le groupe a eu assez d’exposition pour toucher un maximum d’auditeurs). Le quatuor de Portland c’est alors essayé à quelques expérimentations sonores qui donnèrent naissance aux « Black Tar Prophecies I, II et III» en 2006 qui furent un véritable tournant dans la façon dont le groupe voyait la musique. S’en suivirent alors trois albums magnifiques (« Burning Off Impurities », « Take refuge In Clean Living » et « Doomsdayer’s Holyday ») qui ont permis à Grails de se détacher de la scène post-rock et ainsi a développer son style, difficile a classer, entre rock progressif, ambient, post-rock et musiques de films.

L’arrivée en de début d’année de « Deep Politics » ne pouvais donc pas passée inaperçue. Dés la première écoute on se rend compte que Grails a encore passé un cap dans sa façon de composer. Le titre « Deep Politics » est planant, beau, triste (vous en conviendrez que la plupart du temps l’un de va pas sans l’autre), il semble comme sortie d’un film dramatique des années 70. (J’en ai encore des frissons rien de repenser à la beauté saisissante du titre). Mais là où encore une fois ce nouvel album puise son originalité est dans l’ambiance même des titres, on se rapproche vraiment d’une B.O de film. Les membres du groupe l’avaient d’ailleurs annoncé durant quelques interviews précédant la sortie de l’album, l’orchestration, la construction même des titres se rapprochera beaucoup plus d’une B.O que d’un album de rock conventionnel, mais on était loin d’imaginer un tel résultat. Le travail est hallucinant, on a même l’impression d’avoir déjà entendu certains titres dans des grands classiques du cinéma, ainsi « Daughters Of Bilitis » sonnant tel le thème du « Professionel » de Lautner ou « All The Colors O The Dark » frisant le génie d’Ennio Morricone. Emotionnellement très fort, l’album n’est assurément plus un album rock « conventionnel ». Chaque titre montre un incroyable talent de composition. « Almost Grew My Hair » rappel tout de même d’une très belle manière que Grails reste malgré tout un groupe d’inspiration rock et ce n’est pas pour nous déplaire, on frôle même le génie des Pink Floyd« Deep Politics » semble donc puisé toute son inspiration dans l’ambiance caractéristique des films des années 70, je dirai même de la culture propre au 70′s.

J’ai osé comparer un instant Grails aux Floyds, certains me trouveront peut être fou ou … bourré. Mais face à un tel talent, une telle innovation dans le style, j’ai parfois l’impression de retrouver cette envie de créer, caractéristique des Floyds. Même « Deep Snow » clôturant l’album semble comme issue d’une « b side » d’ « Atom Heart Mother ».

Avec « Deep Politics », Grails vient de faire ce que d’innombrables groupes ne font plus depuis des années, composer une musique originale, unique, belle et envoutante, de qui rend cet album assurément incontournable, exemplaire, inoubliable. Bref… un chef d’œuvre.