Rencontre avec Bernard de la Villardière

Bernard de la Villardière, journaliste reporter, homme d’action sur le terrain et engagé, nous apporte sa vision sur la mixité et plus particulièrement sur la femme.

- Citations :
« Vivre c’est recevoir, célébrer, transmettre » Emmanuel Lévinas
« Un homme qui a perdu son idéal est plus dangereux qui celui qui n’en a jamais eu » adaptée de Frédéric Nietzcshe.

et pour sourire, la phrase du jour  : « Un homme doit sa réussite à sa première femme et doit sa deuxième femme à sa réussite »

Univers des médias
- Président de « Ligne de Front », société de production
- Présentateur et rédacteur en chef de l’émission « Enquête exclusive »

- Médias numériques : Lesinfos.com
- Président du Press Club de France

- Administrateur du Centre de Formation des Journalistes, de la Fondation Culturespaces et de Re-sources ( Think Tank créé par Véolia sur les politiques de l’eau )

Engagement humanitaire
- Président de l’ONG d’aide humanitaire d’urgence « Solidarités », de 2000 à 2003,
- Administrateur d’ACF de 2005 à 2007.

Vous vous êtes très tôt orienté vers le journalisme. Pourquoi ce choix ?

Ma vocation de journaliste vient du désir de parcourir le monde et par l’information de rapprocher les hommes. J’ai la conviction qu’il faut montrer  le monde tel qu’il est, l’expliquer, donner le sentiment que nous partageons le même destin, que nous sommes tous égaux devant les interrogations de la vie et devant la souffrance. J’aime cette définition donner par Albert Londres du métier de journaliste : « porter la plume dans la plaie« .

J’ai la chance aujourd’hui à plus de 50 ans de réaliser mes rêves : Je suis en reportage environ 115 jours par an, dont 80 jours à l’étranger….je traverse différents pays, Etats-Unis, Canada, Mexique…Argentine et Colombie, mes favoris avec l’Afghanistan, seul pays où les hommes sont plus beaux que les femmes…

L-Management est un blog pour promouvoir la mixité professionnelle. Que pensez-vous de la mixité ?

La mixité, cela évoque pour moi la diversité et la différence des sexes, fondement de notre société. C’est ce qui guide l’organisation sociale et produit du sens. L’apprentissage de la différence homme-femme est un des premiers apprentissages chez l’enfant. Vouloir gommer cette différence essentielle par une idéologie de l’égalité absolue est contradictoire avec le slogan à la mode qui célèbre « le culte de la différence » !

A mon avis, promouvoir l’égalité des sexes, ce n’est pas demander aux femmes de devenir des hommes ou vice-versa. Je ne suis pas pour l’égalité des sexes mais pour la liberté de chacun et le respect mutuel.
Je  suis mal à l’aise avec l’image du « métro-sexuel » véhiculé parfois par le milieu de la mode et notamment lors des défilés. Il ne faut pas essayer d’effacer les différences hommes-femmes, mais plutôt de les affirmer. J’aime les femmes qui assument leur féminité !

Etes-vous féministe ?

Oui ! Très féministe !
La femme a remporté de grandes victoires a siècle dernier comme le droit de vote ou la loi sur l’avortement. Mais il reste tant de combats à mener contre le machisme, la violence conjugale, les agressions sexuelles ( plus de 40 000 viols par an en France ! ), l’inégalité devant l’emploi et la promotion sociale.

Si vous deviez réaliser une émission sur les femmes…. quelle thématique envisageriez-vous ?

Je ferai une émission qui s’appellerait « combat de femmes » ! dans mes reportages je suis toujours impressionné par leur courage, leur capacité d’engagement, leur résistance à a souffrance et cette faculté à dépasser le statut de victimes pour entrer en résistance.

L’homme s’attache davantage au  pouvoir et à ses attributs. Les femmes ne placent pas leur orgueil au même niveau. C’est pour cela que professionnellement, je m’entoure volontiers de femmes ! Les femmes sont plus désintéressées et  capables de sacrifices à court termes pour un objectif plus lointain et plus noble. Notre société oscille d’ailleurs entre ses deux valeurs : celle du culte du moi, du triomphe de l’individu et celles plus féminines – à mon sens – du sens du collectif et du dévouement pour les autres.

Pour la construction d’une personne, il me semble que l’image de la mère et la relation que l’on entretient avec elle est très importante. Il est plus difficile pour un enfant de se remettre de l’absence d’une mère, de son manque d’amour que de celle d’un père. Les mères jouent un rôle cruciale. La paix ne peut pas se construire sans elles. Je regrette que dans certaines régions du monde, elles puissent élever leurs enfants dans la haine de l’autre.  J’ai été très frappé par un livre de Patrick Meney sur la guerre du Liban. Son titre : « Même les tueurs ont une mère ».

Si vous étiez une femme : quelle femme seriez-vous ?

Mon idéal féminin était Romy Schneider. Si j’étais une femme, je jouerais certainement de mon pouvoir de séduction ! J’assumerais pleinement ma féminité !
Je regrette que les femmes qui acquièrent des responsabilités – notamment en politique – finissent par gommer féminité. Elles ont tendance à devenir sèches, à oublier leurs qualités féminines. Mais c’est sans doute à cause des hommes,  encore trop nombreux dans les allées du pouvoir !

Vous êtes engagés dans de nombreuses associations humanitaires. Qu’est-ce que cela vous apporte ?

C’est une manière de vivre autrement mon engagement, mon idéal de « fraternité humaine » au sens où Saint-Exupéry l’entendait. La vie donne des droits mais elle comporte aussi des devoirs. Je crois à cette mystique de l’universalité de la condition humaine et à ses solidarités plus ou moins visibles qui feront un jour, de chacun d’entre nous, des citoyens du monde.