Ron Paul s’exprime devant le congrès des États-Unis d’Amérique en tant que représentant du 14e district du Texas.
Traduction par Sébastien Maurice
Mr le Président,
J’apprécie d’avoir l’occasion d’expliquer pourquoi je m’oppose à la loi H.R 3846 visant à augmenter le salaire minimum fédéral. Accroitre le niveau de vie de tous les Américains est un objectif louable, cependant, croire que le Congrès peut élever le niveau de vie des travailleurs américains simplement en forçant les employeurs à verser à leurs salariés un salaire plus élevé équivaut à prétendre que le Congrès peut vaincre la gravité en adoptant une loi affirmant que l’homme a la capacité de voler.
Les principes économiques dictent que lorsque le gouvernement impose un salaire minimum supérieur au taux de salaire minimum du marché, il creuse un écart entre l’offre et la demande de travail, conduisant à une augmentation du chômage.
Les employeurs ne peuvent pas simplement payer plus pour un employé dont la productivité marginale n’égale ou n’excèdent pas la rémunération imposée par la loi. La seule possibilité pour l’employeur est alors de recourir à la mécanisation ou d’employer un travailleur plus qualifié dont la productivité excède la rémunération minimum. Ceci, bien sur, a l’avantage de donner au travailleur qualifié un avantage additionnel sur le travailleur non qualifié. Par exemple, là où jadis un employeur avait la possibilité d’embaucher trois travailleurs non qualifiés à $5 par heure ou un travailleur qualifié à $16 l’heure, un salaire minimum de $6 laisse subitement à l’employeur pour seul choix d’embaucher le travailleur qualifié à un cout supplémentaire de $1 de l’heure.
Je voudrais demander à mes collègues, si le salaire minimum est la solution pour apporter la prospérité, pourquoi s’arrêter à $6,65, pourquoi pas $50, $75, ou $100 par heure ?
Ceux qui sont privés de possibilités d’emploi à cause du salaire minimum sont souvent des jeunes en bas de l’échelle qui cherchent un premier emploi.
Leur incapacité à trouver un premier travail va limiter leurs perspectives d’emploi pour les années à venir. Ainsi, l’augmentation du salaire minimum réduit en réalité l’emploi et le niveau de vie des personnes que les partisans du salaire minimum prétendent vouloir aider par l’intervention du gouvernement dans l’économie !
Par ailleurs, interférer dans les transactions volontaires entre employeurs et employés au nom d’une amélioration de la situation des bas salaires viole le droit d’association des citoyens et la liberté de passer contrat, cela revient à dire aux citoyens « vous êtes incapables de prendre des décisions par vous-même sur le marché de l’emploi ».
Monsieur le Président, je ne veux pas que mon opposition à ce projet de loi soit interprété comme un soutien au statut quo. Bien au contraire, le Congrès devrait adopter ambitieux programme de réductions d’impôt et de réforme réglementaire visant à lever les obstacles à la création d’emplois mis en place par le gouvernement […]
Parce que l’un des facteurs les plus importants afin d’obtenir un bon emploi est une bonne éducation, le Congrès devrait également renforcer le système éducatif en redonnant le contrôle de l’éducation au peuple américain. Un bon début serait de voter le Family Education Freedom Act (H.R. 935), qui fournit aux parents un crédit d’impôt pour les dépenses d’éducation de chacun de leurs enfants à hauteur de $3.000. J’ai aussi présenté le Education Improvement Tax Cut (H.R. 936), qui prévoit un crédit d’impôt pouvant aller jusqu’à $3.000 pour les dons à des bourses d’études privées ou de contributions en espèces ou en nature aux écoles publiques.
Je suis également coparrain du Make College Affordable Act (H.R. 2750), rendant déductibles d’impôt les frais de scolarité des collèges pour les Américains de la classe moyenne et de la classe ouvrière, ainsi que plusieurs textes de loi augmentant les déductions et crédits d’impôt sur les comptes d’épargne études pour l’enseignement supérieur. De plus, je suis coparrain de plusieurs textes de loi, tels que HR 1824 et HR 838, afin de fournir des crédits d’impôts aux employeurs qui offrent une formation à leurs employés […]
Si le 20e siècle nous a enseigné quelque chose, c’est que toute tentative de centralisation et de planification de l’économie, en particulier dans une économie aussi vaste et diversifiée que celle de l’Amérique, est vouée à l’échec.
En conclusion, je voudrais rappeler à mes collègues que s’ils peuvent se donner bonne conscience en votant une augmentation du salaire minimum fédéral, les conséquences réelles de ce projet de loi se feront sentir par ceux qui peuvent le moins se permettre d’être privés de leur travail. Par conséquent, plutôt que de prétendre que le Congrès aurait le pouvoir de vaincre les principes économiques, j’invite mes collègues à rejeter ce projet de loi et d’opter plutôt un programme de réductions d’impôt et de réforme réglementaire visant à renforcer le plus grand producteur d’emplois et de richesse dans l’histoire humaine : le libre marché.
Note du traducteur :
Après s’être emparé fin 2006 de la majorité au congrès, les Démocrates ont finalement réussi à faire voter début 2007 une augmentation importante et brutale du salaire minimum, le portant de $5,15 de l’heure (niveau auquel il était bloqué depuis presque 10 ans) à $7,25, soit plus de 40% d’augmentation, étalé sur 3 années (la première augmentation entre en application le 24 juillet 2007 et ainsi de suite pour les deux années suivante).
Ceci coïncide parfaitement avec la courbe du chômage aux États-Unis, en particulier sur les catégories les moins qualifiées, et les difficultés croissantes des ménages les plus faibles à se maintenir en emploi pour payer leurs hypothèques.