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Château d'Anjony - Cantal

Publié le 08 mars 2011 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel
Une forteresse sur la Doire 
Au cœur des monts du Cantal, s'étire le long d'une arête volcanique qui domine la vallée de la Doire ( l'une de ces treize vallées qui rayonnent autour du puy Mary ), le petit village de Tournemire.
Tournemire, village typique de cette région du pays vert, avec ses belles maisons en lave couvertes d'ardoises ou de lauzes, fut choisi, honneur insigne, parmi les plus beaux villages de France. A son extrémité ouest, en contrebas de la petite église romane et telle une figure de proue, se dresse le château d'Anjony avec ses quatre tours rondes pointant vers le ciel.
Château d'Anjony - Cantal
La règle d'or étant d'intimider l'ennemi, de l'empêcher de vaquer au pillage, toute forteresse affiche un côté fier-à-bras. Dressant son donjon sur la vallée de la Doire, l'impressionnant château d'Anjony joue ce jeu guerrier.
Un premier château, très ancien ( 1351 ), dit de Tournemire, fut le fief d'une maison chevaleresque habituée à tenir l'épée. Là, se réfugia au plus fort de la guerre de Cents Ans, le routier Aymerigot Marchès, ou Marcel, truand de haute volée et grand preneur de forteresses. Le maître des lieux, pour entrer dans les bonnes grâces du Duc de Berry, le fit prisonnier et le livra à la justice du roi qui s'empressa alors de lui faire trancher la tête et de le faire écarteler.
La paix s'installait lorsque vers 1439, fut édifié le second château par Louis II d'Anjony, compagnon de Dunois et de Jeanne d'Arc, tout à côté des tours de Tournemire dont la famille partageait la seigneurie depuis 1351. Les deux familles châtelaines ne supportèrent pas la coexistence et entrèrent en conflit : il y eut guerre ouverte pendant deux cents ans. L'affaire ne s'acheva que par un mariage, en 1623 et le départ des Tournemire. Totalement défaillante, la justice royale n'avait jamais pu intervenir.
Avec ses 40 mètres de haut, ce château de basalte rougeâtre est l'un des plus remarquables de la Haute-Auvergne. Du point de vue architectural, cette forteresse se réduit à un donjon entouré de quatre tours d'angle et ne comprend qu'une pièce par étage. Au VIIIè siècle, a été ajoutée une aile aux dimensions modestes, aménagée au goût de l'époque. Au sous-sol, le cellier voûté en demi-berceau constitue une puissante salle basse.
A l'intérieur, le château conserve un remarquable mobilier : vaste cheminé portant la devise Fides Hic Semper ( " La Foi ici et toujours " ), des tapisseries des Flandres et d'Aubusson, un lit à baldaquin, un fauteuil " à système " permettant de s'y étendre. La chapelle aménagée dans la tour Sud-est est décorée de fresques ( XVIè ) qui figurent des scènes de la vie du Christ. Au second étage, la salle des Preux est ornée de fresques montrant Michel d'Anjony et sa femme, Germaine de Foix, grandeur nature et en costume de la fin du XVIè, entourés de neuf preux. La salle d'audience, au troisième étage, couverte en croisées d'ogives, abrite deux grandes tapisseries dont une verdure des Flandres ( scène de chasse à courre ). Par les meurtrières du chemin de ronde, la vue porte sur la vallée de la Doire et du sommet de la dernière tour, elle s'étend sur l'ensemble du château et les environs.
L'église romane du village ( XVè ) présente des panneaux sculptés et une épine de la Couronne du Christ rapportée de croisade.

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