Georges Mandel : assassiné par la milice
Pour qu'un Alain Minc ou qu'un Serge Klarsfeld s'émeuvent de ces déclarations aux «relents moisis», c'est que la stratégie du président — bientôt sortant — en fait frémir plus d'un. C'est avec raison que les campagnes aux accents antisémites ou anti-musulmans nous choquent et nous scandalisent. Pas seulement parce que ces agressions font monter «la» Marine mais surtout parce qu'ils sont indignes de républicains dignes de ce nom. L'objectif est toujours le même : le rejet de l'autre, la peur de l'autre, le repli frileux sur un monde morbide car fermé sur lui-même.Depuis l'affaire Dreyfus, le 20e siècle a été parsemé d'attaques antisémites contre nombre de leaders et dirigeants de la gauche. Blum a été diffamé, Roger Salengro s'est suicidé, Georges Mandel et Jean Zay ont été assassinés par la milice. Pierre Mendès France a été calomnié et c'était par le père de la présidente actuelle du Front national et quelques autres (n'est-ce pas Rémy Montagne !) pourtant classés chez les démocrates-chrétiens. Quant à Laurent Fabius, il s'est même trouvé un (des) socialiste(s) pour clamer qu'il n'avait pas l'air « très catholique ».
Il existe un terreau français favorable au développement de la xénophobie et du racisme. Il existe aussi une tradition culturelle avec Céline, Brasillach, l'Action française et Maurras, le Crapouillot…c'est donc avec une intention malveillante que s'orchestre une campagne contre Dominique Strauss-Kahn avec tous les dégâts qu'elle peut susciter dans certaines consciences fragiles ou fanatiques.
Le pouvoir aurait donc choisi la tactique du bouc émissaire pour tenter de favoriser un deuxième tour entre Sarkozy (1) et Le Pen ? Ce calcul, cynique et hideux, échouera. Il échouera parce que tous les démocrates, tous les républicains se mobiliseront pour refuser cette détestable manipulation. La manipulation du désespoir !
(1) Nicolas Sarkozy a pourtant écrit un beau livre sur la vie de Georges Mandel ! « Georges Mandel (1885-1944), le plus proche collaborateur de Clémenceau, plusieurs fois ministre, fut un des grands symboles de la République. Sa fin tragique - il fut fusillé en forêt de Fontainebleau par la milice... - donna encore plus de relief à une existence qui n'en manquait guère. Cet homme était habile et courageux ; il fut insulté comme personne et se battit avec obstination pour que la vie parlementaire et le service public soient aussi exemplaires qu'il était possible dans le contexte tumultueux de la Troisième République. A travers cette biographie, Nicolas Sarkozy a voulu rendre hommage à un homme politique largement méconnu et dont le destin fut toujours, pour lui, un exemple et une source d'inspiration. »Le président de la République devrait relire son ouvrage et…s'en inspirer vraiment.