La vie de Ian Curtis, leader du groupe mythique de rock anglais Joy Division. Tiraillé entre sa vie de famille, sa gloire naissante et son amour pour une autre femme, Ian Curtis s'est suicidé le 18 mai 1980, à la veille de la première tournée américaine du groupe qui s'annonçait triomphale. Ian Curtis a changé le rock, sans le vouloir, sans le savoir...
Film américain, britannique, japonais, australien (2007, 1h59min) de Anton Corbijn avec Sam Riley, Samantha Morton, Alexandra Maria Lara...
Control est à la fois un film et un témoignage. Il offre aussi à voir l’une de ces
comètes musicales qui va marquer de manière indélébile le rock indépendant à la manière du Velvet Underground d’antan. Le lien de parenté est par ailleurs revendiqué et assumé tant les divers poulains d’Andy Warhol auront marqué Ian Curtis, David Bowie et Iggy Pop en haut du podium.Control n’est pas l’histoire de Joy Division même si bien sûr le groupe y occupe une place d’honneur. C’est avant tout l’histoire d’un jeune homme mancunien, Ian Curtis, véritable poète qui ne demande qu’un peu d’évasion. Marié jeune, trop jeune, père de famille jeune, peut être trop aussi. Par ailleurs souffrant de crises d’épilepsies de plus en plus intenses, Ian Curtis se donne tout entier jusqu’aux limites du corps et de l'esprit. Au gré des concerts qui ramènent toujours plus de monde et de sa relation tendue avec sa femme, le jeune homme connait à la fois la gloire et les bas-fonds. Sa rencontre avec une journaliste belge marque probablement un point de non retour. A partir de ce moment, tout bascule. Ian Curtis perd tout appui et s’enfonce toujours un peu plus dans les malaises physiques et psychologiques. Puis vient l’opportunité américaine où le groupe jouit d’une jolie renommée malgré leur seul album sorti du vivant de Ian Curtis : Unkown Pleasure, véritable brulot post punk. Il existe aussi un mini album mais le son évoluera tellement que je le laisse de côté. Closer paraitra à titre posthume ainsi que divers autres titres studios ou lives réunis aujourd'hui dans un très beau coffret. Ceux que ça intéresse s’intéresseront. La veille de la tournée cependant, il décide de tirer le rideau et se pend au domicile conjugal après avoir renvoyé sa femme et leur fille.
L’histoire n’est pas un secret. Anton Corbijn, qui a réalisé certains clips pour le groupe (et plus tard pour Depeche Mode), y reste fidèle et n’épargne aucun côté. De toute façon, la vie de Ian Curtis suffit à faire un scénario solide. Là où le réalisateur côtoie le génie, c’est dans son traitement de l’image tout en noir et blanc. Tout y est. Les plans, l’image ; la musique est toujours à propos et pour cause : elle intervient au moment où son auteur les écrit, comme pour leur donner un cachet supplémentaire. Pour couronner le tout, le casting est absolument fabuleux. Les acteurs, des membres du groupe jusqu’aux personnages « secondaires », ressemblent à s’y méprendre aux êtres qu’ils interprètent. Je souligne par ailleurs que chaque morceau live est interprété par les acteurs, et non par Joy Division ou un autre groupe de covers. Le souci du détail va jusqu’à intégrer un artiste ayant fait la première partie du groupe, reprendre posture pour posture leur premier passage tv, etc.
En un mot comme en cent, en plus d’être un très bel hommage, Control est aussi un très beau film sans fausse note.
note :
Les Murmures.