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Groupe Charon : Argumentaire comparatif entre Soins Palliatifs et Euthanasie

Publié le 08 mars 2011 par Groupecharon
Bien que l’évolution sociale aille indéniablement dans ce sens, comme en atteste la répétition depuis quelques années de démarches incitant à la légalisation d’une forme ou d’une autre d’euthanasie, une réticence majeure persiste, s’appuyant sur la mise en avant des Soins Palliatifs, présentés comme une réponse alternative aux justifications qui poussent à une demande d’euthanasie. C’est en grande partie cette opposition qui semble responsable du retard pris en France à l’adoption d’une législation ouvrant droit à une forme d’euthanasie.
Outre ses conséquences sociales et humanitaires, ce retard entrave fortement l’ouverture d’un marché dont le Groupe Charon a, dès son billet du 23 Janvier 2011, souligné à la fois l’importance et le fort potentiel de développement.
Face à cette situation, préjudiciable à la fois aux personnes en fin de vie et à une activité économique riche de promesses, le Groupe Charon entend mettre à disposition des décideurs les pistes de réflexion utiles à la comparaison des deux attitudes concernant l’accompagnement de la fin de vie, l’euthanasie d’une part et les soins palliatifs d’autre part. Il entend par là montrer que les deux attitudes ne s’opposent pas, répondant chacune à des attentes différentes.
Les soins palliatifs visent à accompagner la personne en fin de vie et ses proches jusqu’au terme naturel de sa vie. Ils cherchent à atteindre cet instant en respectant ou restaurant un confort suffisant pour que la période vécue avant le décès reste un temps de vie et non un temps d’attente de la mort. Le but premier est de redonner du sens au temps vécu. Le soulagement est un moyen indispensable à la recherche de ce but premier et constitue dès lors un but secondaire de la prise en charge. Mais c’est un moyen suffisamment indispensable pour qu’il justifie toutes les prises de risque, y compris celui d’abréger la vie en tentant de l’atteindre.
L’euthanasie vise à soulager une souffrance en supprimant la vie qui l’éprouve. Concernant l’euthanasie à la demande de la personne concernée, elle restaure le sens d’une part par le renforcement de l’autonomie du mourant jusque dans le choix de mourir et d’autre part par la vertu de l’acte du soulagement. Ici, le soulagement est l’objectif premier, la mort en est le moyen, et la quête de sens se réalise dans l’acte lui-même plutôt que la vie qui y conduit.
Sur un plan psychologique, les deux attitudes sont ainsi largement opposées : pour les soins palliatifs, la quête de sens cherche à faire émerger un sens de la vie, alors que pour l’euthanasie elle se concentre sur le sens de la mort ; pour les soins palliatifs, la mort est une réalité non désirée mais incontournable qui ne laisse pas d’autre option que de l’accepter voire de la risquer pour permettre un soulagement, alors que pour l’euthanasie elle est, après d’autres, le moyen ultime d’atteindre le soulagement.
Sur un plan pragmatique, les deux attitudes sont néanmoins largement similaires : pour les soins palliatifs comme pour l’euthanasie il existe une quête de sens ; pour les soins palliatifs comme pour l’euthanasie la survenue de la mort est incontournable ; pour les soins palliatifs comme pour l’euthanasie la survenue de la mort durant la recherche du soulagement est légitime.
Sur un plan économique, les deux attitudes sont enfin largement incomparables : pour les soins palliatifs, les coûts incluent la mobilisation sur plusieurs jours à plusieurs semaines d’intervenants multiples dans le cadre d’une approche pluridisciplinaire, celle de moyens techniques parfois lourds pour la gestion de la douleur ou de divers symptômes, une structure fréquemment hospitalière ; pour l’euthanasie, les coûts se limitent à la mise à disposition de matériel (seringue, perfusion, produits euthanasiants) bon marché pour une durée extrêmement brève, avec une charge en personnel réduite au minimum si ce n’est durant la phase préalable de décision légalement imposée dans une forme administrative précise.
Les aspects psychologiques relevant par définition de la psyché, c’est-à-dire de l’espace intérieur de l’individu, inaccessible à toute forme de contrôle social, et lieu d’application de la liberté de pensée, de la liberté d’opinion, de la liberté de conscience, ils ne peuvent par essence et en droit être l’argument ou l’objectif d’une quelconque réglementation. La réglementation a par contre toute légitimité à se préoccuper des aspects pragmatiques, et, étant comptable pour la collectivité du bon usage des deniers publics, a le devoir de veiller à l’utilisation judicieuse des fonds mis en commun par la nation et se doit de peser rigoureusement les aspects économiques.
C’est cette réflexion que le Groupe Charon souhaite porter à l’attention des décideurs en prévision de leurs prochains débats sur la légalisation d’une forme ou d’une autre d’euthanasie ou d’assistance médicalisée à mourir. Confiant en la sagesse du législateur et en l’issue de ce débat, le Groupe Charon, comme il a déjà commencé à le faire, poursuit pour ce qui le concerne sa préparation afin de lui permettre de disposer, le moment venu, des outils et des structures utiles à la mise en œuvre sans délai du droit pour chacun à une mort choisie dans le cadre légal qui aura été retenu.

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