Aujourd’hui, il nous fait une synthèse de l’interview qu’a donné Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme à Tunis. Dans le prochain article il nous livrera son témoignage sur la manifestation de Tunis du 26 février qui a fait cinq victimes.
Sauver la saison et travailler le long terme
«Thank you Facebook », la révolution lui doit en effet énormément. A Tunis, les panneaux sont couverts de ces slogans qui ont fait vibrer les manifestants tout au long de ces dernières semaines. Reste que les réseaux sociaux véhiculent tout autant les rumeurs. Celle de la démission, il y a quelques jours, du nouveau ministre du Commerce et du Tourisme Mehdi Houas, en fait partie.
Qui est donc cet homme de 51 ans né à Marseille, génie des mathématiques appliquées et qui a fondé l’entreprise Talan, société de conseil spécialisée dans l’intégration des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans les relations clients ?
Un monde de rumeur!
Il n’a pas la langue dans sa poche et répond tranqu
Voilà, on entre dans le tourisme. Mehdi Houas est clair. «Mon boulot n’est pas de passer mon temps à me justifier. Je ne suis pas là pour préparer une future carrière politique. J’ai le profil de l’homme de la situation. Je structure des projets de remise en route, d’autres prendront ensuite le relais. S’il n’y a pas de tourisme, il n’y a pas d’économie. Alors, il faut se retrousser les manches et travailler. Nous devons faire en sorte que l’économie redémarre au plus tôt.»
Il faut sauver la saison!
Mehdi Houas a déjà rencontré un grand nombre de professionnels du tourisme, tunisiens et étrangers. «Oui, il faut sauver la saison d’été et c’est en hiver que ça se prépare. D’où le lancement de la campagne I love Tunisia. Nous devons dialoguer, rassurer, avancer, travailler sur le long terme en même temps qu’agir sur les leviers immédiats.»
Le ministre comprend les craintes actuelles des touristes. « Nous souhaitons que ceux qui ont l’habitude de venir participent à un acte sentimental plus que citoyens. Mais il ne faut pas se tromper de cible. Ce sont des familles qui veulent un accueil et une tranquillité, pas se trouver au cœur d’un problème. Mais je crois que nous pouvons être confiants. L’axe de développement majeur de notre pays est le tourisme. Il faut bousculer les choses. Nous étions sans doute trop statiques. Les touristes, eux, ne le sont plus.»
25 hôtels pour le clan Ben Ali-Trabelsi!
Au fait, que dire des hôtels du giron Familles Ben Ali et Trabelsi ? «La famille Ben Ali avait des liens partout, même dans le marché de la fripe. Si, aujourd’hui, on ne veut pas toucher à ce qu’a touché Ben Ali, on fait une croix sur la Tunisie. Dans le malheur, nous avons un peu de chance. Ils étaient plus actionnaires que gestionnaires. Ils comptaient seulement les dividendes, ça simplifie la tâche. Nous coupons donc le cordon capitalistique. Ils sont présents directement dans 25 hôtels. Mais nous avons la responsabilité de conserver l’emploi. Nous avons donc débranché l’actionnaire pour nommer un administrateur judiciaire. Mais l’hôtellerie doit fonctionner.»
Propos recueillis par Alain Bossu