Les trotteurs, que les Canadiens appellent joliment « marchettes à roulettes », sont ces systèmes qui permettent aux enfants de déambuler avant de savoir marcher et, accessoirement, de foncer contre les murs et de se jeter du haut des escaliers.
Dans certains pays, les parents raffolent des trotteurs. Au début des années 2000, 3 millions d’unités étaient vendus chaque année aux Etats Unis. En Grande Bretagne, des études estiment que 50% des enfants les utilisent. En France, il n’y a pas de véritables statistiques fiables concernant leur usage.
Toutefois nous pouvons voir que les premières utilisations des trotteurs se font généralement vers les huit mois de l’enfant et que plusieurs motivations sont à l’origine de leur utilisation.
La première motivation des mères qui achètent ou empruntent un trotteur est la liberté que cela procure à l’enfant (72 %). Le trotteur est également un moyen d’amuser l’enfant (56 %), de l’occuper (41 %) ; les mères apprécient par ailleurs son côté « pratique » (31 %). 16 % d’entre elles jugent le trotteur sécurisant et 35 % pensent qu’il facilite l’apprentissage de la marche.
Une étude française, hospitalière, portant sur 100 cas de traumatismes crâniens survenus chez des enfants de moins de deux ans hospitalisés dans un service de pédiatrie générale entre 1997 et 1999 retrouve une implication du trotteur exclusivement chez les enfants de moins de un an. Dans cette tranche d’âge, 40,9 % des accidents étaient liés au trotteur. Dans 92% des cas il s’agissait d’une chute dans les escaliers.
Cela fait donc un certain temps que le trotteur est critiqué dans de nombreux pays et certains à l’image du Canada ont décidé d’en interdire la vente et l’usage.
Le Canada était aussi un des précurseurs dans l‘interdiction du Bisphenol A.
L’Association européenne pour la sécurité des enfants et l’Anec, porte-parole des consommateurs européens en matière de normalisation, ont récemment publié une déclaration commune demandant à l’Union européenne d’interdire la commercialisation des trotteurs pour bébé en Europe.
Ce document met en avant les risques de blessures graves causées par l’utilisation de ce type de matériel (voir plus haut).
Aux Etats-Unis les trotteurs seraient également responsables de 4.000 à 5.000 accidents chaque année. À l’échelle européenne, les données montrent que 90% des blessures associées aux trotteurs se situent à la tête et 5% causent des brûlures, le trotteur permettant à l’enfant d’atteindre des objets dangereux auparavant hors de sa portée (bouilloires, portes de four…).
Par ailleurs, les auteurs précisent qu’un bébé dans un trotteur peut atteindre une vitesse de plus de 3 km/h et considèrent que ce matériel de puériculture est inutile et ne constitue pas une aide à la marche.
En attendant la décision de l’Union Européenne, les auteurs proposent aux parents utilisant un trotteur d’installer des barrières de sécurité pour prévenir les chutes dans les escaliers et d’en interdire l’accès aux endroits dangereux comme la cuisine. Ils demandent aux autorités de mettre en place des campagnes de sensibilisation et de s’assurer que les trotteurs disponibles sur le marché européen sont conformes aux normes en vigueur (EN 1273 – août 2005).
Affaire à suivre