Drame - 1h40
Sortie salles France - 16 février 2011
avec Monica Guerritore, Antonio Catania, Victoria Larchenko...
Grand Prix et prix CICAE - festival film italien d'Annecy
Susanna, psychologue dans un centre d'aide aux femmes victimes de violences, et Alfredo, architecte, forment un couple quinquagénaire aisé et épanoui qui a pour l'habitude de passer ses vacances d'été dans leur sublime domaine de campagne. Un jour, Susanna ne peut rester insensible en voyant sur le bord de la route qui la ramène à la maison estivale une très jeune prostituée se faisant gifler par un homme. Elle n'a plus qu'une idée en tête, aider cette jeune fille en l'hébergeant chez eux. Effarouchée, apeurée, la fragile Ukrainienne se laisse finalement accueillir, nourrir, loger, vêtir. Peu à peu elle semble reprendre confiance et retrouver le goût de vivre sans crainte... ou presque. Autour de cette nouvelle famille, des voisins caricaturaux de préjugés, un fils fiancé qui va néanmoins en pincer pour la belle Ukrainienne, des tensions qui s'imiscent peu à peu. Les gens bien, hospitaliers et humanistes, se le resteront-ils ?Malgré le décor de rêve, le paysage méditerranéen, la dolce vita, ces jours d'été qui s'écoulent avec les petits déjeuners en terrasse, la vue qui dévale les pentes jusqu'à trouver la mer, l'insousciance de la vie de ces gens aisés, les repas entre amis et en famille, le bon vin, le fromage fameux, ce film décrit un milieu protégé qui est gangréné malgré lui par les préjugés, les fissures de la jalousie, des pressions sociales. Une harmonie qui se craquèle par l'immersion volontaire de Nadja, cette prostituée qu'on a voulu sauver de l'enfer, cette fille que les voisins voient d'un mauvais oeil ou que les hommes regardent en se rinçant l'oeil, cette fille qui prendra l'allure d'un danger lorsqu'elle sera attachée plus intimement à cette famille, comme un grain de sable qui s'immisce ailleurs que là où on le prévoyait d'aller.
Décidemment, le cinéma italien contemporain qu'on nous donne à voir me plaît beaucoup. Après Amore et Le premier qui l'a dit, on sent que les réalisateurs de ce pays s'en donnent à coeur joie pour stigmatiser les beaufs Italiens qui affichent fièrement leurs relents racistes et leurs obsessions matérialistes. Mais ils s'attaquent aussi aux bien-pensants en grattant sous la surface, en révélant leurs limites.
Les acteurs sont impeccables, une belle surprise, un film que certains disent léger mais qui met en scène un drame humain lourd, osant la fin cynique comme inéluctable.
L'avis de Julien Marsa - Critikat.com