Colère de clients de microfinance en Inde.
Quatre objections sont mises en avant : l'absence de besoin pour les IMF d'adhérer à des marchés financiers, le manque d'altruisme des introductions en bourse, l'absence de résultats concrets de lutte contre la pauvreté par les marchés financiers ; et l'imposition de taux d'intérêts trop élevés.
Ceux qui sont en faveur des introductions en bourse affirment qu’elles permettent d’accéder aux marchés financiers internationaux pour obtenir de nouveaux fonds, pouvant être utilisés pour réduire la pauvreté en offrant des prêts supplémentaires. Cet argument soulève cependant de nombreuses questions.
Premièrement, les IMF n’ont pas besoin des marchés financiers internationaux pour financer leurs prêts. A titre d’exemple, les banques Grameen Bank II et Bank Rakyat Indonesia financent leurs prêts par un surplus de fonds approvisionnés par l’épargne volontaire. Dans les deux cas, un plus grand nombre de pauvres bénéficient des services d’épargne que des services de prêts. De plus, la possibilité de lancer une introduction en bourse n’encourage pas certaines IMF à mobiliser l’épargne.
Deuxièmement, il serait déplacé de donner aux introductions en bourse une image altruiste. Elles attirent les investisseurs à cause des bénéfices non distribués (et des subventions) que ces organisations accumulent. D’où proviennent ces bénéfices non distribués ? Ils proviennent de la sueur des pauvres femmes qui empruntent auprès de ces organismes de prêts. Plutôt que de baisser les taux d’intérêts, la possibilité de lancer une introduction en bourse amène les initiés à pratiquer des taux d’intérêts élevés afin d’accroître plus tard leurs gains personnels. C’est faire preuve de sophisme que d’affirmer qu’en effectuant une introduction en bourse, on profite d’un groupe d’emprunteurs en pratiquant des taux d’intérêts élevés et, qu’en plus, l’on profite des pauvres femmes en imposant des taux d’intérêts élevés sur leurs emprunts pour supporter les cours de l’action.
Troisièmement, je me préoccuperais moins des introductions en bourse dans le secteur de la microfinance si les crédits octroyés aidaient de nombreux pauvres à sortir de la pauvreté. Les piètres résultats économiques, dévoilés par les essais aléatoires avec groupes de contrôle récents, révèlent que très peu de progrès sont en cours de réalisation. Si la plupart des emprunteurs utilisent les crédits pour stabiliser la consommation alors que très peu d’entre eux gèrent des entreprises dynamiques en croissance, ces résultats sont compréhensibles.
Quatrièmement, les taux d’intérêts toujours élevés, accompagnés des introductions en bourse, fournissent des arguments dévastateurs pour les démagogues. Le secteur de la microfinance ne peut se permettre d’être perçu comme étant un moyen pour quelques initiés de s’enrichir aux dépens des pauvres.
Lire le rapport 2011 État de la Campagne du Sommet du Microcrédit : http://www.microcreditsummit.org/SOCR_2011_FR_web.pdf
Dale W. Adams a notamment dirigé la publication du livre Finance informelle dans les pays en développement (Presses Universitaires de Lyon, 1994).