Bon, déjà, je suis amoureuse de la pochette : Je ne sais pas si ça se voit sur ma photo mais sur la version de promo il y a une fenêtre ménagée qui ouvre vraiment sur le paysage urbain en arrière-plan. Au pire ça se voit bien sur la photo de fin de billet.
Photo : Antoine Legrand. ArtWork : André Palais
Ce lundi 7 mars sort le second album d'Alister "Double détente" (Barclay). Annoncé par un single entêtant il y a quelques semaines déjà ("La Femme Parfaite", j'en parlais déjà ici souviens-toi), l'album arrive enfin et confirme le talent pour la chanson élégante de celui que le petit monde de la musique s'accorde à qualifier de dandy de la nouvelle scène française.
Si la base des mélodies qui habillent les morceaux de l'album sonne souvent très 70's-80's (l'évocation de "Qui est in, qui est out" de Gainsbourg m'a semblée récurrente), celles-ci sont modernisées par des arrangements sophistiqués, parfaitement ciselés, à tel point que lorsque les violons s'en mêlent, pour ma part, je ne réponds plus de rien ("tu peux dormir ici", "je vous promets"). Derrière cette production il y a Angy Laperdrix, du groupe électro Chateau Marmont avec qui Alister a travaillé de longs mois en studio pour concocter ces ambiances soignées où rien n'ai laissé au hasard.
Donnant parfois l'impression de parler plutôt que de chanter vraiment, Alister déroule ses jeux de mots d'une grande finesse avec un phrasé raffiné, jamais guindé, et dévoile ses préoccupations de trentenaire un peu paumé, dévoré par le doute voire franchement torturé (Supermarché: "Je ne sais pas négocier, je ne sais pas qui aimer, c'est le prix à payer", Docteur : "Ca va mieux que demain, ça va mal, je vais bien").
Ailleurs ses scansions obsédantes à effet cinématographique surprennent par leur efficacité (Room service, Supermarché) et sa quête de l'âme soeur (Drame chez les riches, La femme parfaite), plus complexe que chez n'importe lequel de ses contemporains semble t'il, amuse et émeut.
Parce qu'ils ne sont pas si nombreux les auteurs français qui livrent des albums dont les textes sont à ce point travaillés, le second album d'Alister mérite d'être remarqué. Aux côtés de Gainsbourg et Dutronc, deux poids lourds de l'interprétation élégante et racée, Alister fait doucement sa place, proposant une alternative à la plupart des productions actuelles de chanson française portées par des artistes de sa tranche d'âge, loin de tous les stéréotypes du genre.
Je termine sur un florilège de quelques uns des passages qui ont attiré mon attention. A savourer sans modération.
Docteur : "Docteur je saurai être patient"
Tu peux dormir ici : "Je te promets le meilleur sauf pour la fin, je te promets n'importe quoi demain je serai loin"
Je suis loin : "L'argent que je vous devais, vous pouvez le garder" (...) "Je suis parti sans me retourner, de la vie dans mes mains, le soleil à mes pieds"
Drame chez les riches : "Je ne fais rien mais je le fais bien, j'ne sers à rien, tu me serrais mieux"(...) "j'me renfloue comme je peux y'a tant de cons à soustraire"....
Alister sera le 22 mars à la défense dans le cadre du Festival Chorus (j'y reviens en détail très bientôt) et au café de la danse le 29 mars...