Sons of Anarchy: Saison 2

Publié le 07 mars 2011 par Shoone

Sons of Anarchy: Saison 2



Les Sons of Anarchy récidivent et reviennent sur le blog pour une deuxième saison où violence, famille et rivalités sont définitivement les mots d'ordre. Comblé par les débuts de la série, je n'ai pas pu résister bien longtemps à la tentation de rapidement enchainer avec la suite. Grand bien m'en a pris,  encore plus chargée en bagarres de rue, fusillades, rebondissements chocs et sombres drames familiaux, cette saison 2 s'avère encore plus maitrisée, épique et captivante et que la première. Et voilà pourquoi en 10 points spécifiques:

1. Le conflit Jax/Clay. Déjà amorcé en fin de première saison avec le drame de Donna,  il est au cœur de cette deuxième saison. Les relations entre beau-père et beau-fils se dégradent ainsi peu à peu au fil des épisodes, contribuant à créer un véritable climat tendu qui va alors caractériser toute la saison. Les tensions sont d'abord contenues puis au fil des événements marquant la saison (les représailles contre les mayans, l'explosion du garage par les skinheads, les difficultés financières du club) vont inévitablement se manifester, notamment lors de l'épisode Gilead ou les sons sont pièges par Zobelle et envoyés en prison. Une véritable rupture parfaitement mise en scène s'opère alors entre les deux hommes, poussant même Jax à quitter le club. Le conflit est néanmoins résolu en fin de saison, avec brio, lorsque la série a la brillante idée de mêler l'intrigue à celle de Gemma en faisant celle-ci enfin révéler son viol par les hommes de Zobelle. Jax et Clay sont ainsi contraints de dépasser leur divergence et d'à nouveau travailler ensemble pour pouvoir exécuter de vraies représailles contre Zobelle, à la mesure de son offense.

2. Le viol de Gemma. Un drame particulièrement poignant traité sur l'ensemble de la saison. Le viol lui-même, par les skinheads du vicieux Zobelle, a lieu dès le season premiere. Il nous prend par surprise dans les dernières minutes de l'épisode, donnant le vrai coup d'envoi de la saison. Les épisodes suivants s'attardent alors avec beaucoup de soin, de réalisme et d'émotion sur la réaction de Gemma à cette agression, ses répercussions sur son entourage, la façon de vivre au quotidien avec ce traumatisme. Ce qui est d'autant plus intéressant puisque Gemma Teller est une femme supposée forte et endurcie, qu'on a du mal à imaginer dans une position de faiblesse. Et pourtant, c'est ce qui va arriver. Aussi solide que soit son mental, Gemma finit inévitablement par se retrouver dans une réelle détresse psychologique, sobrement mise en scène. Malgré tout, elle va s'entêter à tout faire pour que ce qui lui est arrivé ne soit pas découvert par SAMCRO. D'abord pour une raison purement stratégique, soit de ruiner le plan de Zobelle qui était d'atteindre le club en s'en prenant à Gemma. Mais également pour une question de fierté tout simplement. Elle fait donc tout pour que cela ne se sache pas, parce qu'elle elle tient à conserver son statut d'éminente et respectée femme de biker. Ce sont ces deux aspects là de l'intrigue qui vont faire toute son originilatié, toute sa force. Et bien sûr, l'épatante interprétation de Katey Sagal, parfaite d'intensité, d'émotion et de sincérité, aussi. Mais ça, cela va de soi.

3. Le rapprochement Gemma/Tara. Qui aurait cru que ces 2 fortes têtes, qui encore en saison 1 se vouaient une haine cordiale, puissent finir par fraterniser l'une avec l'autre? C'est pourtant contre toute attente ce qui se produit. Cependant, le changement de rapports entre les personnages se fait tout naturellement et avec beaucoup de simplicité. Et c'est là tout le génie de la série. Elle profite de l'affaire du viol de Gemma pour faire de son rapprochement avec Tara une conséquence logique de sa mise dans la confidence pour des questions médicales. Le tout bien évidemment aidé par les jeux tout en finesse de Maggie Siff et Katey Sagal, qui partagent encore plus d'alchimie qu'en saison 1.

4. Tig, esprit meurtri. Tig est un son, mais pas n’importe lequel : c’est le bras droit de Clay. C’est aussi, après réflexion, le personnage secondaire le plus fascinant à mes yeux. Amateur de débauche, un peu perturbé sur les bords, c’est lui que Clay utilise pour se salir les mains à sa place. Paradoxalement, c'est lui qui sort le plus traumatisé du drame de Donna, devant vivre avec le regret constant d’avoir appuyé sur la gâchette. Un fardeau qui se fait de plus en plus pesant au fil des épisodes, le poussant peu à peu à tout révéler. Tig apparaît alors tiraillé entre son remord et sa loyauté envers Clay, et c’est aussi là que le personnage est intéressant. Son développement s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans un des thèmes principaux de la série qui est celui du scrupule chez les criminels. A-t-on totalement perdu son âme une fois que l’on a sombré dans la criminalité?  C’est au final la question qui est subtilement posée de manière sous-jacente avec Tig.

5. La plus grande implication de Hale et Unser. Les deux flics étaient assez en retrait et n'ont pas toujours eu de réelle utilité en saison 1, il faut l'avouer. Cette fois, on est heureux de constater que la série a su habilement les intégrer davantage au récit. Hale est ainsi temporairement fait partenaire de Jax, dans sa vendetta contre Clay, l'aidant régulièrement à doubler ce dernier. Unser quant à lui hérite d'un rôle encore plus privilégié qui est celui de confident de Gemma. Etant celui qui la retrouve après son viol, à l'instar de Tara, il se rapproche considérablement de la femme de fer, au point qu'une belle relation de père et fille spirituels se tissent entre eux.

