1901 : La reine Victoria vient de mourir. C’est l’avènement d’une nouvelle ère, loin des rigueurs du règne précédent. C’est le début du vingtième siècle. Bientôt l’électricité remplacera les lampes à huile, les automobiles les fiacres.
Les Waterhouse et les Coleman n’ont en principe rien en commun si ce n’est un certain niveau social et des tombes voisines au cimetière, pourtant leurs familles seront amenées à se côtoyer quand leurs filles Lavinia et Maude sympathisent derrière les pierres tombales. Les Waterhouse sont conventionnels et envieux. Les Coleman sont riches et excentriques. Leurs filles sont totalement différentes. Pourtant, au fil des années, leur amitié ne cessera de grandir.
Portrait d’un début de siècle mouvementé, Le récital des anges est dans la veine des autres romans de Tracy Chevalier : un roman historique, ou l’Histoire romancée. Dans ce roman, Tracy Chevalier se penche donc sur la fin de la période victorienne et l’émergence du mouvement des suffragettes dans une Angleterre en mutation. A travers le personnage romanesque et fantasque de Kitty Coleman, qui donne un but à sa vie vaine et désoeuvrée en rejoignant le mouvement des suffragettes, elle nous dévoile un combat âpre, difficile, moqué par les uns, craint par les autres. Kitty se bat au début du siècle, et il faudra que les anglaises attendent 1928 pour avoir le droit de vote à partir de vingt et un an. C’est le principal attrait d’un roman qui se disperse trop parmi les multiples voix qui le composent. Cependant, cette trame politique n’apparait pas tout de suite dans le roman, avant de prendre beaucoup d’ampleur, comme si elle n’était pas prévu. Le résultat, inégal, est un roman déséquilibré, aux personnages creux.
Le seul personnage véritablement intéressant est Kitty, une femme libérée et moderne, qui se bat pour ce en quoi elle croit. L’on peut également citer le personnage de Simon, jeune fossoyeur, qui semble tout droit sorti d’un roman de Dickens et dont la franchise et la bonne humeur rythment le récit.
Le fil rouge du roman est l’amitié qui lie les deux petites filles, Lavinia et Maude. Si Maude est un personnage plutôt plaisant, Lavinia, elle, est franchement désagréable. Maniérée, hautaine et prompte à se plaindre, elle semble le stéréotype même de la femme faible et fragile, très XIXème siècle. Maude, elle, est une jeune fille tournée vers l’avenir : elle souhaite aller à l’université, exister en dehors de son futur époux.
Le roman se clôt sur un drame, peut-être un peu trop violent. Ce que l’on peut reprocher à ce roman, c’est de manquer de mesure. L’on s’ennuie au début, puis tout se précipite à la fin. Dommage, car l’idée de base était bonne.