Face à l'imposant Weber, Bénabar fait le poids...

Publié le 07 mars 2011 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Présentée au Rond-Point depuis jeudi, la nouvelle pièce de Fabrice Roger-Lacan, "Quelqu'un Comme Vous", est mise en scène par Isabelle Nanty qui avait déjà travaillé sur deux des précédentes oeuvres de l'auteur,"Cravate Club" et "Irrésistible".

Un homme, Jacques Weber, seul sur une plage déserte, se repose. Un second, Bénabar, vient s'installer à quelques centimètres de lui. Le premier se sent agressé, ne comprenant pas pourquoi ce dernier se colle à lui compte tenu de l'espace disponible... S'ensuit alors une conversation quelque peu tendue entre les deux hommes, prêtant souvent à rire, qui se poursuivra par un échange plus général et presque philosophique sur l'Homme, le rapport à l'autre, ou encore le Monde, pas toujours inintéressant, avant  un coup de théâtre  que nous ne dévoilerons pas ici (pas plus que son issue), un peu attendu, dirons-nous,  et que l'auteur mène à terme assez maladroitement...

Remarquablement bien dirigé, ce duo inédit fonctionne parfaitement. Weber, comme toujours sur un plateau, est à l'aise, large, généreux, drôle, subtile. Pour être à sa hauteur, Bénabar a beaucoup bossé. Précis dans son jeu, dans sa diction, il ne se fait pas écraser. Vif, piquant, il se révèle un excellent partenaire.

Souhaitant focaliser l'attention du spectateur sur l'échange intellectuel des deux hommes plus que sur l'intrigue ou la situation qui, disons-le, ne sont pas des plus réussies, Isabelle Nanty nous surprend en faisant fi de tout réalisme, cassant les codes et conventions de la représentation théâtrale. Par exemple, tout en poursuivant leur dialogue, les comédiens quittent l'aire de jeu pour se réhydrater et font une pause, à la manière des joueurs de tennis entre deux sets, ou encore s'assoient à l'avant du plateau... C'est malin, intelligent, bien vu, et ça fonctionne.

Reste que l'échange est un peu court, et que pour passer outre cette dramaturgie bancale, il nous faudrait un propos plus dense et un style plus affirmé... Isabelle Nanty compare le travail de Fabrice Roger-Lacan à celui de Pinter ou Beckett. Il y a un peu de cela, c'est vrai. On pense aussi à Ionesco. La différence majeure se situant dans le fait qu'aucun des auteurs cités ne néglige la forme au profit du fond. Ou inversement. Ou les deux...

En conclusion, convaincus et séduits par Weber et Bénabar ainsi que par la pertinence de la mise en scène, on reste sur notre faim en ce qui concerne la matière première du spectacle, à savoir le texte . Car de ce côté-ci, il y a encore du boulot. Notre sentiment était d'ailleurs similaire il y a quelques années au sortir de "Cravate club" ou d'"Irresistible". 

Mouais, mouais, mouais...

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Jacques Weber et Bénabar à la plage
envoyé par WebTV_du_Rond-Point. - Futurs lauréats du Sundance.