A l'heure où Gäetan Roussel vient de triompher aux dernières Victoires de la musique (pas celles de papa, les autres :), j'ai soudain eu envie de vous parler aujourd'hui des Violent Femmes et de leur formidable premier album. Les plus avertis sauront pourquoi j'ai eu cette association d'idées. Tout simplement parce que Gordon Gano, le chanteur du trio de Milwaukee n'est autre que le producteur du célèbrissime premier disque de Louise Attaque. Oui, ce disque qui a marqué au fer rouge toute une génération d'adolescents qui se cherchaient alors, à l'instar de Noir Désir, des correspondants français de leurs idoles anglo-saxonnes. Bon, il faut bien avouer que tout cela n'a pas forcément très bien vieilli. Mais ce premier Violent Femmes, si. Tout d'abord, il y a cette pochette mythique, une petite fille endimanchée, mais les pieds nus, curieuse, qui regarde par la porte-fenêtre de ce qui semble être une vieille bicoque perdue au fin fond d'un état qu'on imagine du sud des Etats-Unis. Et puis, à cette image, il y a ce son à nul autre pareil, cette façon élégante et distinguée de jouer un folk de cul-terreux, bien souvent le pied au plancher.
Cette musique est débarrassée de tout ornement superflu, elle est sèche, musclée, racée, vigoureuse, à même l'os. Tel un lévrier, elle est capable de véritables sprints ('"Blister In The Sun", "Kiss Off") mais aussi de ralentir sensiblement la cadence ("Please Do Not Go"). Près de trente ans après, elle reste toujours unique. Même si on devine l'inspiration : les Feelies ou Television. Même si ce disque en influencera plus d'un, en tête desquels Frank Black, évidemment, pour le côté western façon "Horde Sauvage". Les Violent Femmes n'ont jamais réédité par la suite, un tel exploit, montrant par là que rien n'égale la spontanéité, la rage que l'on met généralement dans un premier jet. Car c'est toute une vie passée qui brûle déjà au-dedans.
"Blister In The Sun" en live :
Clip de "Gone Daddy Gone" :