6. Le retour de Stahl. Elle s'était illustrée en saison 1 par ses magistraux coups de putes, c'est toujours aussi impitoyable qu'elle revient pour mener la vie dure aux sons mais aussi et surtout, à leurs amis irlandais. Son retour est aussi l'occasion d'une très attendue confrontation très intense avec Opie qui se remet doucement de son traumatisme dû au drame de fin de saison 1 qui avait par la même occasion profondément bouleversé la série et auquel les agissements de Stahl avaient directement contribué. L'ironie, c'est qu'en fin de cette deuxième saison, les magouilles de Stahl vont une fois de plus, involontairement cette fois, influer sur les affaires des sons avant d'à nouveau chambouler l'équilibre de la série et de la relancer dans le season finale. Le personnage, aussi pervers et savoureusement détestable soit-il, s'avère ainsi un élément des plus bénéfiques à SOA lui permettant de se maintenir en mouvement, se renouveler, se réinventer. Pas besoin d'évoquer sinon la prestation d'Ally Walker, vous en savez déjà tout le bien que j'en pense.

7. Le deuil d'Opie. Peut-être l’intrigue la moins réussie dans cette excellente deuxième saison. Son traitement reste assez sommaire en fait, passant même au second voire troisième plan pendant un moment. Le seul développement original qui en découle en première partie de saison, c’est l’apparition d’une rivalité avec Jax et un rapprochement avec Clay, alors que le contraire était attendu. Cela vient d’ailleurs renforcer la tension entre les deux leaders du club. Le drame Donna revient cependant sur le tapis en fin de saison, lorsque sous le poids du remord Tig finit par avouer le fin mot de l’histoire à Opie. Le timing est parfait et rend les derniers épisodes encore plus riches en évènements. On regrettera néanmoins au final le pardon qu’il accorde un peu trop facilement.

8. L'investissement dans le porno. Une idée fun, propice à de nombreuses scènes cocasses et osées qui apportent un brin de légèreté à la saison déjà très chargée en drames. C'est aussi l'occasion de découvrir un peu mieux Luane, la patronne du studio porno et meilleure amie de Gemma, qu'on avait seulement entr'aperçu en 1ère saison. L'intrigue finit néanmoins par rejoindre la tendance dramatique du reste de la saison en trouvant une issue inattendue, particulièrement tragique, venant participer à l'impression de spirale infernale de laquelle sont prisonniers les sons dans Potlatch.

9. La guerre contre Zobelle. Campé avec une insolente classe par Adam Arkin, Zobelle est l'antagoniste principal de la saison, un politicien véreux dépourvu de morale. Son but: obtenir le contrôle de Charming. Mais pour ce faire, il doit venir à bout des sons. Pour y parvenir, il est prêt à tout, n'ayant aucune once d'intègrité. Ce qui donne lieu a une guerre enragée entre SAMCRO et ses sbires, d'autant plus éprouvante que tous les coups sont permis. Principe parfaitement appliqué par Zobelle qui n'hésite donc pas à commanditer un viol, faire sa propre fille se salir les mains, répandre de la drogue à travers la ville, pactiser avec des gangs mexicains, renier ses propres sbires...Ajoutez à cela l'ambiance pas vraiment au beau fixe chez SAMCRO dont il va bien tirer profit et vous obtenez un sacré bordel d'autant plus jouissif. Il faut cependant noter que Zobelle n'apparaît pas comme un arc-villain cliché, brutal et hystérique. Et c'est ce qui fait la force et l'intérêt du personnage. Il est d'autant plus dangereux qu'il semble intègre, sociable et ne manque pas de réflexion, ce qui fait au final de lui un adversaire parfaitement à la taille des sons.

10. Les affaires irlandaises. Si dès la fin de première saison, la série nous avait introduit le partenariat SAMCRO/IRA, ce n'était pas sans raison. Les rapports entre les bikes et l'organisation révolutionnaire irlandaise, représentée avec classe par Titus Welliver, s’inscrivent cette fois totalement dans la trame de cette saison. En effet, dans la guerre qui oppose les sons à Zobelle, une des manœuvres de ce dernier consiste à mettre l’IRA dans sa poche. L’intérêt de la combine pour le récit ? Encore plus insister sur l’idée d’isolement des sons qui se retrouvent véritablement seuls contre tous… non seulement leurs ennemis d’antan, l’ATF et les Mayans, mais aussi leurs supposés alliés qui les trahissent. Par ailleurs, l’intervention des irlandais cette saison permet aussi d’en apprendre un peu plus sur les liens entre SAMCRO et l’IRA, et notamment sur le personnage de Chibs, d'origine irlandaise. Enfin, elle est l’occasion d’offrir à la série d’intéressantes perspectives pour la nouvelle saison en se mêlant astucieusement aux arcs de Gemma et Stahl lors d’un dramatique quiproquo finement mené dans l’éblouissant season finale, Na Triobloidi.


En conclusion, Sons of Anarchy signe une saison 2 d’une maîtrise époustouflante. Chaque intrigue, aussi insignifiante puisse-t-elle être, y a son intérêt, finissant tôt ou tard par rejoindre la grande histoire. Histoire à la fois d'une finesse et d'une violence folle. Une ambivalence qui fait toute la richesse de la série. Les magnifiques et intenses interprétations sans fausses notes du casting lui apportent également énormément. Sans oublier l'atmosphère de cambrousse et l'ambiance de groupe, toujours des plus authentiques. Il n'en est ainsi que plus difficile de ne pas se sentir investi dans les drames des Teller, les difficultés de SAMCRO, la lutte contre Zobelle. Et c'est alors à un récit particulièrement dense, éprouvant et bluffant qu'on assiste.