"we all need an audience don't we?"
C'est Mary Crawford (jouée par Embeth Davidtz) qui dit ça à Fanny Price (jouée par Frances O'Connor) dans Mansfield Park.
Un film de Patricia Rozema tiré de l'oeuvre de Jane Austen.
C'est en entendant Claude Poirier "s'essprimer" que j'ai soudainement eu envie d'un peu de raffinement. J'ai eu cette drôle d'envie de me taper un festival Jane Austen. Comme je lis déjà trois livres en même temps, je me suis donc rabbatu sur trois adaptations cinématographiques des oeuvres de l'auteur du 19ème siècle.
Je visais:
Sense & Sensibility (1995)de Ang Lee avec Kate Winslet, Emma Thompson, Alan Rickman, Hugh Grant, Gemma Jones & Hugh Laurie
Emma de Douglas McGrath (1996) avec Gwyneth Paltrow, Greta Scacchi, Ewan MacGregor et Alan Cumming
Pride & Prejudice (2005) de Joe Wright avec Keira Knightley, Brenda Blethyn, Donald Sutherland, Jena Malone, Judi Dench, Rosamund Pike et Carey Mulligan.
J'ai trouvé le premier à la bibli Bourricot, le troisième à la bibli de la Chauve Madame mais Emma c'est aussi rare qu'un politicien honnête. Pas à aucune des bibli de mon territoire, pas aux deux clubs vidéos de mon quartiers, pas cool.
J'ai donc jeté mon dévolu sur Mansfield Park (toujours issu des livres de Jane Austen et avec Harold Pinter!) afin de compléter la trilogie.
Un festival dans mon chez moi c'est une trilogie.
Festival Godard? Masculin/Féminin-Deux Trois Choses Que Je Sais d'Elle-La Chinoise
Festival Rolling Stones? Exile on Main Street-Goats Head Soup-It's Only Rock'n Roll
Festival Auster? City of Glass-Ghosts-The Locked Room
Festival Bunuel? La Voie Lactée-Belle de Jour-Le Charme Discret de la Bourgeoisie
Cette fois je faisais toutefois une entorse à la règle habituelle, c'était pas la réalisateur le fil conducteur mais l'auteure originale duquel les films ont été inspirés. Une charmante auteure d'une rare intelligence.
Fine, vive et allumée, nettement en avance sur son temps, Austen nous plonge dans un monde où les rapports sociaux sont tout en sous-entendus. Tout en regards, en impression et en demi genoux-flexions.
Les aspirations féminines, dans ses oeuvres, ne sont bien souvent que des ambitions amoureuses ayant pour visée de trouver le bon prince à la famille fortunée et à la situation enviable. Les agiles manoeuvres afin que les liens amoureux se tissent entre partis plus ou moins destinés à l'autre sont souvent traité avec humour et avec une lucidité sans âge. Le besoin de paraître distingué prime sur la profondeur réèlles de certains personnages. Mais Austen nous place toujours sous la lunette de celle qui observe d'une certaine distanceen ne négligeant jamais de succulents personnages secondaires.
Gemma Jones dans Sense & Sensiblity: exceptionnelle.
Jonny Lee Miller dans Mansfield Park: parfait.
Casey Mulligan, Jena Malone, Sutherland, Pike et Brenda Blythen dans Pride & Prejudice.
J'ai aimé Sense & Sensibility, sans plus.
Trouvé un peu fade. Mais toutefois agréable. Tel un baisemain de l'amant incertain pour madame.
J'ai beaucoup beaucoup aimé Pride & Prejudice.
Joe Wright est un réalisateur sous-évalué qui tourne tout à fait admirablement. Keira Knightley n'est jamais meilleure que sous sa direction. Judi Dench est toujours impeccable. Tel une tenue de soirée au bal.
Mais mon véritable coup de coeur est allé à Mansfield Park. Tourné par la toute canadienne Patrica Rozema avec un casting impeccable et avec une finesse toute Jane Austen.
"Is love a fancy or a feeling?" dit une soeur Dashwood (Kate Winslet) à une autre (Emma Thompson) dans Sense & Sensibility.
À la lumière de l'univers de Jane Austen et des années qui ont suivies ses écrits jusqu'aux nôtres, je dirais les deux.
Je suis snob de par ma mère et tout à fait roturier de par mon père. Indian noble d'un bord, irish punk de l'autre. Même si mon père était issu de la famille plus fortunée et ma mère issue de la famille plus humble. Cette incursion chez Jane Austen dans ce monde dans lequel vous n'êtes bien souvent jugé qu'au niveau de vos fréquentations c'était Facebook avant l'heure.
On s'écrivait tout le temps et on ne se comprenait jamais.
Entre trois passages dans des arénas très très 2011, ou le niveau d'intelligence générale frise le débile léger, il faisait du bien de ponctuellement séjourner au début du 19ème siècle.
Cet univers, où on fait la lecture à voix haute dans les salons en soirée à ses invités si on est un mister, où on s'éxécute au chant et au piano si on est une lady, est d'une douce saveur.
Ces gens tout en réputations, en spéculations amoureuses ou autres, en fraude morale, en trahisons, en fausses communications, en exposition, en superficialité et en faux-semblants.
Tellement plus de de notre époque...