Après les alcooliques, on a décidé avec le camarade Robert U de faire un nouveau onze-type. Si des joueurs comme Messi ou Cristiano Ronaldo, pour ne citer que les deux plus connus, nous régalent chaque weekend avec leurs dribbles, leurs gestes techniques et leur virtuosité ballon au pied, il ne faut pas oublier que le football est aussi un sport de contact. Donc le temps d’un article, on va arrêter de se masturber sur le jeu collectif du Barça, et pour une fois, on va se focaliser sur une classe de joueurs trop souvent méprisés : les bourrins. En même temps, le football devient de plus en plus physique, donc il faudra bien s’y faire un jour : les bourrins domineront le monde tôt ou tard, donc autant leur dérouler le tapis rouge dès maintenant, si on ne veut pas se retrouver à l’hôpital avec une jambe en moins. Une fois n’est pas coutume, on a décidé de troquer le classique 4-3-3 messin époque Joël Muller 2005-2006 pour un 3-4-3 udinois époque Pasquale Marino 2007-2008. Car à OmniZine, on aime le 3-4-3, même si jouer comme ça en 2011 est un petit suicide footballistique.
Le gardien de but
La defense
Comme je l’ai dit en intro, une fois n’est pas coutume, cette équipe va jouer avec une defense à trois. Enfin vu les lascars qui la compose, elle a de quoi faire peur le meilleur des attaquants. A droite, on a Francis « Cisco » Llacer, la légende du PSG, formé au club, protégé de Luis Fernandez. Avec ça, il avait vraiment tout pour réussir. A côté de lui, Mendy était un joueur technique. Car ce n’est pas pour rien que Cisco partage le même prénom qu’un autre Francis connu… Francis Heaulme. Un peu comme Francis Heaulme, Cisco était une sorte de meurtrier, dont l’arme préférée était le tacle assassin. Mais il y a un truc incroyable lorsque l’on parle de Francis Llacer : lorsque l’on tape « francis llacer » sur YouTube, on aurait pu s’attendre à la compilation des plus beaux meurtres de Cisco sur un terrain de football, mais que nenni, à la place, on trouve ça :
Seul dans l’axe, on retrouve Khalid Boulahrouz, dit le Cannibale. Khalid, c’est un véritable poète, à tel point que les esthètes de l’Ajax l’ont refoulé de leur centre de formation, n’arrivant sans doute pas à saisir la grâce que peut dégager Boulahrouz sur un terrain de football. En même temps, ce qu’on apprend à l’Ajax quand on est défenseur central, c’est de défendre debout et d’aligner des transversales de 40 mètres (cf Frank De Boer), donc fatalement, le petit Khalid, qui voulait se salir à force d’arracher la pelouse de ses tacles, ne pouvait pas s’adapter. Enfin qu’importe, le Cannibale est aussi un des premiers hommes à avoir exaucé le souhait de pas mal de footeux : foutre une énorme semelle à Cristiano Ronaldo, et ce, sans prendre de carton rouge. Chapeau l’artiste.
A la gauche de cette défense déjà très rugueuse, on retrouve la légende la L1 : le mythique… Cyril Rool. On parle souvent des 1000 buts de Pelé ou de Romario (vous savez, ce qu’ils ont marqué quand ils étaient en CE2 dans la cour de récré), mais je suis sûr que si Cyril Rool en avait fait de même concernant les cartons, il ne serait pas loin des 1000 cartons. Bon j’exagère un petit peu. En championnat, Cyril Rool, c’est 368 matches, 156 cartons et 23 cartons rouges, soit un carton tous les deux matches. Pour être précis, un carton toutes les 168 minutes. Toutes compétitions confondues, on est à 444 matches, 187 cartons jaunes et 27 cartons rouges, et un carton toutes les 170 minutes. Tout simplement incroyable. Et pour illustrer ces chiffres, une petite vidéo est bienvenue.
Le milieu de terrain
Devant la defense, on a Stig Tofting, le capitaine de l’équipe. De tous les mecs qui composent cette équipe, je pense que c’est le plus hardcore. Il cumule tout : un style plus qu’agressif sur un terrain de football (un Gravesen boosté aux hormones en quelque sorte), de la prison ferme (comme Barton) et une vraie tête de skinhead (le petit plus produit par rapport à Barton, qui fait qu’il est capitaine). Jusque-là, Stig Tofting n’est qu’un voyou de plus. Mais ce qui fait qu’il est bien plus que ça, ce qui fait que c’est un véritable anti-héros, c’est son histoire. En effet, comment auriez-vous réagi si à l’âge de 13 ans, en rentrant tranquillement du football, vous aviez découvert vos deux parents morts, en apprenant par la suite que votre père avait assassiné votre mère, avant de se suicider ? A partir de là (je crois que bon), il n’y a plus que deux possibilités : soit vous prenez tout sur vous et vous devenez dépressif (avec tout ce que va avec) soit vous rejetez votre colère sur les autres.
