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L'histoire :L'histoire d'une rupture entre une femme, amoureuse, malheureuse et passive, et un homme caractériel qui la méprise. Il ne parvienne plus à se supporter, ni à vivre l'un sans l'autre. Elle finit par le quitter.Il découvre trop tard qu'il l'aime en retour.
Mon avis :Ce film largement autobiographique de Pialat est filmé dans le style ultra naturaliste habituel du réalisateur. Le scénario est presque austère, entièrement centré sur le sujet de la rupture. Le film est entièrement porté par ses acteurs qui déroulent de longues scènes dialoguées, aux airs faussement improvisées, très Nouvelle Vague.
Tout est conçu pour renforcer l'effet de naturel, de véracité, de banalité tragique d'une histoire à laquelle chacun peut s'identifier.
Le choix des acteurs avec Marlène Jobert, lumineuse et chétive, face à un Jean Yanne massif et brutal, est judicieux.
La violence, rentrée ou explosive, verbale et physique, du personnage de Jean infuse une peur et une tension dans tout le film. Son mépris, son désespoir, son incapacité à aimer la vie, légendaire chez Pialat, en font une grande figure masculine, presque romantique. Le personnage de Catherine (Marlène Jobert), d'abord fascinée et dépendante de son amant, qui finit par trouver le courage d'inverser les rôles, par mettre autant de ténacité dans son mépris pour Jean que de passion dans son amour, est également très fort.
La scène finale, où Catherine achève Jean ("Tu me promets que tu ne feras pas de bêtises? Si tu mourais, cela ne me ferait aucun effet, mais je ne voudrais pas qu'on croit que c'est de ma faute, ça me gênerait..."), qui rejoint ensuite les cohortes de voitures, avant de revoir les images-souvenirs de Catherine, symbole des femmes aimées et à jamais perdues, nageant dans la mer, est éblouissante.
Jean Yanne a reçu pour son rôle le Prix d'interprétation à Cannes en 1972.
Film franco-italien de Maurice Pialat (1972), avec Marlène Jobert, Jean Yanne, Macha Méril. 106 minutes.
Musique : Extraits de La Création de Joseph Haydn.