A sa droite, on retrouve Roy Keane, la légende de Manchester United, et sans doute la seule véritable légende de ce onze-type. Car il ne faut pas déconner, Keane, c’était quand même un sacré milieu défensif, présent partout, généreux dans l’effort, charismatique. Et caractériel. On peut citer deux épisodes célèbres illustrant ce tempérament tout feu tout flamme. Tout d’abord, cette confrontation verbale entre Vieira et lui, en 2005 : Vieira commence à chauffer Keane, ce dernier demandant alors à Graham Poll, l’arbitre, de « [lui] dire de fermer sa putain de gueule », puis après, en conférence de presse, Keane qui en rajoute une couche en se demandant pourquoi Vieira n’avait pas choisi de jouer pour le Sénégal. Ensuite, il y a cette confrontation physique avec Haaland, et ça se passe en vidéo.
De l’autre côté, il y a Nigel De Jong, le benjamin de cette équipe, et sans doute le fils spirituel du pitbull, Edgar Davids. Formé dans le même club à l’Ajax, mêmes origines surinamiennes, même poste, même gabarit, même style. Concernant ce style de bourrin, il le concédait dans une interview : c’est le destructeur, et donc lors d’une contre-attaque, l’adversaire n’a pas le droit de passer Nigel de Jong. Et tant pis si ça signifie une fracture tibia-péroné pour l’adversaire (coucou Hatem) ou une semelle pleine poitrine (coucou Xabi).
Dernier joueur de ce milieu de terrain, et l’on a déjà cité, j’ai nommé bien sûr Joey Barton. C’est un bon lui aussi : agression à l’entraînement sur son coéquipier, Ousmane Dabo, ce qui lui a valu deux mois de prison ferme en 2008, nombreuses unes de tabloïds sur ses frasques nocturnes, tacles assassin en veux-tu en voilà. Sa violence sur un terrain de football en a exaspéré plus d’un, et notamment son ancien entraîneur, Alan Shearer, après une expulsion lors d’un match clé pour le maintien en mai 2009. Car Joey Barton, contrairement à un Keane ou à un Tofting, c’est parfois bien plus qu’un engagement physique parfois limite : comme le montre la vidéo qui suit, c’est aussi des agressions purement gratuites (bon ok, Keane sur Haaland, c’était un peu gratuit, enfin bon, Keane a juste respecté la loi du Talion : « œil pour œil, dent pour dent »). N’empêche, Etuhu garde parfaitement son sang-froid, et c’est tout à son honneur, car je connais des joueurs qui auraient foutu une belle droite à Barton.
L’attaque
A gauche, on a le désormais mythique Evaeverson (et ouais, c’est son prénom) “J’ai pas touché” Brandao. Il ne s’est jamais distingué par une violence exacerbé, mais ça reste l’archétype type du joueur ultra bourrin et physique. Ca doit être dur à porter quand t’es brésilien n’empêche. Mais lui s’en fout, tous les weekends, il étrenne son mètre quatre-vingt-neuf, il épuise la dépense en se donnant à 110 %, il fout des petits coups de coude en douce et bien sûr, il vendange 9 occasions sur 10. Mais bon, on l’aime quand même le Brandao.
Enfin, en pointe, on a le King, Eric Cantona. Un mélange de poésie et bourrinitude, entre classe ballon au pied et violence du coup pied sauté, et ce, toujours le col relevé. Cantona c’est un peu tout ça à la fois : d’un côté, il t’élimine toute la défense de Sunderland pour marquer un but d’anthologie, de l’autre, il démonte la gueule d’un supporter de Crystal Palace en plein match, ce qui lui a valu neuf mois de suspension. Mais Cantona, c’est aussi d’autres suspensions dues à des gestes violents, comme en 1994, lorsqu’il enchaîne deux cartons rouges consécutifs, entraînant cinq matches de suspension. Et n’oublions pas non plus ce moment d’anthologie, durant lequel Cantona traite le sélectionneur de l’Equipe de France de l’époque, Henri Michel, de « sac à merde ».
Sur le banc, rendons quand même hommage à des joueurs comme Edgar Davids (aka le pitbull), Jaap Stam (tête de skinhead mais doux comme un agneau dans la vie il paraît), Dennis Oliech (l’anti-football par exemple, l’exemple du footballeur qui court vite et… c’est tout), Fred (l’homme qui fout des coups de coude quand il perd, il suffit de demander à Chivu), Lorik Cana (l’homme qui prenait quasiment autant de cartons que Rool au début de sa carrière) ou encore John Fashanu (un inconnu notoire qui a joué à Milwall, club réputé pour ses supporters violents, dont le principal fait d’armes est d’avoir indirectement poussé son frère au suicide en participant au harcèlement homophobe suite au coming-out de ce dernier, et en déclarant notamment « Mon frère est un paria »).
© François pour OmniZine - L'omni-webzine des omnivores de la culture, des sports et de la geekitude !, 2011. | Permalien | Pas de commentaire